
Selon les informations d'Imaz Press Réunion, le CHM de Mayotte a transféré sur La Réunion, par avion sanitaire, deux patients présumés porteurs du variant 501.V2, dit "sud-africain". Les biologistes du CHU de Bellepierre n'étant pas en mesure actuellement de différencier ce variant de la forme "ordinaire" du virus responsable de l'épidémie de Covid-19, c'est le parcours des voyageurs, depuis l'Afrique du Sud, vers Paris, puis Mayotte qui a permis d'identifier le risque, ces passagers ayant été testés avant de quitter la République d'Afrique du Sud au départ pour Paris, voire au départ de Paris vers Mayotte.
Le fait qu'ils aient pu voyager et arriver à Mayotte laisse penser que ces passagers se sont révélés positifs une fois arrivés à destination. Admis au CHU de Bellepierre, ces cas sont évidemment placés sous surveillance. L'agence régionale de santé (ARS) a adressé ce jour un rapport au préfet de La Réunion et comme l'a indiqué Réunion La 1ère, cette même ARS a "sollicité les scientifiques de l’UMR Pimit (Processus Infectieux en Milieu Insulaire Tropical) sur le site du CYROI (Cyclotron Réunion Océan)" pour qu'il procède au séquençage du génome propre au variant 501.V2. Moyennant quoi par la suite il sera possible à La Réunion de le distinguer de la souche commune du SARS-CoV-2 responsable de l'épidémie de Covid-19.
Au-delà de ces premiers cas présums du variant "sud-africain", importés et contrôlés, le risque pour La Réunion passe par la filière Afrique de l'Est-Comores-Mayotte. Car il n'y a pas de relations directes entre la RSA et La Réunion.
- Un cas "Ebola" avec décès -
En revanche les filières de migrations connues, qui aboutissent aux Comores à partir de l'Afrique de l'Est, sont autrement plus inquiétantes, car les personnes séropositives ou malades traversent des régions où l'offre de soins est chroniquement défectueuse, voire inexistante, de même que les contrôles aux frontières.
Les Comores se trouvent dans une situation sanitaire critique, en ce sens que l'épidémie y est en phase d'expansion ; Mohéli est coupée du monde, fermée, avec en date de ce jeudi 14 janvier entre 15 et 20 morts enregistrés, selon nos informations.
En conséquence Moroni a demandé de l'aide tant à l'ARS Mayotte qu'à l'OMS. Les moyens sanitaires du pays sont notoirement insuffisants pour gérer la crise, la juguler, en empêcher la propagation. On est quasiment certains à ce jour que le variant sud-africain circule aux Comores, et des prélèvement dits suspects ont été adressés tant à l'Institut Pasteur, en France qu'au Kenya, pour confirmer ou infirmer, séquençage du génome à l'appui, la circulation de cette forme mutée du SARS-CoV-2, identifiée en RSA le 18 décembre 2020, et jugée extrêmement contagieuse. Même au regard de son concurrent, le variant VOC-202012/01, dit "anglais" qui impacte aujourd'hui le Royaume-Uni.
Or si Mayotte va imposer des tests aux voyageurs en provenance des Comores, le flux clandestin des kwassa-kwassa ne sera pas interrompu du fait même de son caractère clandestin. Et si jusqu'alors, une relative tolérance régnait quant au flux affinitaire entre Mayotte et Comores, le regain de l'épidémie en Gande-Comore, Mohéli et Anjouan, couplé au risque induit par le variant "sud-africain", tend à envisager une fermeture des frontières à court terme.
Et même à très court terme puisqu'il a été identifié, selon une information d'Imaz Press Réunion, aux Comores un cas "Ebola" avec décès, ce qui fait entrer l'archipel dans une dimension où le risque épidémique est infiniment plus grave qu'avec la Covid-19. Le taux de létalité du virus Ebola est d'environ 50%, mais peut flamber jusqu'à 90% du fait de son extraordinaire vitesse de propagation.
Aux Comores il serait extrêmement difficile de lutter efficacement contre une telle épidémie qui impose des précautions anti-infectieuses extrêmement sévères. Depuis 2015, on peut néanmoins combattre efficacement le virus Ebola pour peu que l'on dispose rapidement des vaccins nécessaires. La dernière épidémie en date (août 2018 et juin 2020), dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), s'est terminée avec un bilan de 2.287 morts pour 3.470 cas identifiés. En Afrique de l'Ouest, entre 2013 et 2016, le virus avait causé plus de 11.000 décès sur environ 29.000 cas confirmés.
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