Tribune libre de Philippe Creissen - Action en référé-liberté de la Commune de Saint-Leu

L'audience aura lieu ce vendredi

  • Publié le 17 juillet 2013 à 18:56

Ce recours engagé par Me Patrice SPINOSI, avocat aux conseils à Paris sera plaidé le vendredi 19 juillet à 9 heures au tribunal administratif de Saint-Denis de La Réunion. La décision du tribunal devrait être connue dans la journée de vendredi.

Pour le cas où le tribunal viendrait à considérer que l’Etat n’a toujours pas à prendre des mesures particulières pour assurer la sécurité des usagers de la mer, un appel sera immédiatement formé devant le Conseil d’Etat  et jugé à Paris dans un très bref délai. Chacun se souvient qu’à la suite de l’attaque mortelle par un requin survenue le 8 mai sur la plage des Brisants à Saint-Paul, le Maire de Saint-Leu avait pris un nouvel arrêté pour inviter à des prélèvements de requins sur le littoral de Saint-Leu y compris dans la Réserve Marine considérant que la sécurité des personnes imposait une mesure de prévention minimum.

Comme à leurs habitudes des associations métropolitaines de défense des animaux ont jugé utile d’attaquer cet arrêté et d’en demander la suspension. Suivant une ordonnance du 7 juin 2013, le Président du tribunal administratif décidait de faire droit à leur demande en venant considérer d’une part que seul le Préfet serait compétent pour assurer notre sécurité le long du littoral face aux requins et d’autre part  qu’il  ne serait  " pas  démontré  […]  que  les usagers de la mer jusqu’à la limite de 300 mètres seraient exposés, du seul  fait  de  la  non  exécution  de  l’arrêté du Maire,  à  un  risque  accentué d’agression ".

Néanmoins,  le Préfet n’a toujours pas  pris  de  mesures  de  nature  à  pallier  les graves risques pesant sur la vie des personnes à la Réunion. Cette ordonnance a donc fait l’objet d’un pourvoi en cassation qui ne sera, toutefois, pas jugé avant plusieurs mois. Cependant, la dernière attaque mortelle du 15 juillet est malheureusement venue démontrer, s’il existait encore des doutes sur ce point, que les simples usagers de la bande littorale sont bien exposés à un danger de mort en l’absence de toute mesure de prévention adaptée à la situation extraordinaire de l’ile depuis maintenant plus de deux ans.

Ainsi, face à la carence du préfet qui, comptant nos morts, ne s’en remet qu’aux solutions très incertaines des " scientifiques-écologistes ", à la suspension de l’exécution des mesures de police ordonnées par le maire de SAINT-LEU, à l’exacerbation du risque  d’attaques  de  requins  dans  la  zone,  la  commune  de  SAINT-LEU  est  ainsi  contrainte de  saisir  le  juge  administratif  afin  de  faire enjoindre à l’autorité en charge de la police de la pêche de prendre les mesures  qu’impose  le  danger  caractérisé  et  imminent  pour  la  vie  des personnes dans les environs de la commune.
 
La commune  de  SAINT-LEU  entend  donc voir ordonner  les mesures propres à assurer enfin la sauvegarde du droit au respect de la vie de la population  locale  à  laquelle  l’autorité  préfectorale  en  charge  de  la police  de  la  pêche  a  porté,  par  sa  carence  et  dans l’exercice  de  ses pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale.

En effet, les attaques mortelles du 8 mai et du 15 juillet démontrent largement que l’absence de mesures de prévention et l’inertie dont fait preuve l’administration – y compris après la  suspension  de  l’exécution  des  mesures  prises  par  le  maire  de SAINT-LEU – sont à l’origine d’un nouveau décès ;  celui d’une enfant !

Dès lors, en l’absence de toute initiative prise par le Préfet de la REUNION à cet  égard,  et  face à  l’inefficacité  flagrante  des  interdictions  de baignade, la mise en œuvre d’une mesure de prélèvement contrôlée et dûment encadrée constitue la seule mesure susceptible de  réduire  ce risque cette  situation  procède  très  clairement de l’inaction administrative.  

La  commune  demande donc au  juge  des référés  du tribunal administratif de SAINT- DENIS de prendre  toutes  mesures  que  le  juge  des  référés  estimera  utiles afin  de  faire  cesser  le  danger  résultant  de  la  carence  de l’administration ;  

 -  Et, plus précisément d’enjoindre  au  Préfet  de  la  REUNION,  au  besoin  sous astreinte :  
Autoriser  sans  délai  la  pêche  de  requins bouledogues adultes à la REUNION, ou, à tout le moins,  sur  tout  le  territoire  maritime  de  la commune  de  SAINT-LEU  placé  sous  la responsabilité  du  maire,  du  rivage  jusqu’à  une limite  fixée  à  300  mètres  à  compter  de  la  limite des eaux, et ce, y compris dans le périmètre de la réserve naturelle marine de la Réunion ;   
-  Prendre  sans  délai  toute  mesure  utile  afin d’encourager,  sur  ce  territoire,  le  prélèvement  de requins  bouledogues  adultes  –  ou,  le  cas  échéant  d’un nombre
prédéterminé  desdits  requins  –, assortie éventuellement de mesures incitatives de nature à favoriser la participation de la population audit  prélèvement  après autorisation administrative  permettant  d’assurer  un  contrôle précis  des  personnes  susceptibles  de  pouvoir effectivement  réaliser  les  prélèvements,  c’est-à-dire  en  réservant  à  l’administration  la  possibilité d’écarter  celles  qui  ne  présenteraient  pas  de garanties  suffisantes,  eu  égard  par  exemple  au matériel  utilisé  ou  à  la  technique  de  pêche envisagée ;  
- Décider de déterminer, dans une décision ultérieure prise à  brève  échéance  après  avoir  vérifié  la  bonne  exécution de  l’ordonnance  à  intervenir,  toutes  les  mesures complémentaires qui s’imposent et qui pourront être très rapidement  mises  en  œuvre, notamment  mais  non exclusivement  l’installation  de  filets  et  de  dispositifs  de pêche à la palangre adaptés aux requins bouledogues tels que des drum lines.  
 
Autrement  dit,  les  mesures  sollicitées  par  la  commune  de SAINT-LEU sont d’autant  plus  utiles  qu’elles  permettent  non  seulement  de  neutraliser les  exemplaires  adultes  de  requins-bouledogues  qui  se  seraient sédentarisés  dans  cette  zone,  mais  également,  à  cette  occasion, d’alerter  plus  efficacement  les  baigneurs  et  les  autorités  sur  les positions des requins, afin de réduire davantage le risque d’accident.  

Force est de reconnaître que la reprise de la pêche et les prélèvements  préventifs  que  le  juge  des  référés  estimera  utile  de prescrire,  permettront  de  modifier  les  habitudes  de  cette  espèce  de requins  à  l’égard  de  l’homme  qu’il  regardera  dorénavant  davantage comme un prédateur plutôt que comme une proie. De  même,  de  telles  mesures  permettront  de  sanctuariser  les  zones  de baignade, lesquelles seront alors, et pour cette raison, évitées.  
 
En  effet,  si  à  ce  jour  de  telles  zones  sont  perçues  par  les  requins bouledogues  comme  des  espaces  propices  à  leur  sédentarisation, reproduction  et  à  leur  approvisionnement  alimentaire,  il  n’en  ira  plus de même une fois que l’homme aura amorcé la reprise des activités de pêche.  
 
Philippe Creissen  
Avocat
 

 

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