
Après sa réunion avec les élu.e.s de l'île, le préfet Jacques Billant est attendu en cette fin de semaine pour annoncer de nouvelles mesures sanitaires. Le couvre-feu de 21h à 5h instauré le 1er janvier 2022 semble ne pas suffir pour freiner la vague épidémique en cours sur le territoire. Les annonces seront faites ce vendredi, par voie de communiqué si c'est ce format que le préfet choisit. Des analyses et des échanges sont toujours en cours.
Les chiffres ne font qu'augmenter. Selon les données gouvernementales, le taux d'incidence de La Réunion était de 2.636 cas pour 100.000 habitants au 9 janvier soit 3.238 nouveaux cas positifs détectés chaque jour en moyenne.
- Une situation hospitalière préoccupante -
Pour autant, ces données sont loin d'être les plus déterminantes. Aujourd'hui, le nombre de cas, aussi vertigineux soit-il, n'est pas l'indicateur qui peut pousser la préfecture et l'ARS à renforcer les mesures. C'est bien la situation hospitalière qui inquiète les autorités. Aussi au 12 janvier, le taux d'occupation est de 113,46% très exactement dans les hôpitaux de l'île. Une saturation visible dans les soins critiques : 59 personnes étaient en service de réanimation pour Covid au 12 janvier, sur un total de 100 lits disponibles. Six lits sur 10 sont donc pris par des patients positifs au virus. Pour rappel, la grande majorité ne sont pas vaccinés.
Au 12 janvier également, le nombre moyen de décès à l'hôpital est de 3 à La Réunion. Pour rappel, du 1er au 7 janvier, 16 personnes ont perdu la vie des suites du virus dont un mineur, âgé de moins de 14 ans. C'est la première fois qu'un enfant meurt du virus à l'hôpital sur notre département. Une donnée profondément inquiétante.
En moyenne, 37 personnes sont hospitalisées pour Covid chaque jour et six d'entre elles entrent en service de soins critiques. Au 26 décembre, 94% des personnes en soins critiques n'étaient pas vaccinées.
- Les scénarios envisagés -
Plusieurs options sont sur la table pour faire face à cette forte vague épidémique sur notre territoire : abaisser le couvre-feu à 19h, décréter un confinement partiel dans un rayon de 10 km (toute la semaine ou uniquement le week-end) ou encore un confinement total, comme ce que réclament certain.e.s maires. La tension hospitalière, en effet, est telle que des élu.e.s demandent des mesures fortes et radicales.
Le renforcement du couvre-feu apparaît pour beaucoup comme une mesure insuffisante, le couvre-feu actuellement en vigueur n'ayant pas encore fait ses preuves. Au contraire, les contaminations se sont envolées depuis le 1er janvier. Les clusters familiaux et professionnels ne font que se multiplier. L'application d'un couvre-feu peut également pousser les habitants à rester sur place le soir ou la nuit, renforçant donc le risque de créer un foyer de contagion. Au 10 janvier, on comptabilisait au moins 140 clusters actifs dont 37 clusters à criticités élevée. 43 clusters ont été signalés du 3 au 8 janvier.
Nous en parlions déjà en avril dernier sur Imaz Press : c'est à nouveau la quadrature du cercle, on cherche à résoudre un problème insoluble. Aucune solution dans l'immédiat ne semble être la meilleure. Si un simple abaissement du couvre-feu semblerait sans effet, le confinement strict n'est pas sans conséquences sur l'économie et la santé mentale des habitant.e.s. Certain.e.s s'offusquent d'un potentiel confinement sur le plan local, quand la Métropole ne confine personne. Pour autant la situation est bien différente à La Réunion, département insulaire sans aide directe à proximité. Impossible en effet, en cas de saturation, d'envoyer des patient.e.s dans un département limitrophe.
A nouveau également, il est bon de rappeler que la crise sanitaire ne fait que mettre en lumière la négligeance du gouvernement en termes de politique sanitaire. Sans moyens humains ou matériels suffisants, l'hôpital public se trouve plus que jamais démuni. Peut-être aurait-il également fallu tirer les enseignements nécessaires à l'issue de la première vague.
mm/www.ipreunion.com / [email protected]
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