Bilan de l'épidémie entre 2019 et 2020

A Mayotte, la dengue ne sévit (presque) plus

  • Publié le 16 décembre 2020 à 02:58
  • Actualisé le 16 décembre 2020 à 07:05

Depuis mars 2019, 4.491 cas de dengue ont été confirmés biologiquement dont 4.305 en 2020. Depuis la mi-juin la circulation virale est extrêmement faible sur l'île aux parfums avec moins de trois cas détectés par mois. Les cas apparaissent de manière irrégulière et aucune recrudescence des cas confirmés n'est observée. La circulation virale est plus faible que celle observée en 2019 à la même période. La persistance d'une circulation virale à bas bruit rend possible une recrudescence épidémique pendant la saison des pluies (photo d'illustration rb / www.ipreunion.com)

A Mayotte, la circulation de la dengue a débuté en 2019 et s’est intensifiée à partir du début de l’année 2020 pour atteindre un pic épidémique entre le 17 février et le 15 mars 2020. Elle a ensuite progressivement baissé pour atteindre une phase inter-épidémique en juin. Depuis la mi-juin, le nombre de contamination est extrêmement faible avec moins de trois cas détectés par mois.

L’épidémie a débuté dans le nord de l’île et s’est étendue progressivement à l’ensemble du territoire. Au total, 4.491 cas ont été recensés. Sur l’année 2020, 49,0% d’entre eux ont été confirmé par PCR, 43,9% par un test rapide d’orientation diagnostique (Trod), 7,1% ont fait l’objet des deux techniques.

Au plus fort de l’épidémie, pendant plus de trois mois entre février et avril, plus de 200 tests PCR ont été réalisées chaque semaine et le taux de positivité était supérieur à 50%. Depuis le mois d’août, entre 10 et 30 tests seulement sont fait chaque semaine. Une seule souche du virus circule sur l’île, le DENV-1, mais l’importation d’autres sérotypes depuis la zone océan Indien reste un risque réel et permanent.

- Surveillance du virus –

En 2020, 1.324 consultations dans le Réseau des médecins sentinelles ont été motivées par un Syndrome Dengue Like (SDL). Cela a représenté pendant plus d’un mois 8 à 11% de l’activité totale au moment le plus fort de l’épidémie. Depuis la mi-juin les SDL représentent moins de 1% de l’activité du Réseau sentinelles.

Les SDL ont été à l’origine de 1.001 passages aux urgences du centre hospitalier de Mayotte (CHM), 88 d’entre eux ont été suivis d’une hospitalisation. Cela a représenté plus de 5% de l’activité totale de février à la mi-mai avec un pic à 13% à la mi-mars. L’activité est quasi-nulle depuis le mois de juin.

L’âge médian des personnes contaminées par le virus est de 30 ans : légèrement plus élevé chez les femmes avec une moyenne à 32 ans, il est à 29 ans pour les hommes. Près des deux tiers des cas confirmés (56,2%) étaient âgés de 15 à 44 ans et 18,6% avaient moins de 15 ans.

L’incidence cumulée est de 16,1 cas pour 1 000 habitants. Elle augmente avec l’âge et est supérieure à 30 cas pour 1000 habitants chez les 55 ans et plus. Ceci est probablement lié au fait que les patients de cette tranche d’âge sont plus sujets à la survenue de formes symptomatiques motivant le recours aux soins et le prélèvement.
- Hospitalisations et formes graves –

Depuis mai 2019, 442 (dont 408 en 2020) patients diagnostiqués dengue ont été hospitalisés dont 26 en réanimation et 73 en médecine. En 2020, 8 dengues sévères non fatales ont été répertoriées.

En 2020, 21 patients diagnostiqués dengue sont décédés au CHM ou au cours d’une prise en charge Smur. Les dossiers de 15 d’entre eux ont été étudiés par un comité d’experts : sept décès étaient liés directement à la dengue, un décès lié indirectement et sept non imputés à la dengue.

La cellule de veille de l’ARS a également répertorié dix certificats de décès à domicile portant la mention ‘dengue’, ces décès sont tous survenus après le 20 mars et il s’agissait majoritairement de sujets âgés (âge médian 74 ans). Le comité d’experts a pu étudier trois de ces dossiers, tous étaient non imputés à la dengue.

- Analyse de la situation épidémiologique –

Mayotte est maintenant en phase inter-épidémique et la circulation virale est plus faible que celle observée l’an dernier à la même période. Cette persistance d’une circulation virale à bas bruit rend possible une recrudescence épidémique pendant la saison des pluies.

Les autorités sanitaires n’ayant pas encore réussi à évaluer le nombre total de personnes ayant été exposées au virus, il n’est pas possible de connaître le niveau de protection de la population. Toutefois, avec près de 5.000 cas confirmés, le sérotype 1 (DENV-1) semble avoir circulé largement dans la population. L’immunité acquise par une partie de la population est un facteur déterminant de la dynamique de la circulation virale de DENV-1 et pourra contribuer à atténuer une éventuelle nouvelle épidémie.

www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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