Tribune libre de Jean-François Nativel

Six ans d'interdiction de baignade provisoire

  • Publié le 26 juillet 2019 à 13:46
  • Actualisé le 26 juillet 2019 à 18:24

Le 26 juillet 2019 nous fêtons les 6 années d'interdiction " provisoire ". 2191 jours que l'on fait espérer pouvoir à nouveau accéder à notre environnement. Alors qu'en ce moment même, sur toutes les côtes métropolitaines, l'océan est célébré comme une fête, entraînant un développement économique providentiel des régions littorales. Nous, nous restons à la traîne, comme si les Réunionnais ne vivaient pas assez d'inégalités.

Début juillet 2019, il y a eu un appel à candidature pour l’organisation de l’épreuve de surf aux JO 2024 qui se dérouleront en France. 3 candidatures ont été posées : Biarritz, Lacanau et Tahiti. De l’avis de tous les spécialistes, la Réunion aurait été le lieu idéal, mais nos instances locales n’ont même pas dénié le faire, alors que beaucoup l’espéraient.

Ce choix n’est pas anodin, il s’agit d’un aveu d’échec anticipé, une absence totale d’ambition : ils ne se sont même pas risqués à imaginer qu’en juillet 2024, dans 5 ans, la débauche de moyens et d’énergie déployés d’ici là aurait pu conduire à enfin solutionner ce problème, et à une levée de l'interdiction ? Non pas l’atteinte d’un risque zéro, mais juste un retour à un risque acceptable, tel que nous le connaissions, dans les zones sauvages et réputées de l’île. Que d’ici là nous ayons pu retrouver nos plages historiques de Boucan Canot, Saint-Gilles, Saint-Leu l’Étang-Salé, en famille, simplement, comme avant. Non, l’espoir n’est pas du côté des institutions et autorités comme l’illustre l’absence de candidature réunionnaise.

Pourtant, tout le monde se rappelle dès les années 90 les compétitions internationales de surf qui se déroulaient à Saint-Leu, ou encore à Saint-Pierre. Des événements qui faisaient rêver, qui nous apportaient une large notoriété.

Car nous n’aurions aucune chance d’organiser les JO dans d’autres disciplines. Ni nos terrains de handball de volley, nos pistes d’athlétisme ne feraient suffisamment rêver pour imaginer accueillir une épreuve. Non, notre seul et unique atout capable de séduire les dieux de l’Olympe, c’est notre océan, nos vagues exceptionnelles. Nous ici, nous ne pouvons pas espérer plus que les " jeux des îles ". Et pourtant, une épreuve olympique serait un fantastique outil, qui ferait connaître la Réunion, non pas qu’aux îles soeurs, mais bien cette fois-ci à des milliards de téléspectateurs.

Saint Leu est une des plus belles vagues du monde, longue, idéale pour les manoeuvres, et juillet c’est la meilleure période, avec des vagues tous les jours. La compétition aurait été incroyable.

Les gens auraient vu des spots publicitaires vantant les atouts de notre joyau. Cela aurait pu être le déclic d’un réel décollage touristique, espéré vainement depuis tant d’années en tant que moteur économique. Mais non, ce ne sera pas notre île, et les Réunionnais regarderont pour la plupart sans même comprendre qu’on sera passé à côté d’une occasion unique. Et comble de l’histoire, il devrait y avoir au moins un Réunionnais parmi les 4 représentants Français de cette épreuve. Consolation dérisoire, surtout quand on sait que ce sont les derniers champions réunionnais.

Ce sera donc une ville du sud-ouest de la France, même si la mer y est moins attrayante, et les vagues bien plus rarement spectaculaires. Ou alors à l’autre bout du monde à Tahiti, avec une vague certes de niveau mondial, mais impossible à regarder depuis la plage car trop éloignée du rivage, des infrastructures moindres par rapport aux nôtres, où nous avons l’habitude d’accueillir des gros événements. Sans parler des 12 h de décalages horaires là-bas, qui ne favoriseront pas les directs, alors que nous ici nous n’en avons que 2.

En attendant les attaques continueront de ternir notre image. Nous venons juste d’être à " l’horreur " sur National Geographic, et nous le serons aussi le 1er août prochain sur Discovery Channel. Nous y apparaissons comme de vulgaires cobayes, des martyrs rêvés, nécessaires pour expier tous les maux de la planète.

Tandis que Tahiti semble partie avec une longueur d'avance pour les JO de surf de 2024, La Réunion elle, reste à la peine, tout juste bonne pour les " jeux du cirque "…

Jean-François Nativel

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1 Commentaires
François
François
4 ans

Ce monsieur s'illustre par 6 ans de prise de position ridicule à tel point que personne ne le suit dans les décideurs. Aucune force de persuasion et des arguments qui s'assoient sur le minimum requis : l'homme ne peut soumettre l'océan à ses désirs.