Tribune libre de la SAPPMA

Légine: les petits pêcheurs de la SAPPMA interpellent le Président de La République

  • Publié le 8 août 2019 à 06:09
  • Actualisé le 8 août 2019 à 06:33

Courrier que les petits pêcheurs de la SAPPMA viennent d'adresser au Président de la République pour l'interpeller sur leur prochaine éviction de la légine australe au bénéfice de quatre opérateurs historiques qui ont depuis 20 ans tourné le dos à La Réunion et à la pêche réunionnaise. Les petits pêcheurs de la SAPPMA attendent du Président de La République qu'il change l'issue inévitable et injuste de ce dossier. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Monsieur le Président de La République,

Depuis 2017, nous, les quatre-vingt-dix associés de la société des artisans pêcheurs professionnels des mers australes (SAPPMA) attendons qu’un quota de légine économiquement viable soit attribué par la Préfecture des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) à l’armement Réunion Pêche Australe (RPA), dont nous sommes tous actionnaires.

Durant ces deux années, nous avons suivi avec attention, avec retenue et aussi beaucoup d’espoir les missions d’inspection générale diligentées par le Gouvernement pour préparer la réforme du plan de gestion et les critères d’attribution des quotas de cette ressource australe très convoitée qu’est la légine.

Conformément aux annonces faites par la préfecture des TAAF et ses ministères de tutelle, ce nouveau plan de gestion se devait de “concilier l’exigence de stabilité et de visibilité des armateurs, l’exigence de concurrence effective et d’améliorer les retombées de cette activité pour l’emploi et l’ensemble de la pêche de l’île de La Réunion.”

L’arrêté n° 2019-59 du 2 juillet 2019 de la préfecture des TAAF qui porte approbation du plan de gestion pour la période 2019-2025 de la pêcherie de la légine australe n’y répond absolument pas. Ce nouveau plan est venu encore renforcer par ses critères d’attribution l’oligopole des armements historiques dans cette pêcherie.

Faut-il voir, Monsieur le Président de La République, dans cette situation la volonté du Gouvernement de laisser un petit cercle fermé d’armateurs privilégiés et influents s’accaparer de nouveau, comme cela est le cas depuis plus de 20 ans, l’intégralité du revenu d’une ressource halieutique prisée au détriment des pêcheurs artisans que nous représentons ?

A chacune de vos interventions sur l’outre-mer depuis votre élection, encore en ce début d’année lors du Grand Débat National avec nos élus ultra-marins et dernièrement lors de la signature des Contrats de convergence et de transformation, vous n’avez pas cessé de défendre un modèle de développement économique pour nos territoires, moins dépendant des deniers publics, basé sur le rétablissement de la concurrence et sur la fin des rentes de situation, des monopoles et des privilèges.

Ce ne sont pas les orientations que le Gouvernement a prises dans le plan de gestion de la pêcherie de légine australe pour les six prochaines années. Faut-il en déduire, Monsieur le Président de La République, que les TAAF doivent être traitées en dehors du cadre de la République ?

Notre mobilisation pacifiste devant le siège des TAAF le 1er août 2019 avec plus de cinquante petits pêcheurs n’a donné lieu qu’à du mépris de la part la préfecture puisque personne de l’Administration n’a daigné venir à notre rencontre. Le nouveau plan de gestion de la pêcherie de légine australe condamne ainsi la petite pêche réunionnaise à dépendre exclusivement de l’assistanat public pour exister ou à accepter l’aumône et son asservissement par les armateurs historiques de la grande pêche australe pour sa survie, comme aux sombres moments de l’Histoire réunionnaise. La promesse d’une contribution annuelle de 350.000 euros au Comité des pêches en échange de notre exclusion de cette pêcherie en est la preuve.

Le projet collectif et rassembleur de la pêche réunionnaise, auquel nous avons tous adhéré en investissant nos économies dans la nouvelle société " Réunion Pêche Australe ", vise à nous permettre de prendre en main notre destin. N’est-il pas louable que la petite pêche réunionnaise s’organise comme nous l’avons entrepris pour rendre viable par nous-même notre métier ? N’est-ce pas légitime de vouloir vivre, comme nous l’entendons, dignement de notre activité sans dépendre de la charité d’armateurs qui se sont depuis toujours désintéressés de La Réunion ?

Devrons-nous encore supporter que les ressources halieutiques aux portes de La Réunion, qui sont la propriété de l’Etat, bénéficient qu’au groupe des quatre armements historiques au détriment du territoire réunionnais et de ses pêcheurs artisans ?

Jamais en effet jusqu’alors, les pêcheurs réunionnais que nous sommes n’avaient pu trouver une place dans le capital des armements historiques pour partager le revenu que la pêcherie de légine leur apporte avec plus de 120 millions d’euros de chiffres d’affaires annuels et 79% de taux de marge.

Jamais avant Réunion Pêche Australe, qui nous a ouvert son capital à hauteur de 25%, les armements historiques ne s’étaient autant intéressés à notre destin de petits pêcheurs et au territoire de La Réunion. Les attentions qu’ils cherchent aujourd’hui à démontrer au Gouvernement en direction de notre secteur et de notre île ne visent qu’à conserver leurs droits qu’ils considèrent immuables et acquis dans cette pêcherie, et que les TAAF viennent de confirmer par ce plan de gestion que nous contestons.

LAISSEREZ VOUS, Monsieur le Président de La République, les petits pêcheurs qui vous interpellent ce jour, être écartés par le Gouvernement de la légine australe au profit d’un oligopole d’armements initiés ?

ABANDONNEZ VOUS, Monsieur le Président de La République, l’idée que la jeunesse réunionnaise se tourne davantage vers la mer pour libérer ses énergies et faire de ce milieu qui l’entoure une terre d’activités, de développement, d’emplois et revenus ?

RÉDUIREZ VOUS, Monsieur le Président de La République, la pêche réunionnaise à dépendre de la ressource pélagique non contingentée qui est pillée par les flottilles mondiales utilisant des techniques de pêche non sélectives en océan Indien et à se résoudre à accepter l’aumône de la grande pêche australe pour mieux l’asservir ?

Confiants de votre autorité pour changer l’issue inévitable et injuste de ce dossier avant votre déplacement à La Réunion, nous vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en notre plus respectueuse considération.

Pour la SAPPMA,
son gérant, Stéphane Vienne,
et ses quatre-vingt dix associés, ci-après listés, BINET Christophe, BRIAND Pascal, DELMAS Charles, FOLIO Judicaël, ENILORAC Pascal, GAZZO Thierry, GAZZO Baptiste, JAUNEAUD Loïc, JAUNEAUD Rodolphe, JUVENAL Jianny, DE LAPENIN DUMONT Yves, MONDON René Claude, MUSSARD Joseph Joël, PAYET Pierre, PAYET Florian, POISSON Tom, TECHER Jean Willy, VITELLI Nicolas, LE PAPE Frédéric, POISSON Philippe, VIENNE Stéphane, JOBERT Daniel, NICOLE Joël, PAYET Erudel Nicolas, RAKOTOMALALA David, PERRY Christophe, DESHAYES Mathieu, FOLIO Jean François, PAYET Felix, SALIMINA Frédéric, NICOLE Johnny, JOLIVET Véronique, ALIAZY Mahamoudou, AUBRAS Nathaniel, AUDIT Ruddy, BAROCHE Jean-Louis, BEDANI Ahmed, BEDANI Vally, BERNARD Julien, BOSSA David, BUREL Jean-Claude, BUREL Vincent, CADET Cédric, CAPITAINE Thierry, CHEVALIER Jacques, CHEVALIER Olivier, CHICHERY Michel, COQUIS Victor, COTBAY Max, DAMOUR Régis, DE JOUVANCOURT Gilbert, DELGARD Julien, DUCLOS Christophe, ENILORAC Jean-René, EUPHRASIE Emilien, FAULLE Jérôme, GANNE Bruno, GASPARD Patrick, GENCE Nicolas, GRONDIN Eric, HANG-SI-LAN John, HOAREAU Mathias, IHAROUR Vincent, LAVAUD Anderssino, LEBIAN Rodrigue, LEDUC Valentin, MARTIN Bruno, MELCHIOR David, PATCHAMA Jean-Frédéric, PAYET Frédéric, PAYET Guy-Noël, SINAMA Marie-Noëlle, VALEAMA Florent, VANDENNOORTGATE Franck, VISNELDA Jean-Yves, ZITTE Gérard, ZITTE Patrick, ZITTE Frédéric, HOAREAU Jacky, SAVIGNY Alix, HOAREAU Bernard, LEBIAN Rodrigue, SAVALL Yann, FONTAINE Laurent, NICOLE Bernard, EUPHRASIE Emilien, TAOCHY Cédric, LEMBERT Joël, HOAREAU Mathias, LEBIAN Gary, dont plusieurs, présents à la manifestation le 1er août 2019 devant la préfecture des TAAF, ont tenu à signer cette interpellation.

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