Courrier des lecteurs de Jaques Dijoux

Macron flingueur

  • Publié le 23 octobre 2019 à 10:10
  • Actualisé le 23 octobre 2019 à 10:11

Monsieur le Président, vous avez déclaré, vouloir une baisse drastique du permis de conduire, au motif qu'il serait trop cher. Non, Monsieur le Président, c'est lié au coût de la vie : aux charges et taxes. Tous les experts comptable vous diront qu'une heure de conduite devrait être économiquement au alentour de 60 euros

Or, en métropole on est en moyenne à 45 euros et à la Réunion 40 euros. La marge est très faible, alors on fait 200 heures pour " sortir la tête de l’eau ". Si vous ne connaissez pas cette réalité, il faut changer de conseiller. Ou alors, c’est une déclaration populaire à visée électorale. Mais le peuple s’en se laisse tellement conter ! Votre déclaration a stigmatisé notre profession. Le problème n’est pas le coût du permis, mais la difficulté qu’éprouve le jeune à le financer. Votre permis à 1euro/jour est une pseudo-aide, car il faudra rembourser la banque 30 euros/mois sur 3 ans.

On finance les études, et on n’arrive pas à financer le permis ? Son utilité conditionne souvent l’accès à l’emploi.

De surcroit les élèves conducteurs, ont besoin de beaucoup plus que les 20 heures obligatoires. Certes, il existe des enseignants peu compétents. Mais l’incapacité d’un trop grand nombre d’apprenants est devenue un vrai frein à leur progrès. Je suis navré mais nous sommes nombreux à nous en plaindre.

Je vous cite quelques exemples pour illustrer. L’inspecteur demande au candidat : "que signifie un voyant d’alerte au tableau de bord" ? Réponse : "j’ai un problème avec le tableau de bord".

Un autre tourne à gauche, au feu vert, à une intersection : il s’estime prioritaire sur celui qui arrive en sens inverse. On cale plusieurs fois. L’inspecteur dit : "j’espère que vous n’allez pas calé 10 fois quand même !" Le candidat répond : "mais c’est la première fois que je passe mon examen". C’est désolant !

Le stress n’explique pas tout. Ils vont à l’examen, avec un niveau insuffisant. Et surtout que l’on ne préconise pas des cours supplémentaires. Nous sommes des voleurs.

Dans cette société qui part à vau-l’eau depuis des décennies, le métier est devenu ingrat. Les jeunes enseignants ne font pas long feu. Apprendre à manipuler un véhicule n’est pas difficile quand on comprend les explications.

Exemple : l’élève n’embraye pas après avoir rétrogradé. Vous lui faites comprendre qu’il n’y a pas eu de frein moteur. On vous répond : "c’est parce que je n’ai pas freiné suffisamment ?" C’est désemparant.

Ils ont du mal à cordonner les gestes, à doser le freinage ou l’accélération. Ce n’est qu’au de 15 à 20 heures que l’aspect sensori-moteur s’améliore. Quant à la phase d’analyse de l’environnement et la prise de décision, c’est ardu. La conduite, n’est pas un apprentissage facile. C’est plein de nuances et de subtilité car chacun oeuvre selon ses motivations et ses compétences. C’est donc compliqué de s’adapter en permanence.

En conduite accompagnée les 20 heures peuvent suffisent. Mais le niveau d’autonomie exigée à l’examen nécessite 25 à 50 heures, en formation traditionnelle. Par ailleurs, connaissez-vous beaucoup de formation que l’on peut "boucler" en 40 heures (une semaine) ? Il y a trop d’idées reçues autour du permis. Lorsque la parole présidentielle proclame une baisse drastique, on laisse croire que les auto-écoles pratiquent des prix prohibitifs. Vous avez terni notre image.

Les croyances sont toujours rattrapées par les réalités !

Cette baisse drastique n’aura pas lieu. Car à moins de 40 euros/h c’est la liquidation de l’entreprise. Et une entreprise moribonde n’offre pas de bon salaire. C’est ça votre modèle de société ?

Il y a quelques années déjà, un inspecteur me disait : " les parents, les professeurs, la société ont mis 20 ans à les former. S’ils manquent d’habileté et de capacité à comprendre, vous ne les changerez pas en 20 heures ". C’est peut être de ce côté qu’il faut remédier.

Jacques Dijoux, Saint-Paul

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