Tribune libre des élus PCR du Port

Au Port, un mauvais coup porté au monde du sport

  • Publié le 13 octobre 2014 à 08:40

Lors de la dernière séance du conseil municipal, en date du 7 octobre 2014, le maire du Port a confirmé, au travers de ses orientations budgétaires, sa décision de revoir à la baisse les montants des subventions allouées aux associations. Est tout particulièrement visé l'Office municipal du Sport, dont il juge la subvention excessive et hors norme. Or cette subvention est utilisée, avec toute la transparence nécessaire, pour gérer au plus près les activités des clubs et des associations sportives de la Ville, pour les accompagner et les coordonner, conformément à la vocation même d'un Office Municipal du Sport.

Car il faut savoir que cette mission de l'O.M.S. du Port  constitue sa raison d'être, affirmée dès sa création, dès le dépôt de ses statuts en préfecture le 14 août 1971 par son premier président Albert Mourvaye. Il s'est agi dès ses débuts d'un authentique geste de démocratie, décidé par l'équipe municipale de Paul Vergès, envers les citoyens impliqués dans le monde sportif de notre ville.

"Les sportifs qui sont des gens passionnés et compétents peuvent également faire preuve d'esprit de responsabilité, alors on peut considérer que les conditions se trouvent réunies pour que la municipalité, d'une part leur confie le soin de définir la meilleure politique sportive qui soit pour la population, et d'autre part leur donne les moyens financiers pour réaliser eux-mêmes cette politique" : tel a été le pari historique de 1971 qui a érigé notre ville du Port en avant-garde du mouvement des O.M.S. de France . Ce pari a ouvert la voie à 40 années d'un développement sportif dont le rôle social et éducatif a constitué la valeur fondamentale, sous la responsabilité du mouvement sportif lui-même.

Qui en effet est le mieux placé pour avoir la vision juste de la politique sportive, sinon les représentants choisis par  les acteurs du monde sportif ? La municipalité portoise a toujours placé sa confiance en eux, et c'est ce qui a permis de faire fructifier une belle école de responsabilité au travers du sport.

Dans ces conditions, comment peut-on parler de subvention injustifiée ? L'O.M.S. du Port assure une gestion optimale des fonds alloués à la pratique sportive grâce à une mutualisation des moyens, au contact des associations. Contrairement à ce qu'il est laissé à entendre, l'O.M.S. n'opère pas de reversement de subventions, mais répond aux besoins des associations pour leurs activités, leurs déplacements, leurs projets, leur formation… Vouloir remunicipaliser ce domaine - en en changeant l'esprit, passant d'une mutualisation de moyens à une allocation de subventions -  est une erreur fondamentale.

Une erreur fondamentale, et un nouveau mauvais coup porté cette fois-ci au monde du sport, dont on connaît l'importance au Port. Est-ce cela le changement annoncé ?

Le groupe d'élus PCR au conseil municipal du Port

guest
5 Commentaires
Christ
Christ
9 ans

Chers amis du sport Portois, je lis avec attention vos différents échanges sur la vie sportive Portoise et je ne peux m'empêcher aujourd'hui de réagir. Un point sur lequel nous sommes d'accord c'est sur le travail effectué sur le terrain par les éducateurs de l'O.M.S du Port qui à mon avis a besoin d'être un peu plus mis en avant car certaines personnes aujourd'hui se posent encore la question de ce que fait l'Office sur la ville. Il est indéniable que le contexte socioéconomique et politique a évolué, il s'agit maintenant de voir dans quelle mesure une structure qui existe depuis 1971 et qui a fait ses preuves en matière de gestion de la politique d'animation sportive Portoise peut continuer à évoluer dans un contexte budgétaire qui est de plus en plus contraint. Cette problématique budgétaire ne concerne pas seulement la ville du Port mais l'ensemble des communes de l'île. Il est incontestable pour les communes de faires des économies mais il ne faut pas que cela soit fait au détriment de la population. Il s'agit pour nous Portois de bien réfléchir aux différentes solutions que nous pouvons trouver pour que la vie sportive de la cité maritime continue à subsister et voir même à prendre encore plus d'ampleur. Cela ne pourra se faire que par une collaboration étroite entre la nouvelle équipe municipale et les acteurs du monde sportif Portois. Au delà de tout clivage politique il est essentiel de garder à l'esprit que nous travaillons pour l'intérêt des Portois et Portoises, qui évoluent aussi bien dans le secteur fédéral ou qui est habitant de quartier.

Lucas
Lucas
9 ans

Merci de votre réponse Vel. Au final nos positions ne sont pas si éloignées. Je suis d'accord avec vous sur la nécessité de respecter la démocratie en termes de fonctionnement associatif et je suis conscient du travail énorme et harassant effectué par les animateurs de l'OMS au service des jeunes, des quartiers, de la Ville.
Cela est indéniable Vel
D'accord aussi avec vous pour dire que l'institution municipale doit bannir toute tentation ou plutôt dérive punitive à l'encontre d'une association.
Reste que l'OMS est financée à 100% par des fonds communaux, donc publics. À ce titre, ces fonds doivent être utilisés pour l'ensemble des contribuables, pas seulement pour ceux que l'on juge être ses amis. Et comme il s'agit de fonds publics, il revient au bailleur de fonds, la Ville en l'occurrence, d'exercer un contrôle sur la bonne utilisation de cet argent (on parle ici d'une somme dépassant le million d'euros)
Si cette autorité de contrôle constate une dérive dans la gestion des ces fonds par l'OMS, il lui revient de demander des explications aux instances dirigeantes de l'office. Si ces dernières sont incapables de justifier objectivement, légalement, leur gestion alors il est de devoir de la Ville, le bailleur de fonds, de diminuer, voire de cesser, ses financements.
Cela sous peine de déboucher sur une catastrophe similaire à celle de l'Arast.
Dire cela, cher Vel, ne remet nullement en cause ni le fonctionnement démocratique de nos instituions et de notre tissu associatif et encore moins le travail des éducateurs, animateurs et bénévoles dont vous faites, comme moi, sans doute partie.
Bien à vous

vel
vel
9 ans

Cher Lucas, merci de porter attention à ma prise de position en faveur du projet de l’OMS du Port.
Je crois, quelque soit notre position d’interlocuteur, qu’il est important de prendre du recul par rapport aux faits. Les abus de pouvoir dont vous parlez, et je fais confiance à votre témoignage expérimenté, ne doivent pas justifier un quelconque désir punitif de la part d’une institution.
Les associations disposent d’instances de gouvernance tout aussi légitimes que nos divers exécutifs politiques. Aussi, c’est en leur sein que doivent se régler les problèmes que vous énoncez. L’engagement bénévole ne peut se concevoir sans la garantie du respect de cette liberté. Cependant, les responsables ne sont pas éternels, ils doivent être renouvelés, mais que cela se passe dans l’examen le plus strict de l’institution et de ce que permettent ses statuts. Autrement, le pire devient possible alors que nous pensons travailler pour le bien, aveuglé par des ressentis, probablement justifiés, mais injustifiables en considérant ce qui permet encore une vie collective pacifique : la démocratie.
C’est uniquement dans ce sens que je suis intervenu. Je n’ai à défendre personne. Je dis juste que dans la cour il est difficile de construire, que beaucoup d’actes exemplaires sont réalisés quotidiennement par ces éducateurs, qu’ils méritent notre respect et notre soutien pour progresser et continuer à donner l’exemple du sportif.

Lucas
Lucas
9 ans

@ Vel, je ne doute pas de votre bonne foi, ni de la volonté des dirigeants municipaux de l'époque, M. Paul Vergès, de mettre en place un outil performant au service du développement de la pratique sportive. Le problème est qu'un fil des années :
- l'OMS du Port est devenu une sorte navire amiral navigant au profit exclusif des associations "amies" dont les dirigeants sont les copains d'un tel ou d'une tel au bureau de l'OMS
- les salaires versés à certaines "cadres" employés - et notamment au directeur aux compétences en devenir (il faut savoir rester poli pour éviter d'être censuré "pour injure") -, s'élèvent chacun à plusieurs milliers d'euros par mois
- les associations dont les dirigeants en sont pas des amis d'un tel ou d'une telle sont reçues dans des chiens dans un jeu de quille et leurs demande de subventions, d'aide matérielle ou de mise à disposition d'un personnel sont systématiquement écartées
Avouez cher Vel que cela fait beaucoup et que plusieurs associations non "amies" mais juste au service du développement de la pratique sportive commencent à en avoir assez de ce qu'elles appellent la politique des copains et des coquins.
Voila chez Vel, je suis prêt à débattre car, à travers vos écrits, je vous crois sincère et réellement préoccupé par le développement du sport dans notre ville
Au plaisir de vous lire

vel
vel
9 ans

Oui, il y a un réel risque de déstabilisation du territoire si l'OMS du Port devait être affaibli. En effet, son rayonnement sur la ville du Port est incontestable. Les gens que vous voyez courir, s'entraîner dans les gymnases, se promener sur berges de la Rivière des Galets, faire du vélo en toute sécurité dans la cité, s'adonner au Dragon Boat au port ouest, pratiquer une activité d'éducation physique à l'école, jouer au foot le dimanche etc... tout cela est devenu possible grâce au travail des bénévoles et des professionnels de l'OMS, associés aux services municipaux. Cela a certes un coût, mais c'est aussi celui de la cohésion à travers la pratique généralisée du sport : c'est le prix du fair-play, "le sport toutes et tous et le plus haut niveau possible pour chacun", la féminisation des disciplines jusque-là réputées masculines comme le foot ou la boxe anglaise.
Raymond Lauret expose la problématique à Evelyne Combeau-Mari dans l'ouvrage collectif "Villes en crise", publié en 2005 : "Comment susciter le goût du sport chez ceux qui, en raison de l'injustice qui les pénalise dans la société, en ont justement le plus besoin ? Comment les amener à se surpasser dans la dépendance physique raisonnée et les aider à trouver une motivation et une valorisation de leurs efforts alors que pèse dans leur tête et dans leur coeur le sentiment d'être des exclus ? Ce n'est pas simple mais c'est essentiel ?" Oui, c'est complexe. Oui, c'est l'OMS du Port qui le fait tous les jours du lundi au dimanche, et pendant pratiquement tous les jours de l'année.
Bien entendu son projet est à questionner, à faire évoluer dans la recherche d'une meilleure efficience.
Mais attention mesdames et messieurs les responsables, il n'y a pas pire qu'un pouvoir aux décisions anonymes. Vous avez le choix entre marquer positivement de vos noms l'histoire d'une ville qui ne demande qu'à continuer à grandir, en contribuant à l'évolution de ce projet associatif, ou de compromettre sérieusement son avenir. Sachez que dans ce dernier cas, c'est aussi votre projet que vous risquez de mettre en danger et avec lui tout un territoire et une population qui n'a rien demandé et qui n'a pas besoin d'une disqualification de plus. Méditez sur la cas de Saint-Louis, qui en 2001 perdit un des OMS les plus innovants de La Réunion. Et sous prétexte que les "associations sont de gauche" le Maire de l'époque décida de lui supprimer les subventions. On sait ce qu'il advint de ce territoire...