
Dans un nouveau communiqué s'opposant au vaccin anti Covid, le collectif "ColCov Med974" demande à la rectrice, à la directrice de l'ARS mais aussi aux journalistes "d'arrêter le carnage" de la vaccination.
S'appuyant sur une série de témoignages audio, le collectif fait le lien entre plusieurs décès et le vaccin lui-même. Profondément affectés par la mort d'un parent.e ou d'un.e ami.e, les témoins, interrogés par "un ou deux médecins de l'île" selon ColCov Med974, tissent un lien direct entre la mort d'un proche des suites d'un accident cardio-vasculaire (AVC) et les injections du vaccin anti-Covid.
• Une méthodologie qui questionne
Interrogé sur la méthodologie de ce recueil de témoignages, le collectif nous renvoie vers le docteur Philippe de Chazournes, qui se trouve alors être l'auteur du communiqué en question. Concernant les témoignages récoltés, il indique qu'il s'agit "essentiellement d'un médecin". D'autres témoignages ont été récoltés par un second praticien, son associé. Un travail, maintient Philippe de Chazournes, "qui a été réalisé en quelques jours seulement".
Le collectif le rappelle lui-même : il existe environ 1.200 médecins à La Réunion. En effet, selon l'agence régionale de santé de l'océan Indien (ARSOI), "au 1er janvier 2019, 1.195 médecins généralistes sont en activité à La Réunion, hors remplaçants". Les témoignages recueillis par ce médecin et son associé, Philippe de Chazournes en est persuadé, ne sont qu'un début et pourraient se multiplier "si les gens osent davantage parler". Pour l'heure, à raison de 2 sur 1.200, difficile de parler d'un échantillon représentatif de l'ensemble des médecins de l'île.
ColCov Med974 affirme que les témoignages collectés, une dizaine environ, "ne sont pas des fakes" (sic) et sont "issus des dernières consultations" chez le ou les médecins les ayant récoltés. Intraçables car anonymes, ces témoins ont accepté d'être enregistrés : "nous savons bien sûr d'où ils viennent et pouvons authentifier les sources" garantit le collectif de médecins.
"Nous avons des preuves avec nous, des captures d'écran, des documents que nous avons transmis à la procureure. Nous ne pouvons évidemment pas les transmettre aux médias" nous assure Philippe de Chazournes. Aucune plainte n'aurait cependant été déposée par les familles concernées à ce jour.
• Un lien rapide entre AVC et vaccin
Durant plus de 10 minutes, les témoignages s'enchaînent, la voix souvent hésitante, pour raconter qu'un proche, parfois éloigné, est décédé suite à une ou deux injections du vaccin anti Covid. Dans la plupart des récits, il s'agit d'accidents cardio-vasculaires (AVC). Les témoins, dévastés par la mort de leur proche - ce qui est évidemment compréhensible -, tissent alors un lien direct entre le vaccin et le décès.
On entend, par moments, la voix du praticien qui relance la personne ayant accepté de témoigner face au micro. Les témoins décrivent des personnes décédées jeunes, souvent sportives, et sans comorbidité aucune.
A ce stade cependant, rien ne permet de prouver un quelconque lien entre l'AVC et le vaccin. "On ne peut rien prouver mais regardez les cas de mortalité qui flambent depuis l'apparition du vaccin" se défend Philippe de Chazournes. "On est dans une démarche ici d'études observationnelles. Moi je veux honorer mon serment d'Hippocrate et je demande à ce que toute mort suspecte donne lieu à une autopsie." Pour l'heure cependant, aucun certificat de décès ou document officiel n'atteste les témoignages récoltés. "Il y a une pression sur l'agence régionale de santé, donc les autopsies, elle n'en fera jamais" estime le médecin.
Quant à l'anonymisation des témoignages, ils relèvent de la volonté des patients, assure le membre de ColCov Med974. "Ça montre qu'il y a une prise de conscience, les langues se délient" affirme le médecin. Interrogé sur une potentielle suite consolidée à ces enregistrements, sous forme d'étude ou de données statistiques, Philippe de Chazournes indique "qu'il n'y aura jamais d'étude, nous n'avons aucun moyen logistique".
• Problème déontologique
Pour le docteur Alain Domercq, président du Conseil interrégional de l'Ordre des médecins, "établir une étude relève d'un travail très spécifique, il faut commencer par répertorier les signalements effectués, les étudier en reprenant la littérature scientifique… on ne peut pas simplement faire des petites études personnelles basées sur des témoignages".
Une méthode qui met en péril le code de déontologie du médecin selon lui. "Le problème c'est qu'avec cette hypercommunication anti-vaccin sur les réseaux sociaux, les patients ont des doutes et ont l'impression que c'est le vaccin qui est la cause de tel ou tel problème. Moi j'ai eu une patiente âgée qui est décédée l'après-midi alors qu'elle avait été vaccinée le matin, mais ça n'avait rien à voir, il s'agissait d'un infarctus" raconte le docteur.
Alors que près de 4 milliards de doses de vaccin ont été administrées dans le monde, ces polémiques renforcent un climat anxiogène déjà très pesant. "Ça a toujours existé d'avoir des médecins qui sont en désaccord ou prônent des techniques différentes. Mais faisons-le en bonne intelligence, évitons les affirmations fausses. Ces gens-là se sont enfermés dans un combat idéaliste et sont sortis de la réalité scientifique."
Les affirmations du docteur Philippe de Chazournes avaient d'ailleurs été démenties après vérifications par le service fact-checking de l'AFP dans un article dédié suite à son passage sur un plateau de télévision.
• Etudes en cours
Dans une étude récente, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) affirme que le vaccin Pfizer n'est pas associé à un risque accru d'événement vasculaire chez les plus de 75 ans. Du 15 décembre 2020 au 20 mars 2021, l’ensemble des cas d’hospitalisation rapportés en France pour des événements cardiovasculaires a été étudié, soit un total de 29.956 cas incluant les AVC, les infarctus du myocarde et les embolies pulmonaires. D'un point statistique, il en ressort que le risque de subir l'un de ces événements n'est pas significativement différent que l'on soit vacciné ou non.
Dès le mois de février, l'ANSM s'était bel et bien penchée sur des cas d'hypertension artérielle dans le cadre du vaccin Pfizer, et avait qualifié ces "poussées hypertensives" de "signaux confirmés".
Plus récemment, l'ANSM a annoncé continuer ses recherches sur le lien de causalité entre l'injection du vaccin et les AVC ou infarctus recensés, relayait Le Parisien le 12 août dernier. A ce stade les recherches ne sont pas terminées et l'agence du médicament attend davantage de données fournies par les laboratoires. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), elle, maintient que la balance bénéfices-risques reste en faveur du vaccin.
• 173 effets secondaires recensés à La Réunion sur 411.000 injections
Face à ces témoignages relayés par ColCov Med974, l'ARS de La Réunion rappelle qu'en cas d'effet secondaire, il est nécessaire de le signaler sur la plateforme dédiée. Le seul moyen sérieux pour un effet soupçonné d'être ensuite analysé par les agences de santé des différents Etats européens.
Sur 411.000 injections réalisées en juillet à La Réunion, 173 signalements ont été effectués, nous indique l'ARS, soit un ratio de 4 pour 10.000 contre 6 pour 10.000 pour la moyenne nationale. Selon l'ARS, "dans 75% des cas, ces événements étaient considérés par les déclarants eux-mêmes comme mineurs ou non graves (fatigue, maux de tête, douleur au point d'injection ou douleur musculaire et beaucoup plus rarement encore des nausées)".
A noter qu'en termes de "pharmacovigilance", plusieurs seuils sont définis. Les effets secondaires ci-dessus sont considérés comme "rares" par différence aux niveaux "peu fréquents", "fréquents" et "très fréquents". Dans le cas effets liés à d’autres médicaments couramment utilisés, "notamment contre les maux de tête et les insomnies" note l'ARS, ils peuvent être classés dans la catégorie "peu fréquents". En clair, un effet secondaire lié à un médicament contre une simple migraine est statistiquement plus fréquent qu'un effet secondaire lié au vaccin.
• La couverture vaccinale joue sur le recours à l'hospitalisation
Selon l'ARS, La Réunion est pour la période du 1er juillet au 9 août la troisième région de France en termes d'admissions de malades non vaccinés : "83 entrées pour 1 million d'habitants non vaccinés contre 31 en France entière". En unité Covid, la différence reste très marquée : "293 admissions pour 1 million d'habitants non vaccinés contre 100 en France entière".
En juillet, sur 7.293 personnes contaminées à La Réunion, 85% étaient non vaccinées et seulement 2% avaient reçu le schéma vaccinal complet. Par ailleurs sur 40 décès sur ce même mois, 32 n'étaient pas vaccinées et trois seulement avaient un schéma vaccinal complet. Depuis le 6 juillet, 7 personnes étaient totalement vaccinées sur les 70 décès liés au Covid recensés.
Concernant les profils des admis en réanimation sur notre département, aucun n’avait un schéma vaccinal complet pour la période du 1er au 8 août selon Santé publique France : 84% étaient non vaccinés et 16% avaient un schéma vaccinal incomplet.
mm/www.ipreunion.com / [email protected]
24 Commentaire(s)
(Bonjour nous voyons à quels scientifiques vous faites allusion et ceux-ci ont déjà été discrédités par de nombreux autres collègues pour leurs théories bancales. Par ailleurs le média France soir est une source peu recommandable. En résumé, si vous allez chercher des informations venues de personnes complotistes sur des médias complotistes, rien d'étonnant à ce que vous les trouviez. Cordialement - WEBMASTER)