Tribune libre de la CGPER

Bilan de la visite de M. Emmanuel Macron à La Réunion

  • Publié le 7 novembre 2019 à 09:51

Le 20 octobre dernier, la CGPER a tenu une conférence de presse annonçant qu'Emmanuel Macron ne verra pas la réalité de l'agriculture réunionnaise. En effet, si près de 70 % des agriculteurs réunionnais sont en dehors des coopératives et donc ne touchent aucune aide, le programme de la visite annonçait un pique-nique à Grand-Anse, un pique nique justement organisé par les coopératives. Notre prévision s'est confirmée. Quant au contenu des propos du président de la République, soit ils sont inquiétants, soit ils sont flous et demandent des précisions indispensables. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Nous dénoncons le système de privilège mis en place par les coopératives et orchestré par la FRCA. Ce sont là des dévoiements de l’esprit initiale ces organisations , savamment entretenus par une poignée de dirigeants . Ceux-ci ont progressivement organisé le vide autour d’eux par des licenciements onéreux de gens compétents et la démission d’autres collaborateurs pour ne garder que des sous-fifres à leur service. Dans un esprit constructif, nous entendons soutenir des désirs d’émergence de velléités de sortir de ces systèmes pernicieux.

Nous tenons à rappeler que si nous n’avons pas participé au pique-nique de Grand-Anse, nous avons encore été force de propositions pour les agriculteurs réunionnais. En effet, nous avons été reçus le 26 novembre par François Guillaume, ministre de l’Agriculture, avec d’autres organisations. Nous tenons à souligner que lors de cet échange, nous avons été le seul syndicat à remettre au ministre des propositions écrites. Nos propositions ont également été publiées dans la presse locale le jour de l’arrivée du président de la République.

Sur les annonces du président de la République

Il ne nous a pas échappé que le Président a été littéralement cornaqué par la pensée unique de ces privilégiés et des services de l’Etat.

Sa sortie , initialement non programmée, aux Camélias est, à notre sens révélatrice de la volonté du Président de sortir de ce carcan.

Nous nous interrogeons sur la capacité réelle qu’il a eu de se faire une idée juste de la situation générale de la Réunion.

Ce sont toujours les même instances,les mêmes personnes qui sont sensées représenter le monde agricole.Toute initiative originale, sortant du moule ,du modèle est étouffée par avance.

Emmanuel Macron affirme que l’agriculture à La Réunion est un modèle de réussite pour l’outre-mer. C’est une réussite pour une petite minorité, celle des dirigeants de coopératives, tandis que les adhérents ne voient pas la couleur des bénéfices dégagés grâce à leur travail. Il est en effet aisé de constater que les éleveurs laitiers font faillite les uns après les autres.

Concernant la canne à sucre , nous savons très bien qu’une insdustrie comme celle ci nécessite un seuil critique pour assurer sa rentabilité et sa survie. La diminution des surfaces plantées provoquera inévitablement l’arrêt de cette activité. D’ ou l’obligation de prendre des décisions fortes rapidement.

Plan pour éliminer la leucose bovine

Si réellement, comme des communiqués expliquent que des mortalités ne sont pas dues au virus de la leucose, pourquoi tant de mortalités de vaches laitères mettent en péril de nombreuses exploitations ?

On peut alors y voir les concéquences d’un plan de développement laitier ambitieux, mais qui s’est accompagné d’approximations, notamment quant à la capacité professionnelle des candidats éleveurs.

En effet, la conduite de la reproduction et de l’alimentation des races performantes et fragiles requiert des compétences qu’aucune instance de formation n’est toujours pas en mesure de prodiguer à la Réunion . Est-ce normal ?

Qui se souvient du rôle de l’élevage laitier du Lycée Agricole de St Joseph dans les années 70_80 ?

Maintenant tout est à revoir et à repenser.

Mais où en est donc le plan d’assainissement ?

Emmanuel Macron a annoncé qu’avec les moyens de l’État, la leucose sera éliminée en 4 ans. Cela suppose de faire ce que l’on appelle dans le milieu, le vide sanitaire, en clair abattre les animaux des élevages concernés. Or, le taux de prévalence de la leucose dans le cheptel réunionnais est estimé à 80 %. Nous pensons que c’est faisable pour la filière viande, mais que cela pose d’énormes difficultés pour la filière lait. En effet, il est interdit d’importer des vaches laitières à La Réunion, l’implantation embryonnaire ,technique pas develloper à la Réunion ,comment reconstruire le cheptel, et surtout comment seront indemnisés les éleveurs qui ne sont en rien responsables de cette maladie ?

Pour ajouter à la confusion, un échange de courrier entre le DAAF et deux association de consommateurs confirme le délai de 4 ans pour la filière viande, mais évoque un délai de 10 ans pour la filière lait.

Comment gérer les deux cheptels différement alors qu’on sait l’un des vecteurs de la leucose est une mouche présente dans tout le cheptel réunionnais ?

Le président de la République est donc contredit par le plus haut représentant du ministère de l’Agriculture à La Réunion.

Tout ceci exige donc une nécessaire clarification.

Double contrôle sanitaire des fruits.

Depuis deux ans les instances locales connaissent la date de mise en place de cette mesure, pourquoi que maintenant tout se remu-ménage ?

Le président de la République a dit vouloir faire le maximum pour les exportations de letchis. Mais qu’appelle-t-il le maximum ? Est-ce le même maximum que pour les mangues dont on sait qu’elles ne pourront être exportées cette année. Alors M. le président de la République, dites-nous si oui ou non, nos letchis pourront être exportés vers l’Europe.

La mise en place d’un système hydro-cooling à l’aéroport serait peut-être la solution pour que nos fruits puissent voyager sans accros. Qu’en penssent ses

Messieurs du CIRAD qui percoivent des milliers d’euros de nos collectivés locales chaque années ?
nomination d’un délégué interministériel

La création de ce poste de haut fonctionnaire veut-elle dire que ceux qui sont déjà là ne font pas assez bien leur travail ?

Si les interlocuteurs locaux sont toujours les privilégiés,comment ce délégué pourra -t-il se faire une idée objective de la situation ? Tout sera aseptisé et maché par les mêmes pour que cela soit plus digestible.

En tout cas, il ne saurait être question que ce délégué viennent imposer des décisions, il devra rencontrer tous les  professionnels.

Sur ce qui n’a pas été dit par le président de la République

Le social a encore été oublié. Nous militons pour que les retraités puissent vivre dignement, avec une retraite d’au minimum 85 % du SMIC. Aucune annonce n’a été faite sur ce sujet, alors que l’écrasante majorité des retraités sont condamnés à vivre sous le seuil de pauvreté. Ceci amène des agriculteurs à continuer à travailler bien après l’âge légal de départ en retraite, ce qui bloque l’installation de jeunes agriculteurs et contribue à la hausse du chômage.

Sur l’autonomie alimentaire

Cet objectif louable que nous partageons est contrarié par les accords commerciaux que l’Union européenne signe avec l’accord de la France. Des pays produisant les mêmes produits que nous peuvent alors exporter plus facilement vers l’Europe et donc vers La Réunion, ce qui constitue une concurrence faussée, car ces productions importées ne sont pas soumises aux mêmes normes sociales et environnementales.

De plus, le président de la République n’a rien dit au sujet des produits de dégagement, ces surplus d’invendus en provenance d’Europe et d’ailleurs qui envahissent les rayons surgelés de la grande distribution au détriment de la production locale.

La Réunion possède de nombreuses ressources pour évoluer vers une plus grande autonomie alimentaire, à la condition que l’on accepte de sotir d’un concept éculé que l’on appelle régulièrement  " le modèle réunionnais ". On a trouvé là le moyen de circonscrire toute velleité de produire différemment. En effet, ceci mettrait sérieusement en cause la situation des privilégiés.

Emmanuel Macron se dit grand défenseur de l’environnement, des circuits courts, mais il n’a pas dit quelles sont ses intentions au sujet de la majorité des agriculteurs réunionnais . Nous estimons que si les aides ne se concentraient pas dans les mains des coopératives mais seraient également accessibles aux indépendants, tout le monde sera gagnant,car les consommateurs pourront accéder à des produits de qualité à un prix moins cher. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Satisfaire les consommateurs.

La CGPER

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