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Nomination de Darmani et Dupond-Moretti : l'impunité des violences sexuelles à la Police et à la Justice

  • Publié le 27 juillet 2020 à 19:46

Il était tout à fait raisonnable d'espérer que les responsables politiques chargés d'accompagner la société française vers plus de justice et plus d'égalité soient nommés pour leur intégrité et leur exemplarité. Mais non, il semblerait qu'agresser sexuellement les femmes et ne pas croire les victimes de violences sexuelles constituent des faits sans importance lorsqu'il s'agit d'être nommé Ministre.

Gérald Darmanin a été nommé Ministre de l’Intérieur; choisir comme Premier flic de France un homme sous le coup d’une enquête pour viol et d’abus de confiance n’étant “pas un obstacle” pour l’Elysée. Est-il nécessaire de parler du grotesque conflit d’intérêt que cela signifie, puisqu’une enquête en cours pour crime ne semble pas constituer un obstacle à l’occupation d’une des plus hautes fonctions de l’Etat ?

Accusé de fraude fiscale, Jérôme Cahuzac avait été contraint de démissionner en cours d’enquête. Impliqué dans une affaire de détournements de fonds publics, François Bayrou s’était retiré du gouvernement avant même sa mise en examen. Lorsqu’un politicien accusé de viol et de harcèlement sexuel n’est aucunement inquiété mais au contraire largement soutenu, le message est clair : l’intégrité, la sécurité et la valeur de la vie des femmes sont moins importantes qu’un détournement d’argent.

Rappelons que ses avocats ne contestent pas les faits, mais leur qualification pénale : pour eux, exiger un rapport sexuel en échange d’un service lorsqu’on est dans une position de pouvoir, ce n’est pas un viol, c’est... un droit de cuissage tout à fait éthique sous le ciel républicain du XXIème siècle.

Eric Dupond-Moretti a quant à lui été nommé ministre de la Justice. Affaire d’Outreau, affaire du Carlton, affaire Tron… Celui que l’on surnomme " acquittator " est de tous les procès pour obtenir l’acquittement des violeurs, des pédocriminels et des proxénètes.

La culture du viol alimente sa plaidoirie, il accuse les victimes d’être consentantes. Niant les stratégies des violeurs, les mécanismes d’emprise et les rapports de pouvoir, il affirme " à 30 ans, on n’est plus une potiche incapable de dire non ".

Contre la création du délit d’outrage sexiste, il déclare que " les femmes regrettent de ne plus être sifflées ". Pour lui, des hommes accusés de proxénétisme aggravé dans l’affaire Carlton sont " des copains qui s’offrent du bon temps ". Suite au procès Outreau, c’est la parole des enfants victimes de viols pédocriminels qui est remise en cause plus largement, et les condamnations pour viol chutent de 40% en 10 ans.

Aux associations féministes qui luttent pour l’égalité entre les femmes et les hommes (l’AVFT), il assène " vous préparez un curieux mode de vie aux générations futures " et il reprend à son compte les rances poncifs qui dénoncent " l’hystérisation du débat ". Il n’hésite pas en revanche depuis sa nomination de se déclarer “droit-de-l’hommiste” assumé, fervent défenseurs des femmes victimes de violences conjugales et même… féministe. Le hastag #OnNousPrendPourDesQuiches n’aura jamais été autant d’actualité qu’aujourd’hui.

Si les femmes ne peuvent avoir confiance ni en la police, ni en la justice, elles ne peuvent que se taire et subir les violences masculines. Cette société fait bénéficier les agresseurs d’une indulgence immodérée.

Ce qui explique qu’en France, seulement 10% des femmes victimes de viols portent plainte. Quand le Président lui-même nous explique qu’une discussion “d’homme à homme” suffit à écarter tout soupçon, que vaut la parole d’une femme ? Rien. Résultat : aujourd’hui, 1% des violeurs sont condamnés, 76% des plaintes pour viol sont classées sans suite, 82% des victimes de viol ont été mal accueillies lors du dépôt de plainte.

La nomination des ministres de la Justice et de l’Intérieur démontrent le mépris cinglant de la classe politique dirigeante envers la parole des victimes et les droits des filles et des femmes.

Nous avons besoin d’un gouvernement irréprochable, qui montre l’exemple et soit réellement engagé dans la lutte contre les violences sexuelles et pédocriminelles. Nous exigeons la démission de Darmanin et de Dupond-Moretti, et nous appelons toutes les citoyennes et tous les citoyens révolté·es par une telle impunité à se mobiliser ! Rejoignez-nous et signer la pétition qui exige le retrait des actuels Ministres.

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1 Commentaires
Leona
Leona
3 ans

C'est une honte de laisser de telles associations qui font du mal à notre société s'exprimer. Elles ne représentent qu'elles mêmes et racontent des choses fausses