Tribune libre d'Anaïs Patel, La République En Marche

Baisse de la dotation de contrats aidés : Propositions pour une meilleure gestion des contrats aidés

  • Publié le 10 août 2017 à 12:00

Comme tous les Réunionnais, c'est avec stupéfaction que j'apprends que la rentrée scolaire est menacée du fait de la baisse de contrats aidés. En effet, nous nous demandons, comment est-il encore possible qu'au 21ème siècle, dans un département français, les emplois liés à la scolarisation de nos enfants ne soient pas des emplois pérennes pleinement intégrés au personnel municipal.

Certes, notre contexte social impose que nous ne supportions pas les coupes budgétaires à taux égal avec la Métropole mais cette crise, à quelques jours de la rentrée scolaire doit nous alerter que la nécessité de réfléchir à un nouveau modèle social et économique.

Pire, au delà des considérations purement budgétaires et des chiffres, nous oublions le plus important, l’Humain. En 2016, 24 000 contrats aidés ont été attribués aux collectivités et aux associations. Nous citons ces chiffres sans prendre en considération que cela concerne 24 000 Réunionnais dont 74% ne bénéficieront pas d’un emploi de longue durée. Sommes-nous réellement conscients de ce que nous faisons subir à ces personnes. Après une période de chômage de longue durée voire de très longue durée, nous donnons de l’espoir à ces personnes de pouvoir retrouver leur dignité grâce à ce précieux sésame : un travail. Mais une fois l’euphorie de la première année passée, les bénéficiaires, se retrouvent, dès le début de la seconde année dans l’angoisse de ne pas voir leur emploi renouvelé. Souvent, le couperet tombe: fin du contrat et retour dans les méandres du chômage et ce, malgré leurs efforts pour être à la hauteur du poste.

Les conséquences de ce non-renouvellement sont lourdes du point de vue personnel évidemment mais également concernant le ressenti envers la classe politique. La plupart des personnes passées par le système des contrats aidés sont déçues des politiques, certaines se sentent même trahies, d’autres ressentent un véritable dégout. De leur côté, les politiques estiment avoir rempli leur devoir envers ces personnes en leur proposant ce contrat. Sauf que l’attente de ces personnes n’était pas d’avoir accès à un contrat mais de le garder. Leur attente légitime était l’insertion professionnelle. Il y a donc un véritable décalage entre l’attente de ces personnes et la réponse qui y est apportée. Notre système qui depuis plusieurs années est basé sur la gestion de la misère sociale par les contrats aidés est à bout de souffle.

Nous le voyons, cette solution est inefficace pour lutter contre le chômage. La Ministre du Travail l’a rappelé " les contrats aidés sont extrêmement couteux pour la Nation, ils ne sont pas efficaces dans la lutte contre le chômage et ils ne sont pas un tremplin pour l’insertion professionnelle.". Nous invitons donc les élus à réfléchir à un nouveau modèle économique pour notre île et à s’unir pour porter ensemble l’idée d’une zone franche globale, d’une meilleure insertion régionale et d’une réforme de l’octroi de mer. Ces trois leviers sont importants pour sortir notre île du marasme dans lequel elle se trouve.

Nous devons évidemment conserver cette solution des contrats aidés pour le milieu associatif qui est un levier social essentiel à notre département et qui a besoin de ces contrats pour continuer à aider la population.

Un certain nombre de contrats aidés devra cependant continuer à être mis à disposition des collectivités mais de notre point de vue, plusieurs mesures devraient être prise en urgence par les collectivités :

  • Sécuriser de manière pérenne les emplois dans les secteurs sensibles comme l’éducation, la protection de l’enfance, la lutte contre les maladies vectorielles, l’aide aux personnes âgées, etc…
  • Confier la gestion des contrats aidés au Pôle Emploi afin d’éviter les risques liés au clientélisme.
  • Offrir un statut protecteur aux bénéficiaires de contrats aidés en demandant l’alignement du traitement des bénéficiaires de contrats aidés non-marchand sur ceux du secteur marchand. En effet, le bénéficiaire d’un contrat aidé en collectivité ne bénéficie d’aucune protection liée à son statut précaire. A la fin de son contrat, deux ans en général, la collectivité ne lui devra aucune indemnité de précarité comme c’est le cas lors d’un contrat à durée déterminée. Pourtant, lorsqu’une entreprise privée recrute une personne en contrat aidé sur une durée déterminée, l’indemnité de précarité sera due à la fin du contrat. Lorsque  l’entreprise privée choisit un contrat à durée indéterminée (aide plus avantageuse car plus longue sur le temps), le salarié bénéficiera de la protection du CDI et ne pourra pas être licencié à la fin de l’aide financière (en général 15 mois).

Cette baisse des contrats aidés doit être une opportunité pour nous les Réunionnais de proposer au nouveau Gouvernement le modèle que nous souhaitons pour les futures générations. Saisissons-là !

 

Anaïs Patel, La République En Marche 

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2 Commentaires
Monique la traitre
Monique la traitre
6 ans

JE POSE UNE QUESTION C UN GOUVERNEMENT EN MARCHE OU EN RECUL ?

CITOYEN
CITOYEN
6 ans

UN CONTRÔLE DE LA BONNE UTILISATION DES CONTRATS AIDES .