
Le Plan Blanc a pour objectif de "mobiliser l’ensemble des ressources humaines et matérielles nécessaires afin de garantir la continuité des soins à l’ensemble des patients". Concrètement, cela veut dire réquisitionner tous les soignants disponibles, annuler toutes les opérations non-urgentes, et fermer, à nouveau, des blocs opératoires. Pour l’heure, déjà quatre d’entre eux ont été fermés.
"Seuls les patients en urgence vitale et à pathologie lourde comme le cancer pourront être pris en charge mais pas aussi rapidement qu’en temps normal" détaille Ruben Veerapen, président des spécialistes de l’Union régionale des médecins libéraux.
Tous les hôpitaux français sont dotés d’un Plan Blanc, et ce depuis 2004, en raison d’une loi qui impose aux établissements de santé l’obligation d’en disposer d’un. Il s’agit d’un outil qui doit permettre de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d’afflux massif de patients ou de victimes. Il permet d’organiser l’accueil et la prise en charge de victimes d’un événement exceptionnel : accident, catastrophe naturelle, épidémie ou événement climatique meurtrier et durable.
- De nombreux patients Covid-19 -
La décision a été prise face à une dégradation constante de la situation sanitaire. Une situation pour laquelle le CHU avait pourtant alerté dès le mois de décembre 2021. Le 6 janvier dernier, lors d’une conférence de presse, les représentants du CHU s’étaient une nouvelle fois inquiétés de la tension hospitalière. L’instauration du Plan blanc n’était à l’époque pas encore envisagée par la direction.
Selon Philippe Ocquidant, directeur médical de crise au CHU Sud, c'est "la dernière marge de manoeuvre locale, ça permet de mobiliser l'ensemble des équipes disponibles" déclare-t-il au micro de nos confrères de RTL Réunion. Beaucoup reviennent déjà sur leurs congés.
Philippe Ocquidant qui défendait d'ailleurs un durcissement des mesures de freinage, voire un reconfinement de La Réunion, "plutôt que trier les patients". D’après nos informations, l’option était bel et bien envisagée par le préfet Jacques Billant. Lors de sa réunion avec les maires le 12 janvier dernier, il avait en effet avoué que "les mesures en place actuellement ne sont pas suffisantes".
Un abaissement du couvre-feu, un confinement partiel la semaine et total le week-end pour au moins 15 jours avaient été envisagés. Finalement, toujours d’après nos informations, ces options ont été écartées par le gouvernement, qui a fait le choix d’un statu quo. Aucune nouvelle restriction n'a donc été décidée, les mesures actuelles ont simplement été prolongées de deux semaines.
- 88,6% de taux d’occupation -
Au 18 janvier, 60 patients Covid-19 étaient en réanimation dans les hôpitaux de l’île. Au total, 93 des 105 lits disponibles dans l’île étaient occupés, pour un taux d’occupation de 88,6%.
Dans ce contexte, des renforts humains ont d’ores et déjà demandé auprès du centre de crise national par les établissements de santé et l’ARS La Réunion. Une première délégation de personnel médical et d'infirmiers pour venir en appui des équipes locales est attendue ce jeudi, ce qui permettra de porter la capacité à 113 lits de réanimation pour l’île. Les lits supplémentaires seront ouverts au CHU nord.
- Une première à La Réunion -
D’après le CHU de La Réunion, il s’agit d’une première dans l’histoire récente de l’île. Même lors de l’épidémie de chickungunya, aucun Plan blanc n’avait été déclenché. Et si des "Plans blancs" ont déjà été annoncés par l’ARS ces dernières années, notamment en 2020 lors de l’apparition du Covid-19, ou en 2018 pendant la crise des Gilets jaunes, il s’agissait en réalité d’un abus de langage.
Il ne revient pas à l’ARS de déclencher un Plan blanc, mais bien aux hôpitaux, voire au représentant de l'Etat, de le décider. Ce qu’ils n’avaient pas fait à l’époque de ces deux événements. "Il s’agissait plutôt d’un plan d’urgence déployé pour renforcer les hôpitaux, mais pas d’un Plan blanc" souligne le CHU de La Réunion.
Cette décision risque en tout cas de mettre une nouvelle fois à mal les soignants, déjà épuisés par les vagues successives de Covid-19.
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