Une ligne du SMUR en danger

CHU de La Réunion : les urgences peinent à recruter

  • Publié le 6 mai 2021 à 06:24
  • Actualisé le 6 mai 2021 à 08:43

Alors que de nombreux départs de médecins urgentistes sont prévus entre le mois de mai et le mois de juillet, le CHU de La Réunion peine à trouver des remplaçants. D'après nos informations, jusqu'à 17 médecins seraient sur le départ, pour des raisons variées. Problème : les remplacements ne sont pour l'heure pas garantis, mettant au passage en péril la deuxième ligne du SMUR en raison du manque de médecins (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les bruits de couloirs s'intensifient depuis quelques semaines. Aux urgences du site nord du CHU, les départs de médecins urgentistes s'accumuleraient, sans trouver de remplacement. "Les remplacements des départs effectifs, pour motif personnel ou fin de contrat, restent difficiles compte tenu du contexte national" admet le CHU. Assurant au passage qu'aucun "départ massif" n'est prévu.

Pourtant, sur les 36 médecins engagés auprès des urgences, 17 seraient sur le départ d'après un agent hospitalier interrogé par Imaz Press. Un autre parle d'une "quinzaine". "On sait que plusieurs départs sont actés pour les deux mois à venir, ce qui engendrent désormais une réelle réflexion sur l'offre de soin que nous allons pouvoir apporter, mais surtout sur l'impact que cela va avoir sur le SMUR" s'inquiète un soignant, sous couvert d'anonymat.

Le Service mobile d'urgence et de réanimation, plus communément appelé SMUR, est actuellement composé de deux lignes véhiculées et d'un hélicoptère. Si un manque de médecin urgentiste devait advenir, c'est la fonctionnalité de la seconde ligne qui serait remise en cause. Une hypothèse pour l'heure donc, mais dont la menace reste cependant bien réelle. "On redoute particulièrement les mois de juillet et août" affirme le soignant.

Du côté du CHU, pas question de parler de fermeture. Il indique que "l'équipe médicale des urgences Nord travaille en lien avec la direction du CHU et l'ensemble des SAU (service d'accueil d'urgence ; ndlr) du territoire dans un principe de solidarité pour sécuriser le maintien de la deuxième ligne de SMUR au bénéfice de la population". "Évidemment, pour ne pas affoler la population, ils ne vont pas parler de suppression de la ligne. On utilisera plutôt les termes réadaptation ou régulation" affirme un autre agent hospitalier.

"Avoir une seule ligne de SMUR aurait des conséquences désastreuses pour la population. Imaginons que la première ligne soit déjà occupée en intervention, et qu'un autre patient ait besoin d'une intervention urgente : il faudra qu'il attende que la première soit terminée pour voir le SMUR arriver" regrette-t-il, inquiet pour l'avenir de la qualité des soins dans les mois à venir. "La charge de travail est extrêmement importante sur le site nord, les urgences n'ont pas assez de personnels de base. Avoir autant de départs d'un coup, c'est porter un réel coup à la qualité des soins sur place" ajoute-t-il.

- Problèmes administratifs -


La lenteur des recrutements s'expliquerait par des lenteurs administratives, d'après les trois soignants que nous avons interrogés. "Il y a des candidats, mais les procédures prennent tellement de temps que certains vont voir ailleurs" assure l'un d'eux. "D'autres ne sont là que pour de courtes périodes, un médecin est arrivé récemment pour un mois seulement par exemple. Le turn-over (renouvellement du personnel ; ndlr) est important, ça pose question" renchérit un autre agent hospitalier.

Ils dénoncent par ailleurs un rapport de force avec la direction, qui serait peu à l'écoute de leurs préoccupations. "On a parfois l'impression qu'ils sont uniquement dans un rapport de rentabilité, sans prendre en considération la réalité du terrain : nous sommes épuisés, ce n'est pas un travail facile et ils le compliquent toujours un peu plus" souffle l'un d'eux.

Du côté des agents techniques du SMUR, la tension monte aussi. Ils sont inquiets pour l'offre de soins à venir, bien sûr, mais aussi préoccupés par un projet de modification de la fiche de compétences des ambulanciers du SMUR. Ils pourraient être amenés à intervenir aux urgences notamment pour le brancardage des patients. Ces agents ne veulent pas de cette responsabilité, "notamment parce que contrairement nous ne sommes pas rattachés aux urgences contrairement aux infirmiers polyvalents par exemple" expliquent-ils.

Interrogé sur la question, le CHU a indiqué "ne pas pouvoir répondre". En attendant, l'hôpital recherche "en urgence" médecins urgentistes et généralistes, comme listé sur son site internet.

- Des problématiques qui s'enchaînent -


Ces tensions s'ajoutent à de nombreux problèmes auxquels le CHU fait face actuellement. Récemment, la CFDT s'est mobilisée contre la fermeture du service d'urologie, prévue pour ce mois de juin. 1.600 patients étaient pris en charge par le service. Des patients dont la CFDT redoute que le suivi médical pâtisse de cette fermeture.

Ils devraient être redirigés vers le site du CHU sud et les cliniques privées, mais d'après Jean-Marc Vélia, secrétaire de la CFDT Santé au CHU Félix Guyon, ça ne suffira pas. "Ils ne seront pas en capacité d'absorber tous les patients, on se demande donc comment certains vont continuer d'être suivis" a-t-il indiqué lors d'une mobilisation le 27 avril dernier.

Une situation qui n'a d'ailleurs pas manquée de faire réagir la classe politique, cette fermeture ayant été provoquée par des désaccords au sein des médecins du service. L'inspection générale des affaires sociales, un service rattaché au ministère de la Santé, est par ailleurs accusée d'avoir décidé de cette fermeture sans vote préalable.

Parallèlement, un débrayage d'une heure avait été organisé le même jour par les soignants de l'Etablissement français du sang (EFS), dont les locaux se trouvent dans le CHU. La branche associative à but non lucratif de la CFDT a appelé à manifester afin que le médico-social soit intégré au Ségur de la Santé, toujours en discussion au sein du gouvernement. "Nous demandons à être considéré au même titre que les autres services de santé, ce qui passe notamment par une revalorisation salariale mais aussi l'ouverture de nouveaux postes" estimait Yannick Galais, secrétaire général de la CFDT de la branche associative à but non lucratif.

Les sages-femmes se sont aussi mobilsées, ce mercredi 5 mai, mais aussi le 8 mars, et le 21 janvier. Elles demandent une revalorisation de leur travail, alors que cinq postes ouverts en renfort Covid étaient menacés de fermeture. Si le CHU a reculé face à ces suppressions, le manque de reconnaissance et des salaires trop bas sont toujours au cœur des préoccupations.

Si la situation sanitaire a porté un coup à tous les hôpitaux de France depuis un an, les problèmes semblent s'accumuler sur le site nord du CHU de La Réunion. Des problèmes qui viennent s'ajouter à une double épidémie, à laquelle les soignants sont confrontés quotidiennement.

as/www.ipreunion.com / redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
DP
DP
2 ans

C'est les conséquences de la loi ma santé 2022.aujourd'hui l'hôpital public a une gestion comptable. Il faut trouver un coupable comme pour le service des grands brûlés c'est la faute au manque de médecin. C'est plutôt le manque d'attractivité, les contrats courts, le manque d'effectifs, le rappel sur les repos ....

Ratafouak
Ratafouak
2 ans

Et le QG zazalé qui prône le faut fout dehors! bon courage

Macadam
Macadam
2 ans

Moi j'estime qu'il y a urgence de recruter des gens qui sont diplômés et titularisés enfin nos enfants du pays qui ont l'amour de leur métier.

La Révolte
La Révolte
2 ans

Et les élus ou sont-ils''''' Ils s'occupent de leurs privilèges de caste, élections, rémunérations bien grasses......ect! En complètes synergies avec la bureaucratie hospitalière et administrative de l'état français! Lamentable ce bordel (La France)!

Pouf
Pouf
2 ans

I entend pas bello sur ce sujet, elle i dort kwa