
Dans les réponses à notre sondage paru jeudi 19 août 2021, les internautes sont nombreux à clamer que l'une de leurs connaissances a été gravement malade, voire décédée, après avoir reçu une injection du vaccin anti Covid. Si la mort d'un proche reste bouleversante, c'est évident, la lier au vaccin relève pour l'instant d'une simple hypothèse, impossible à confirmer pour ces témoins.
Le sondage fait écho à l'enquête lancée par le collectif ColCov Med974, qui assurait, via une dizaine de témoignages audio, que le vaccin était dangereux et pouvait provoquer des AVC ou des infarctus. Depuis, le collectif a diffusé de nouveaux témoignages allant dans ce sens, sans aucune preuve scientifique que ces incidents sont liés au vaccin.
Lire aussi - Dangerosité supposée du vaccin : l'étrange enquête du collectif ColCov Med974
• Des médias "corrompus"
En première ligne : les anti médias. Ces internautes nous accusent de lancer un faux débat et de ne pas faire notre travail. Le sondage lancé ce jeudi avait justement pour but de donner la parole aux personnes concernées par les théories anti vaccin avancées par certains médecins de l'île.
"Quand allez-vous faire un débat (comme il y a eu en Guadeloupe) où les différentes opinions pourraient se confronter ???? A part relayer bêtement les infos de la préf ou de l’ARS, que faites-vous d’autre ????? Où est votre ligne journalistique ???? Celle qui doit présenter les différentes. Opinions sur un sujet SANS prendre partie afin que les auditeurs puissent se faire leur idée ?????? Un travail de journaliste quoi !!!!" nous accuse un internaute. Comme lui, d'autres s'insurgent et demandent un vrai travail d'enquête.
Or, c'est justement par le biais de ce sondage que nous essayons de faire notre travail de journaliste. Pour certains internautes avouons-le : si nous allons sur le terrain ce n'est pas bon, si nous interrogeons les gens ce n'est pas bon, médecins ou autres, si nous faisons des recherches ce n'est pas bon. Nous le confessons : si l'on cherche à tout prix la confirmation de choses dont on est déjà persuadé, il y a fort à parier qu'Imaz Press décevra toujours.
• Des informations "cachées"
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a déjà mené une large étude concernant les patients âgés de 75 ans et plus, afin de savoir si le vaccin favorise les AVC, les infarctus ou les embolies pulmonaires. La différence entre les vaccinés et non vaccinés n'est pas révélatrice d'un quelconque impact du vaccin.
Dans son "point de situation (au 8 juillet 2021) sur la surveillance des vaccins contre le Covid-19" l'ANSM remarque "au vu des éléments transmis et de l’analyse détaillée des cas de décès transmis, les décès survenus dans la population de patients de moins de 50 ans n’apportent pas, dans leurs caractéristiques, d’éléments en faveur d’un rôle de la vaccination"
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé ajoute dans le même rapport : "le nombre de cas de décès hors Covid rapporté au nombre de cas de décès déclaré au système de pharmacovigilance français est très inférieur au nombre de cas attendus de décès dans la population correspondante, soit en termes de mortalité totale (3% des cas attendus), soit en termes de morts subites ou sans cause identifiées (20% des cas attendus)".
L'Agence précise que les décès survenus chez les personnes de moins de 50 ans "continueront à faire l’objet d’une analyse lors des prochains rapports" et termine "aucun signal concernant la mortalité n’est identifié à ce jour à partir des données françaises de notification spontanée".
Mais pour les internautes qui nous répondent à ce sujet, c'est parce que les autorités sanitaires cachent les choses. D'où l'impossibilité d'avoir une preuve que le décès est lié au vaccin, le certificat ou l'attestation associée n'étant pas délivrée, défendent-ils.
"Votre demande n'est pas accessible ! Aucun médecin ne s'avancera pour dire que c'est le vaccin ! Et ça a toujours été ainsi avec n'importe quel vax" avance une lectrice. "Aucun médecin n'admettrait cela par un certificat ou une attestation. Ce serait une porte ouverte aux procès... Sont pas cons (sic)" écrit un autre. "En vrai ils donneront jamais d'attestation. Car ils ne diront jamais que quelqu'un est mort des suites du vaccin... (…) Regardez quand il y a un mort du covid, souvent il vont mettre sur la fiche de décès "mort covid" or que non parfois certes la personne a eu le covid mais n'est pas mort qu'à cause du covid... Bref avoir une attestation comme quoi à cause du vaccin ci ou ca nous est arrivé est quasiment impossible" conclue un troisième.
Lire aussi - Non, un laboratoire n'est pas inattaquable en cas d'effet indésirable du vaccin
• La rumeur plus forte que tout
A chaque fois, c'est le ressenti ou la rumeur qui prend toute la place, sans fondement médical ou preuve scientifique. Cette rumeur est favorisée par l'hypercommunication qui prend place sur les réseaux sociaux, comme le remarquent certains médecins. Le "ouï-dire" fonctionne à plein régime.
Ainsi une internaute avance que "beaucoup ont eu d'énormes séquelles dûes au vaccin" : "grosse fatigue, céphalées "maux de tête " zona pour certain gonflement de la poitrine "ganglion" pour d'autres, avc pour certains, problème cardiaque ..." Une liste établie sans citer qui que ce soit.
"Ma voisine m'a dit que son frère, après avoir mis ce vaccin, a fait un malaise cardiaque. Vous croyez vraiment que les gens peuvent mentir là-dessus ? C'est l'Etat qui nous ment" annonce un autre lecteur.
• Confusion autour des décès annoncés par l'ARS
Certains, enfin, confondent les décès annoncés par l'ARS de personnes qui étaient totalement vaccinées et les décès de personnes décédées à cause du vaccin, comme avancé par plusieurs collectifs antivax. Deux choses différentes qui n'ont rien à voir.
"L’ARS de La Réunion a annoncé il y a 10 jours 12 patients vaccinés décédés du Covid. Ça ne veut pas dire à priori que le vaccin les a tués, mais à priori que le vaccin n’aura servi à rien, et que la forme grave n’aura pas été évitée..." nuance cependant un lecteur qui rétablit l'ordre des choses, mais marque son scepticisme face au vaccin.
En conclusion, malgré les commentaires et messages privés reçus par Imaz Press, personne n'a su prouver avec certitude que le vaccin tue. Mais face à un sujet aussi polémique et même politique, le ressenti l'emporte et pour certains la tristesse, cela se comprend, d'avoir perdu un proche. Plus que jamais, nous encourageons les lecteurs à favoriser les sources officielles, relayant des chiffres obtenus après des études poussées.
Dans son point de situation transmis ce mardi 24 août, l'ARS a indiqué clairement pour la première fois combien de doses avaient reçues les patients décédés. "91% des personnes décédées sur la semaine écoulée présentaient un schéma vaccinal incomplet ou n’étaient pas vaccinées" a alors précisé alors l'agence régionale de santé. Sur 22 décès enregistrés ces sept derniers jours, 17 personnes n’étaient pas vaccinées, trois avaient reçu une seule dose de vaccin et deux personnes avaient un schéma vaccinal complet.
mm/www.ipreunion.com / [email protected]
21 Commentaire(s)