Tribune libre de Monique Orphé

La situation du Conservatoire botanique national de Mascarin inquiète

  • Publié le 11 juin 2014 à 15:30

A l'occasion de l'audition de Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, du développement durable et de l'énergie, par la commission du développement et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée Nationale, hier (mardi, ndlr), j'ai alerté la ministre sur la situation inquiétante du Conservatoire botanique national de Mascarin. L'association loi 1910 "Conservatoire Botanique de Mascarin", créée en 1986 a reçu l'agrément Conservatoire botanique national (CBN) en 1993 et le label "Centre permanent d'initiative pour l'environnement" (CPIE) en 2000. C'est la seule structure en outre-mer à posséder cet agrément et ce label.

Le CBN-CPIE Mascarin couvre un territoire très étendu puisqu’il comprend non seulement la Réunion mais aussi Mayotte et les îles Eparses (les îles Glorieuses et Europa). Il est devenu une référence en matière de connaissance et de conservation de la flore sauvage des habitats naturels. Son expertise est d’ailleurs reconnue sur le plan international. C’est grâce à cette expertise que la Réunion a été classée Patrimoine mondial de l’Unesco en 2010.

Le CBN-CPIE Mascarin a la charge de la connaissance et de la conservation de plus de 1842 espèces dont 812 espèces endémiques de ses territoires d’agrément. Il porte la responsabilité patrimoniale de la sauvegarde de 195 espèces végétales endémiques, en danger d’extinction.

Comparativement, les 10 CBN métropolitains en portent 92 espèces. Et cela, avec vingt fois plus de ressources humaines. Aujourd’hui,  malgré une organisation structurelle et une gestion rigoureuses, l’association doit  faire face à des difficultés financières qui pèsent très fortement sur son existence. Son statut juridique n’est plus adapté.

Le Département a décidé de reprendre les activités liées à la gestion du domaine des Colimaçons, mais pas le pôle scientifique car l’agrément CBN et le label CPIE ne peuvent être portés que par une structure indépendante d’une collectivité.

J’ai demandé à Ségolène Royal de nous assurer de son soutien financier pour cette structure unique en Outre-mer et de nous garantir un accompagnement en vue de trouver une solution pérenne et viable à l’exercice de ses missions d’intérêt général  liés à l’agrément et au label.

J’ai proposé également une piste de réflexion : l’Agence française pour la biodiversité sera prochainement mise en place dans le cadre de la stratégie nationale pour la biodiversité. Le Conservatoire botanique national de Mascarin pourrait inscrire ses activités au sein d’une déclinaison locale de cette agence.

Monique Orphé, députée de La Réunion

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