Tribune libre de Bruno Millot

Le Medef Réunion ne va pas dans la bonne direction

  • Publié le 4 juillet 2016 à 14:20

Je tiens d'abord à remercier tous ceux qui m'ont accordé leur confiance à travers les 222 suffrages qui se sont portés sur ma candidature lors des élections du Président du Medef Réunion ce vendredi. Je suis rentré tardivement dans cette campagne contre Goliath. Je me devais de faire ce combat pour la Réunion et pour moi-même. Je ne voulais pas rester spectateur de mon futur.

La "machine" Medef", les réseaux occultes, les "pressions", les lobbies et les arrangements "entre amis" ont fonctionné à plein rendement dans les derniers jours de la campagne. Les trahisons et la "chasse" aux procurations ont fait le reste : qu'une personne puisse voter avec le pouvoir de 30 autres ne me paraît pas très démocratique.

Pourtant, je n'éprouve pas d'amertume et je ne regrette rien, au contraire. J'ai adoré cette campagne. J'ai débarqué le 6 juin dans cette aventure : je voulais offrir une alternative, créer des débats et légitimer le futur président par une élection et non une désignation. J'ai réussi au-delà de mes espérances.

J'ai appelé ou rencontré plus de 400 chefs d'entreprise !!! Ils m'ont tous bien accueilli, presque tous … J'ai découvert de l'envie et de l'énergie, de la fierté d'être réunionnais, français, de payer des impôts en France et même d'être européen : on est loin du Reunixit. J'ai découvert des compétences extraordinaires et une diversité fabuleuse : un fabriquant de tablettes électroniques qui exporte dans 12 pays à partir de la Réunion, un inventeur de vélos électriques qui les fait fabriquer en Bulgarie avant de les réexporter, un artisan qui brasse sa propre bière réunionnaise et bien d'autres.

A côté de cette énergie "formidable" qui ne demande qu'à s'exprimer et à travers ces jeunes soucieux de prendre leur destin en main, j'ai également décelé des angoisses face à un avenir incertain et des attentes fortes envers le Medef Réunion.

Je me suis battu autour de 3 idées :

1. L'union patronale:
Elle est vitale : la désunion patronale est un suicide collectif de la Réunion Economique. Ce front patronal que j'appelle de mes voeux est le seul levier qui nous permettra de faire avancer nos projets. Il permettra de mettre en commun nos compétences et nos énergies. Le Medef Réunion pourra en être le leader s'il abandonne sa condescendance et dialogue enfin avec les autres syndicats patronaux.

2. Une vision partagée de l'avenir de la Réunion
Elle est indispensable : on ne peut pas avancer sans un projet écrit, partagé et qui fasse rêver. Nous avons besoin d'un cap. Les candidats à l'élection présidentielle qui nous visitent nous posent invariablement la même question : "quel est votre projet pour votre île?" Le silence est notre seule réponse.

3. La création de richesse à la Réunion
Elle est fondamentale : les transferts publics qui "perfusent" notre économie doivent rester à la Réunion pour enrichir notre territoire et préparer l'avenir. Les entreprises qui "jouent le jeu" de le Réunion et investissent localement doivent en être récompensées. Des outils de mesure existent. Que l'ancien Président investisse en métropole les gains qu'il a pu faire à la Réunion n'est pas un bon signal. Il faut également que les marchés publics, en toute légalité, s'orientent vers les compétences locales.

Malheureusement, le nouveau Président dans son premier discours ne semble pas aller dans cette direction : "flinguer" - comme l'écrit la Presse - les autres syndicats est suicidaire, "se fâcher" avec l'Etat est contreproductif.
Ce n'est que partie remise mais nous n'aurons pas beaucoup d'autres occasions et le temps presse…

Bruno Millot, chef d'entreprise

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