
Les entreprises pharmaceutiques Pfizer et Moderna vont augmenter le prix de leur vaccin anti-Covid livré à l'Union européenne, a déclaré lundi 2 août le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune, confirmant une information du Financial Times (article en anglais réservé aux abonnés). "Pas seulement pour l'Union européenne, pour tous les acheteurs ce sera un peu plus cher", a-t-il ajouté. Le vaccin de Pfizer-BioNTech va passer de 15,50 à 19,50 euros et celui de Moderna de 19 à 21,50 euros, a révélé dimanche le quotidien britannique, qui a consulté le contrat conclu avec l'UE.
Cette hausse du prix intervient alors que l'inquiétude sur la flambée du variant Delta monte et que des études ont prouvé que les vaccins à ARN messager de Moderna et de Pfizer-BioNTech devraient rester efficaces face à ce variant. Pour ce faire, les vaccins vont être adaptés. C'est donc un nouveau type de doses, de deuxième génération, qui est concerné par cette hausse de prix. "Les doses de vaccin que l'UE est en train de négocier, ce ne sont pas les mêmes que la première génération de vaccins. On les adapte, c'est demandé dans les contrats qui sont en cours de négociation, aux variants", a rapporté Clément Beaune, qui s'est exprimé sur RFI.
#Vaccins | " Les doses de vaccins que l’🇪🇺 est en train de négocier ne sont pas les mêmes que la 1ère génération. Les vaccins seront adaptés aux variants et produits sur le territoire 🇪🇺 " @julien_chavanne @RFI pic.twitter.com/SpeHnzCcWj
— Clement Beaune (@CBeaune) August 2, 2021
- Le gouvernement français demande "de la transparence -
Le secrétaire d'Etat français a aussi prôné la "transparence sur chacun de ces contrats", notamment via des évaluations par une "instance indépendante". "Une fois que le contrat est finalisé, il faut qu'il soit connu de tous, vérifié. Par exemple les parlementaires européens doivent pouvoir vérifier les contrats", a-t-il déclaré sur la chaîne CNews.
"Je pense que tous les contrats, ceux qui ont déjà été conclus et ceux qui arrivent, doivent être évalués par une instance indépendante" et leurs "évaluations débattues par les Parlements", a-t-il ajouté. Clément Beaune a jugé par ailleurs "non choquant" que des laboratoires fassent des bénéfices sur les vaccins contre le nouveau coronavirus.
"Qu'on rémunère l'innovation, cela ne me choque pas. Après il y a le bon niveau d'imposition", a-t-il pointé sur CNews. Le programme d'achat commun de vaccins de l'UE a fourni 330 millions de doses du vaccin BioNTech/Pfizer, 100 millions de l'AstraZeneca, 50 millions du Moderna et 20 millions du Johnson & Johnson. Fin juillet, le laboratoire Pfizer prévoyait d'écouler cette année pour 33,5 milliards de dollars (28,23 milliards d'euros) de vaccins contre le Covid-19, soit bien plus que les 26 milliards de dollars (21,91 milliards d'euros) sur lesquels le groupe tablait deux mois plus tôt. Moderna, tablait, en mai, sur des ventes annuelles de 19,5 milliards de dollars (16,43 milliards d'euros).
- Quid des pays pauvres ? -
Cette annonce intervient alors qu'une majorité des pays pauvres présentent une couverture vaccinale extrêmement faible. En juin dernier, les dirigeants des pays riches G7 se sont engagés lors de leur sommet à distribuer un milliard de doses de vaccins anti-Covid-19 aux pays pauvres afin de "mettre fin à la pandémie" en 2022. Un engagement pris alors que l’Afrique enregistre actuellement une forte hausse des cas de Covid-19 sous la pression du variant Delta. Le nombre de décès a grimpé de 43 % selon l’OMS, rapporte Ouest-France, essentiellement dans les pays du sud et de l’est du continent.
"Jusqu'à présent, le variant a été détecté dans 21 pays africains. La plupart des nouveaux décès sont enregistrés en Namibie, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Ouganda et en Zambie. Sur un continent qui doit faire face à des pénuries d'oxygène et de lits en soins intensifs, la faible couverture vaccinale fait grimper la mortalité. Aujourd’hui, seuls 8 millions d'Africains ont reçu les deux doses nécessaires à une immunité complète" d'après France 24.
En mai, les producteurs Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson & Johnson s'étaient engagés à fournir à prix coûtant ou réduit 3,5 milliards de doses aux pays les plus pauvres en 2021 et 2022, dont 1,3 milliard cette année. La hausse des prix s'appliquera-t-elle à ces pays ? Pour l'heure, aucune indication précise n'a été donnée concernant cette problématique. Du côté de la France, le président Emmanuel Macron a appelé les laboratoires pharmaceutiques à donner aux pays défavorisés 10% des doses vendues.
Les producteurs de vaccins contre le Covid-19 Pfizer/BioNTech, Moderna et Johnson & Johnson se sont engagés vendredi au cours d'un sommet du G20 à fournir à prix coûtant ou réduit 3,5 milliards de doses aux pays les plus pauvres en 2021 et 2022 #AFP pic.twitter.com/i5Au143jxG
— Agence France-Presse (@afpfr) May 21, 2021
Un rapport de l’ONG Oxfam évalue de son côté le coût de production des vaccins à ARN messager entre 1,18 et 2,85 dollars par dose (1 à 2,4 euros). Une situation qui "conduit les pays riches à accaparer l’essentiel des vaccins, au détriment des pays moins aisés, relégués "en bas de la file d’attente" faute de moyens".
L'ONG réclame donc une levée de la propriété intellectuelle et un partage des savoir-faire afin d’augmenter rapidement les capacités de production mondiale et " casser " les prix des vaccins. Pfizer, BioNTech et Moderna se sont défendus à plusieurs reprises contre ces critiques ces derniers mois, faisant valoir qu’ils vendaient à prix coûtant leurs vaccins aux pays à faibles revenus.
www.ipreunion.com avec l'AFP
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