Traitement du cancer

Cyberknife, un robot de radiochirurgie à la clinique Sainte-Clotilde

  • Publié le 26 novembre 2021 à 11:25
  • Actualisé le 26 novembre 2021 à 11:34

La clinique de Sainte-Clotilde a inauguré le premier robot de radiochirurgie de La Réunion et de l'Océan Indien, proposé à la population pour améliorer les traitements contre le cancer : le "Cyberknife". Alors qu'en 2020, La Réunion a recensé environ 2.200 nouveaux cas de cancers, le robot permet de traiter des tumeurs avec une précision inframillimétrique. Nous publions ci-dessous le communiqué du groupe de santé Clinifutur.

Centre de référence et de haute technicité du traitement du cancer à La Réunion, le Centre d’Oncologie-Radiothérapie de la Clinique Sainte-Clotilde, créé en 1970, met à disposition des Réunionnais une offre de soins cancérologique globale (radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie carcinologique, service de médecine oncologique de 30 lits). Particulièrement engagé dans l’activité de la recherche clinique, notamment dans le domaine de l’oncologie, il contribue à l’amélioration de la santé de la population et propose des thérapeutiques innovantes (hormonothérapie, immunothérapie, radiothérapie en arcthérapie volumétrique par modulation d’intensité et radiothérapie en condition stéréotaxique).

L’année 2021 a été très mouvementée pour le centre qui a finalisé l’acquisition d’équipements de radiothérapie de dernière génération et qui devient le centre le plus complet de l’île de La Réunion avec son 2ème accélérateur TrueBeam installé en janvier, et depuis aout le Cyberknife, 1er robot de radiochirurgie de La Réunion et de la zone Océan Indien et prouesse technologique la plus innovante à ce jour dans le cadre du traitement du cancer. Avec l’acquisition d’un Cyberknife, de nouvelles perspectives thérapeutiques s’ouvrent aux patients réunionnais souffrant de cancer.

Le contexte avant la mise en place :

Le cancer est une maladie qui se traite de mieux en mieux de nos jours, à condition que le dépistage soit réalisé régulièrement et suffisamment tôt, avant même l’apparition de symptômes, et ce pour mieux soigner, mais aussi limiter les séquelles liées aux traitements utilisés. Dans certains cas, le dépistage peut même permettre d’éviter l’apparition d’un cancer, grâce au repérage et au traitement d’une anomalie qui aurait pu évoluer vers un cancer.

En 2020, La Réunion a recensé environ 2200 nouveaux cas de cancers. Les perspectives thérapeutiques développées par le Centre d’Oncologie-Radiothérapie augmentent considérablement les nombres de patients atteints de cancer pouvant être traités. 1500 traitements de radiothérapie sont dispensés annuellement et évitent aux patients des chimiothérapies longues et améliorent leur confort de vie, notamment au travers des traitements modernes proposés.

La radiothérapie, sous l'essor des évolutions technologiques et des connaissances radiobiologiques est en constante évolution. La maîtrise physique des microfaisceaux, la maîtrise biologique des fortes doses, et l’amélioration du contrôle de la cible tumorale ont conduit au développement des irradiations concentrées de type stéréotaxique et à la radiochirurgie.

En réponse aux priorités identifiées dans le Projet Régional de Santé de l’Agence Régionale de Santé La Réunion :

- priorité de prévention et de prise en charge des maladies chroniques
- accessibilité de l’offre de soins à tous
- fluidité et continuité du parcours

Et forte de son expertise, tenant compte de l’évolution des cas de cancer femmes - hommes et des perspectives de réduction des cancers les plus mortels (poumon, prostate, côlon...), la Clinique Sainte-Clotilde, fait face à l’accroissement des indications d’irradiation qui saturent le potentiel actuel d’offre de soins et aux évolutions des standards thérapeutiques. Elle a engagé depuis 2019, pour son service de Radiothérapie une modification de son parc technologique afin d’adapter son offre de soins. L’acquisition du 1er TrueBeam en 2016, puis du second depuis le début de l’année 2021 permet de développer la radiothérapie hypofractionnée en condition stéréotaxique.

Les 2 Truebeam, paramétrés à l’identique (en miroir) apportent plus de confort et permettent un gain de temps dans la prise en charge des patients, tout en sécurisant le parcours et la continuité des soins en offrant la possibilité de recours à la seconde machine pendant les opérations de maintenance.

La construction du 3ème bunker avec des murs de plomb d’1,90 mètre d’épaisseur a démarré en aout 2019 afin de permettre une utilisation du Cyberknife sans le moindre risque d’exposition en protégeant l’extérieur de la pièce (personnels et usagers) des rayonnements émis à l’intérieur.

Le projet Cyberknife a nécessité plus de 3 ans de planification allant de la signature du devis jusqu’au 1er patient, sans compter la préparation et les réflexions menées en amont avec les équipes. Réceptionné depuis le 5 avril 2021, le Cyberknife a nécessité une longue phase de paramétrage et de contrôles avant sa mise en service. En effet, conformément à la règlementation en vigueur, une vérification de la conformité de l’installation a été réalisée par la Personne Compétente en Radioprotection (PCR) de l’établissement, suivi de l’Autorité de Sureté Nucléaire qui a inspecté et rendu son autorisation de l’installation le 2 aout 2021.

Concernant la formation professionnelle, deux manipulatrices du service de Radiothérapie ont bénéficié d’un stage d’immersion à Nice, en partenariat avec le Centre Lacassagne. Les médecins et les physiciens médicaux, qui avaient déjà fait la validation de leur compétence de radiothérapie en condition stéréotaxique au Centre Léon Berard à Lyon, ont de plus bénéficié d’une formation en distanciel tenant compte de la période Covid dispensée par la société ACCURAY. Ils ont ensuite effectué un stage d’immersion dans des services experts en métropole (Polyclinique Clairval à Marseille, Centre Hartmann à Paris).

Le Cyberknife en détails :

Le 1er patient réunionnais a bénéficié de son traitement contre le cancer par le Cyberknife le 9 aout 2021 au Centre de Radiothérapie de la Clinique Sainte-Clotilde. Le Cyberknife, 3ème accélérateur du service, est le premier et unique système de radiochirurgie robotisé. Il permet de traiter des tumeurs avec une précision inframillimétrique. Avec sa tête de radiation montée sur un bras robotisé le rendant mobile et capable d’irradier la tumeur selon des directions différentes, le Cyberknife tourne autour du patient pour délivrer des faisceaux de rayons sous tous les angles, ce qui lui permet de multiplier les points d’entrée convergeant vers la tumeur, et ce quel que soit son emplacement dans le corps. Il permet de traquer la tumeur à traiter en synchronisant, en temps réel, les mouvements du patient à ceux de la tumeur et en suivant ses mouvements pendant les séances, y compris ceux liés à la respiration. Le patient peut donc continuer à respirer librement durant l’irradiation pendant que le robot adapte en continu le volume à traiter par l’irradiation au cycle respiratoire.

En effet après avoir été programmé, il génère ses propres informations qui vont lui permettre de s’assurer et, au besoin, de corriger son positionnement en permanence durant le traitement. Sa capacité à délivrer un traitement le plus optimal possible en épargnant les tissus et les organes sains environnants lui permet aussi de traiter des tumeurs jusqu’ici inaccessibles ! C’est aussi une solution pour certains patients pour lesquels une chimiothérapie ou une chirurgie pourraient avoir des effets néfastes.

La stéréotaxie du système robotisé Cyberknife, apporte une précision " chirurgicale " d’où son nom de radiochirurgie, précision inférieure au millimètre comme celles apportées par des examens comme le scanner et l’IRM utilisée lors de la préparation de la radiothérapie. Ce robot peut être utilisé pour des traitements au niveau cérébral (intracrânien) ou en dehors de l’encéphale au niveau du corps. Le Cyberknife est utilisé notamment dans le traitement des tumeurs où l’exactitude du tir est primordiale voire vitale, dans le traitement d’un grand nombre de cancer de petite et moyenne taille : tumeurs cérébrales, près des voies optiques, pulmonaires, proches de la colonne vertébrale comme le rachis et la moelle épinière, le foie, le pancréas, la prostate...

Cet outil unique à La Réunion permet de réaliser les traitements entre 1 et 5 séances contre 30 à 40 séances avec les autres accélérateurs. La stéréotaxie est une technique moderne de radiothérapie permettant de donner une forte dose de radiothérapie (la dose habituelle pour guérir le cancer est de 2 Gy par séance ; avec cette technique les doses sont augmentées jusqu’à 20 à 25 Gy par séance). L’avantage est de diminuer le nombre de séances : Par exemple 1 dose pour guérir un cancer de la prostate nécessite entre 35 et 38 séances. Avec le robot de radio chirurgie, cinq séances seront suffisantes. Il permet également, du fait de son extrême précision, de proposer une 2ème irradiation (ré-irradiation sur une zone déjà traitée par radiothérapie) permettant de contrôler une récidive cancéreuse.

Le Cyberknife dans le parcours de soins :

Comme tout traitement proposé, l’équipe médicale d’oncologues radiothérapeutes détermine si le traitement par CyberKnife est adapté à la situation du patient. La décision de la pertinence du traitement par Cyberknife, menée en concertation pluridisciplinaire lors de réunions, tient compte de l’expérience clinique et de la tumeur (catégorie, étendue, emplacement, taille). Une RCP (réunion de concertation pluri-disciplinaire) dédiée aux traitements par radiochirurgie est en cours de mise en place. Selon les différents cas de figure, le traitement par Cyberknife peut être associé à une chirurgie, à une chimiothérapie ou à une radiothérapie conventionnelle ou en constituer une alternative.

Les conséquences du traitement par Cyberknife :

Comme la radiothérapie conventionnelle, le traitement par Cyberknife peut causer des rougeurs de la peau, des maux de tête (céphalées) pour un traitement du cerveau, d’une inflammation des muqueuses au niveau du nez, de la bouche ou de la gorge, de nausées et de vomissements, ou encore de la fatigue dans les jours suivants. Généralement bien toléré, ses effets secondaires restreints à la zone ciblée par les rayons disparaissent habituellement dans les semaines suivantes et s’estompent généralement avec le temps. D’autres effets indésirables peuvent apparaître à plus ou moins long terme.

Cependant, le CyberKnife permet de diminuer les effets de façon considérable, permettant à aux patients de mener une vie " quasi " normale malgré le traitement contre le cancer. L’orientation des patients vers les soins de supports (socio-esthéticien, diététicienne, psychologue, assistante-social) contribue à soulager les effets indésirables des traitements, à atténuer la fatigue ou la douleur et à apporter un soutien physique, psychologique ou social tout au long de la maladie et après le cancer.

En conclusion :

L’acquisition du Cyberknife présente un budget d’investissement de l’ordre de 4,5 millions d’euros entièrement financé par la Société Civile de Moyens Radiochirurgie Océan Indien, elle-même portée par une partie de l’équipe médicale et de radiophysique de la clinique. La Clinique Sainte-Clotilde a soutenu la construction du bunker ainsi que l’aménagement des locaux, pour un total de financement de 1 ,5 million d’euros.

Cet investissement vise à positionner la radiothérapie de la Clinique Sainte-Clotilde comme l’une des activités les plus performantes de la zone Océan-Indien. La Réunion devient ainsi le premier centre Ultra Marin de France et le premier centre de l’Océan Indien à être équipé de cette avancée technologique. Dans le cadre de sa vocation de centre de traitement du cancer de haute technicité, la Clinique Sainte-Clotilde préserve son engagement et sa volonté de maintenir son niveau d’exigence et la qualité des soins aux patients. Elle souligne l’implication des équipes dans ce projet qui n’aurait pas été possible sans leurs investissements. La clinique rappelle à la population l’importance du dépistage précoce afin d’apporter un meilleur traitement face à la maladie et/ou d’en limiter les séquelles.

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