
La geôle de Juliette Dodu est une traçabilité historique inséparable de la fondation sociétale de l’ile de La Réunion. En quoi ce patrimoine matériel du peuple réunionnais de par son architecture datant de trois siècles devient une urgente pour construire des logements sociaux ? C’est construire des logements sur l’histoire et la souffrance de nos ancêtres marrons, poser des égouts qui souilleraient, qui emprisonneraient un peu plus les cris de ces Kafs, ces nègres, ces engagés.
Aucune collectivité et bailleurs sociaux en France n’oseraient construire des logements sur un lieu qui abrite l’histoire mémorielle de toute une région, mais à La Réunion l’inacceptable est possible. Ce genre d’effacement de la mémoire est une faute politique qui éloigne encore plus le réunionnais de sa réalité, faire de lui un homme sans mémoire, dépourvu d’histoire, cacher ses blessures sociétales. L’esclavage depuis la loi Taubira de 2001 est reconnu en tant que crime contre l’humanité.
Effacer l’histoire de cette prison est tout simplement un second crime perpétué par le conseil municipal de Saint Denis et la SHLMR. Que fait la DAC OI ? Le conservateur des monuments historiques ? L’Architecte des bâtiments de France ?
La prison de Juliette Dodu est un espace qui doit abriter un musée d’histoire, de l’esclavage et du marronnage à La Réunion, une richesse inestimable qui protègera notre identité réunionnaise des vautours de l’inutile.
Erick Murin
Responsable du CRAN Réunion
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