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Bois Blanc, la duplicité de l'Etat

  • Publié le 2 juillet 2019 à 14:38

La CDNPS, Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites, a donc décidé de lancer une procédure de " mise à jour " du Schéma Départemental des Carrières pourtant approuvé en 2010 et ce, dans le but d'y intégrer le site de Bois Blanc qui n'y figurait pas (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Pour mémoire, rappelons qu’en 2014, le Préfet, prenant conscience de la gravité du problème de l’approvisionnement en matériaux pour le chantier de la nouvelle route du littoral, avait tenté de faire modifier ce Schéma des Carrières mais que la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux avait annulé sa décision en 2018 et que l’affaire est actuellement en examen devant le Conseil D’État.

Le Préfet utilise donc la CDNPS, une commission où les associations de protection de l’environnement sont minoritaires mais où les élus et les professionnels du BTP sont majoritaires, pour passer en force, coûte que coûte, sans attendre la décision du Conseil d’État, afin construire la digue pharaonique de la Route du Littoral dont l’impact destructeur est pourtant dénoncé par toutes les instances environnementales.

Le rapport présenté ce lundi 1er juillet par les services de l’État devant la CDNPS pour justifier cette " mise à jour ", travestit la vérité en affirmant que le Schéma des Carrières de 2010 aurait été fautif et  n’aurait pas anticipé la quantité de matériaux nécessaires au projet de nouvelle route littorale  de l’époque : " en effet les besoins en matériaux du projet " route du littoral " intégré dans le SDC ne sont évalués qu’à 5 millions de tonnes ".

Effectivement, le Schéma des Carrières de 2010 estimait le besoin à seulement cinq millions de tonnes pour la route mais ce que ne disent pas les services de l’État, -et là, on peut douter de leur sincérité- c’est que lors de l’élaboration du Schéma de 2010, le projet ne concernait alors qu’une route à 2 x 2 voies dont le chantier devait être alimenté en roches et remblais par plus de trois millions de tonnes de matériaux extraits du chantier du Tram Train via le creusement de ses tunnels. Voilà la vérité que visiblement on veut aujourd’hui masquer.

Car la nouvelle majorité du Conseil Régional, élue en mars 2010, a décidé d’abandonner le tram train et de construire finalement une route beaucoup plus imposante, une 2 x 3 voies. Ce n’est donc pas le Schéma de 2010 qui est fautif, mais ce sont le Conseil Régional sorti des urnes en 2010 et l’État qui n’ont pas anticipé le fait que ces nouvelles décisions régionales allaient bouleverser la donne en matière d’approvisionnement en matériaux. La disparition du tram train, faisait perdre plusieurs millions de tonnes de matériaux et le passage d’une 2 x3 voies à une route maritime pharaonique sur 3 x 3 voies, faisait exploser le besoin en roches massives.

C’est ce qu’avait cependant bien vu dès octobre 2011, l’Autorité Environnementale qui pointait la gravité de ce problème et conseillait à la Région de choisir un tracé en tout viaduc.

C’est pourquoi nous demandons aujourd’hui à l’État, c’était aussi l’objet de notre courrier au Ministre de l’Écologie, de n’entreprendre aucuns travaux avant d’avoir fait réaliser une " expertise indépendante globale " sur la construction de la digue et notamment sur ses impacts aussi bien pour les sites d’extractions que pour le site du chantier en mer par rapport aux espèces menacées. Cette expertise est officiellement demandée depuis décembre dernier par le Conseil National de la Protection de la Nature, il est temps de suivre son avis.


Jean-Pierre Marchau, secrétaire Régional Europe Écologie Les Verts Réunion

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