Le vol est prévu ce jeudi soir

Patients Covid évacués en Métropole : une opération qui n'est pas sans risques

  • Publié le 4 mars 2021 à 07:39
  • Actualisé le 4 mars 2021 à 10:57

C'est ce jeudi 4 mars 2021 que partent les toutes premières évacuations sanitaires de patients Covid vers la Métropole. Ce vol de plus de 11 heures effectué dans le cadre de la pandémie de coronavirus n'est évidemment pas sans risques. L'opération reste cependant nécessaire selon des professionnels de santé, dans un contexte anxiogène où le taux d'occupation des lits de réanimation est de 90% à La Réunion. (Photo rb/www.ipreunion.com)

Quatre premiers patients atteints de Covid-19 et en service de réanimation vont être évacués vers l'Hexagone ce jeudi. Une opération exceptionnelle à plus d'un titre, "sans précédent" comme l'a annoncé Martine Ladoucette en conférence de presse ce mardi. Ces évacuations s'annoncent "éprouvantes", a reconnu la directrice de l'agence régionale de santé. Il s'agit ici de patients mahorais et réunionnais.

Les détails techniques de l'opération seront dévoilés ce jeudi 4 mars au matin, quelques heures avant le vol. L'ARS, aux côtés du CHU, de l'aviation civile et du SAMU présenteront l'appareil utilisé, un Boeing 787-8 affrété par la compagnie Air Austral. Car le dispositif est conséquent : civières affutées d'appareils à oxygène, matériel médical, secouristes et personnels de santé, équipage… Le tout sous un protocole extrêmement strict.

- Un risque évident -

Si l'évacuation de patients de La Réunion vers la Métropole n'est pas une nouveauté, le faire pour des personnes atteintes de formes graves du Covid-19 est une première mondiale sur un tel trajet : plus de 11 heures d'avion, un temps auquel s'ajoute la prise en charge des patients avant et après le vol.

"C'est un transport long mais possible" indique le docteur Reuben Veerapen, vice-président du Conseil de l'Ordre des médecins de La Réunion. "L'opération est difficile et les équipements médicaux complexes. Mais dans ce cas précis, les patients sortent de réanimation, ils sont donc déjà intubés et ventilés, et donc stables sur le plan de l'oxygène, ce qui facilite la prise en charge dans l'avion."

C'est un choix risqué mais qui reste "nécessaire" selon le chirurgien : "c'était sûr que nous allions en arriver là. Nous nous demandons encore pourquoi le Mistral n'a pas été réquisitionné, afin d'alléger le système de santé local", s'interroge-t-il. A ce jour 122 lits de réanimation sont disponibles à La Réunion, après avoir fermé des blocs et déprogrammé des opérations non urgentes dans plusieurs hôpitaux et cliniques de l'île. Un maximum qui ne peut plus augmenter, a indiqué l'ARS. Ces lits sont occupés à 90% actuellement.

Pour Alicia*, référente evasan (évacuations sanitaires) dans une clinique privée, cette opération est "jouable, tout dépend de l'état du patient" : "on se doute que les patients en question ne seront pas ceux qui risquent de mourir pendant le vol, les malades les plus lourds vont rester ici".

Elle estime "qu'il faut garder en tête quoi qu'il en soit qu'une evasan n'est jamais sans risque. Mais ce type opération s'est déjà fait par le passé pour envoyer des bébés notamment, qui nécessitaient des soins lourds réalisables seulement dans l'Hexagone. Donc ces évacuations ne sont pas infaisables".

- Une opération très coûteuse -

Interrogée sur le coût d'une telle opération en conférence mardi, la directrice de l'ARS Martine Ladoucette n'a pas souhaité s'étendre sur le sujet. Elle a cependant admis que le dispositif représentait "une réalité économique à laquelle on ne peut pas échapper".

"Je ne pourrais pas estimer le coût d'une telle opération, mais c'est extrêmement cher", acquiesce pour sa part Alicia, "il faut des médecins, toute une équipe de réanimation à bord, un appareil configuré pour, du matériel conséquent…"

La compagnie aérienne Air Austral a indiqué avoir "d'ores et déjà permis le transport de l'équipe dédiée composée de 15 personnes (secouristes et personnel de santé), ainsi que 800 kg de matériel médical, arrivés sur l'île ce mercredi".

Le principe pour l'ARS reste "d'éviter ces évacuations le plus possible" a rappelé la directrice de l'agence de santé. Celles-ci pourraient être amenées à se reproduire si, bien sûr, le départ des quatre premiers patients est "probant". Quant à savoir jusqu'à quel point ces évacuations pourraient être régulières, l'ARS se base sur les consignes du ministère de la Santé, en fonction du déroulement de ce tout premier vol réalisé ce jeudi.

mm/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

*Les prénoms ont été changés

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1 Commentaires
Jeanbon
Jeanbon
3 ans

"ils sont donc déjà incubés"Transport d'zoeufs ? ("Intubés" évidemment... Nous avons corrigé, merci pour le signalement ! - WEBMASTER)