Courrier des lecteurs de Jean Claude Comorassamy

Le neuropsychiatre Maurice Jay fût le père bâtisseur, visionnaire de la psychiatrie moderne et d'addictologie

  • Publié le 16 septembre 2019 à 07:18
  • Actualisé le 17 septembre 2019 à 07:00

Il y a onze ans, c'était exactement le 10 juin 2008 que le docteur Maurice Jay père de la " psychiatrie moderne " s'en est allé à l'âge de 83 ans. Derrière lui, Il laisse sa belle empreinte gravée dans l'histoire de l'Île de la Réunion et de santé mentale, reconnaissable dans ce processus d'évolution dont la notion d'alliance et relation thérapeutique, le concept d'humanisme ont émergé au fil des années (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Pourtant, rien ne prédisait que ce médecin deviendrait ce psychiatre d’exemption et d’exception pour la Réunion. Puisqu’en 1960, venu de Reims, il débarque sur l’Île pour un remplacement de quatre mois, puis  il s'est retrouvé bloqué, car il n'y avait personne pour assurer la Direction du Centre Hospitalier Spécialisé de St-Paul (CHS). "Je ne pouvais plus partir, sinon j'aurais perdu le bénéfice de mon concours pour cause d'abandon de poste dira t-il”.

Ainsi jusqu’en 1973, le docteur Maurice Jay cumulera la fonction de Directeur du CHS et celle d’un grand psychiatre, bâtisseur et visionnaire de cette psychiatrie moderne. Soit 33 années  passées d’une époque d’asilaire vers évolution à une psychiatrie plus humaine au sens le plus général. Histoire peut-être dans sa propre pensée, nous insuffler qu’il y a dans la psyché, autant de clés que de portes… !

Puis, c’est en 1993, que ce passionné de la psychiatrie mais aussi expert en coquillages " péi ", dont  la connaissance fine sur les mollusques marins de la Réunion (malacologie et de conchyliologie), fût sûrement pâlir bien des protecteurs marins à la Réunion, entama sa retraite bien méritée, jusqu’à " li la désot la vi " le 10 juin 2008.

Cependant, il ne faut pas aussi oublier, comme l’avait rappelé ce jeudi le Chef du service d’addictologie du CHU Félix Guyon et président de la fédération régionale d’addictologie de la Réunion (FRAR) le praticien David Mété, que le neuropsychiatre Maurice Jay faisait parti des trois pionniers de l’addictologie avec le docteur Guy Letourneur et le docteur Jean Paul Aubin. D’ailleurs, lors de l’inauguration de cet " outil extraordinaire ", il s’agit en fait de l’ouverture d’un  l’hôpital de jour au CHU St-Denis, où trois plaques ont été dévoilées rendant hommage à l’action de ces pionniers, et aussi au docteur David Mété pour son combat éternel contre les conduites addictives, véritable fléau pour la santé publique réunionnaise.

En finalité, reconnaissons tous, que l’addictologie à la Réunion n’aurait pu naître sans les actions de ces trois pionniers. Auxquels il est important de rendre hommage aujourd’hui encore, pour que l’œuvre soit poursuivi et qu’il reste toujours gravé dans le marbre de nos mémoires. Cependant, même si des réels progrès ont été réalisés grâce aussi au docteur David Mété. Pour autant, nous devons admettre qu’il reste encore un très long chemin à parcourir pour arriver à des résultats pleinement satisfaisants.

C’est peut-être le constat qu’aurait pu faire valoir le premier neuropsychiatre de l’asile de St-Paul. Figure ô combien marquante, riche et inventive de la psychiatrie réunionnaise, dont je me suis nourri pendant ma longue carrière professionnelle. Bref, à quelques jours de terminer ce beau chapitre de la psychiatrie, je souhaite ici mettre en lumière les innovations des cliniques psychiatriques réunionnaises à travers le docteur Maurice Jay et de saluer la mémoire de l’homme visionnaire qu’il fût.

Jean Claude Comorassamy, éducateur en pédopsychiatrie

guest
0 Commentaires