Courrier des lecteurs de Philippe Creissen

Lettre ouverte au préfet et au président de région

  • Publié le 23 février 2014 à 07:00

En vos éminentes qualités d'organisateurs et de financeurs des programmes d'études CHARC sur le requin, en vue de sortir de la crise, ne pensez-vous pas que les études livrées le 17 février 2014 sont suffisamment éloquentes pour engager dès maintenant la mise en ouvre de solutions simples, durables et à moindre frais , ou pensez-vous qu'il est préférable, selon vos usages administratifs, d'attendre la fin de ces premières études pour conclure que de nouvelles études seront nécessaires avant de vous décider à agir.

(Voir le 17/02/2014.) S’il est maintenant acquis que l’objectif de 600 000 touristes à l’horizon 2015 était une farce électoraliste, le report annoncé de cet objectif à 2020 ne sera possible qui si vous agissez dès maintenant. Il ne suffit pas d’annoncer, en assises, un plan Marshall pour le tourisme pour que vos illusions se réalisent. Le présent nous le montre que trop bien !

Votre résultat de 2013, qui est le fruit de la politique que vous venez de revendiquer (en dépit des critiques objectives de la Cour des comptes qui est parfaitement indépendante et compétente) est de l’ordre de - 100 000 voyageurs en comparaison de 2012 qui était déjà bien en deçà de 2011 ; l’année record de 2011 devant être attribuée aux efforts de l’ancienne équipe régionale et non à l’actuelle dont les premières mesures depuis mars 2010 n’ont pu, raisonnablement, produire d’effet immédiat.

Au rythme actuel de votre compréhension de l’ampleur de cette crise requin qui a conduit a une profonde crise touristique et économique pour les acteurs de la filière, je crains que le seul Objectif pour la Réunion à votre portée d’ici 2020 soit ZERO touriste.

Les études intermédiaires livrées au mois de février 2014 mettent clairement en évidence que la problématique requin se pose à l’échelon régional et non communal ; les requins bouledogues ne sont pas inféodés à une commune mais à notre région.

Cette crise relève donc de la compétence régionale et notamment par le biais de son interventionnisme dans les aides à la pêche (voir ici).

Ces études CHARC indiquent très clairement que "les individus (sic) [les bouledogues]dit +nomades+ ont des déplacements importants sur l’ensemble du réseau [de la Réunion]. Ils sont détectés sur tous le réseau du Nord au Sud y compris sur les sites de Sainte-Marie et de Sainte-Rose. Les quatre zones principales d’occupation de ces requins nomades sont la sortie du port de Sainte-Marie, l’étang Saint-Paul, les zones littorale et large côtière de Saint-Gilles et l’étang du Gol. Ils représentent 55% du nombre d’individus marqués".

J’en déduis donc qu’un requin bouledogue pêché à Sainte-Marie est un requin en moins susceptible d’attaquer un baigneur aux Roches Noires ; il conviendrait alors de vous mettre à pêcher les requins dans les zones situées en dehors de la Réserve pour commencer une amorce de solution à notre problème ; cela toucherait déjà un requin sur deux !

Les pêcheurs de Sainte-Marie pourraient donc avant la fermeture programmée de leur port apporter leur contribution au règlement de la crise actuelle.

Ce n’est pas tout, l’étude indique que " les individus qui ont des déplacements plus restreints, sont inféodés à deux zones celle au Nord autour des sites du large Saint-Gilles et au Sud autour du site de l’étang du Gol. Ils représentent 24% du nombre d’individus marqués."

L’étude CHARC ajoute qu’ "Il est également à noter que parmi les 10 individus qui se fixent le plus longtemps sur des sites spécifiques, la majorité (7) sont des requins qui explorent toute la zone d’étude. Ce sont donc les individus nomades qui sont, paradoxalement, ceux qui se fixent le plus longtemps sur des sites privilégiés."

Et que ce résultat laisse supposer que les comportements des requins marqués sont représentatifs des comportements de cette espèce à La Réunion.

Dans ces conditions est-il nécessaire d’avoir fait science-po ou des études de professeur d’histoire-géo, pour comprendre qu’il faudrait, sans plus tarder, effectuer des pêches dans deux zones ciblées de l’Ouest et du Sud (Saint-Gilles et Etang du Gol) et organiser la pêche depuis le Port, jusqu’à Sainte-Rose, c’est-à-dire hors réserve marine et sa réglementation de pêche très contraignante, pour éviter un surpeuplement d’une espèce animale dangereuse pour l’homme et pour notre économie.

80% des requins bouledogues présents à la Réunion seraient concernés par ces pêches ; selon vos études. N’est ce pas là un indice sérieux et simple pour obtenir une réduction acceptable des risques, tout en poursuivant vos études à l’intérieur de votre réserve.

Je vous remercie d’apporter une réponse à ce questionnement, qui est celui de tous les usagers de la mer, par des mesures concrètes.

Philippe Creissen

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1 Commentaires
boubou, depuis son mobile
boubou, depuis son mobile
10 ans

Merci de ne pas vous exprimer au nom de tous les usagers de la mer. Je n'adhere pas a vos idees signees de votre employeur. Trop souvent les uns et les autres pensent que tout le monde pense comme eux, ce qui est loin d'etre le cas.