Tribune libre de l'URML OI

Appel au renforcement des contrôles sanitaires

  • Publié le 12 février 2021 à 15:15

L'URML OI (Union Régionale des Médecins Libéraux de l'Océan Indien) alerte et appelle au renforcement des contrôles et des mesures de prévention. L'URML OI constate que la situation épidémique s'aggrave à la Réunion avec un taux d'incidence qui augmente progressivement et de manière très significative. Nous avons dépassé le seuil d'alerte et nous atteindrons d'ici peu les critères qui déclencheront un couvre-feu généralisé. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

 Au vu de la gravité de la situation, nous souhaitons nous adresser à la population réunionnaise. La reprise de l’épidémie est multifactorielle :

1) Les retours de vacances (Hexagone et Mayotte) et la rentrée scolaire,
2) L’introduction des variants notamment le sud-africain qui est beaucoup plus contagieux que le  virus initial qui prévalait jusqu’alors chez nous,
3) Le manque de contrôle sanitaire aux frontières : tests RT-PCR falsifiés et non contrôlés avant  l’embarquement, les motifs impérieux non respectés, le non-respect de la septaine recommandée  et la non-réalisation du test en sortie de septaine,
4) Le relâchement de la population réunionnaise quant à l’application des mesures barrières, et  encore plus avec les nouvelles consignes plus rigoureuses. Nous constatons encore trop souvent le  non-respect du port du masque adapté, le manque de distanciation physique quand le masque  n’est pas porté ou encore le non-respect des jauges capacitaires dans certains établissements  recevant du public,

Nous sommes inquiets car à la veille d’une reprise épidémique bien plus grave qu’en août/septembre ou  octobre/novembre.

L’introduction du variant sud-africain va accélérer la diffusion de l’épidémie car ce virus " s’accroche " beaucoup plus à l’homme le rendant ainsi beaucoup plus contagieux.

Cela va entrainer mécaniquement plus de cas positifs, plus de patients en hospitalisation ou en  réanimation, qui reste le goulot d’étranglement de notre système de santé.

Jusqu’à présent 1 personne Covid+ pouvait contaminer 30% environ de son entourage, ce taux passe à 90%  avec le variant sud-africain. Celui-ci circule activement sur toutes les communes de l’île et devrait être  majoritaire dans les jours à venir. Si nous faisons un parallèle avec le département de Mayotte ou l’Afrique  du Sud, nous risquons d’être submergés par l’épidémie. Notre système de soins qui fonctionne déjà à plein  régime avec la prise en charge des pathologies lourdes (pathologie cardio-vasculaire, cancéreuse,  neurologique, polytraumatisés…) ne pourra y faire face qu’au prix d’une déprogrammation massive de ces  patients fragiles avec une perte de chance comme nous l’avions constaté lors du confinement. Malgré  l’augmentation des lits dédiés en hospitalisation classique et en réanimation, la surtension du système se  fait déjà ressentir actuellement. Cela s’explique par la reprise épidémique à la Réunion et par les transferts  sanitaires de l’ensemble des français de la zone Océan Indien car c’est notre devoir de solidarité régionale  qui doit prévaloir en toutes circonstances.

L’évolution de l’épidémie sur notre île dépend essentiellement de plusieurs actions :

1) Prévention avec une application stricte des mesures barrières, du port du masque chirurgical ou  de catégorie 1, de la distanciation physique de 2 m, du lavage des mains et des surfaces entre  autres. La population réunionnaise a toujours répondu présent à nos sollicitations et nous leur  demandons un nouvel effort individuel et collectif,

2) Contrôle des voyageurs, en poursuivant les efforts déjà engagés par l’ARS et la Préfecture, par  un renforcement des contrôles sanitaires aux frontières notamment la détection de toute fraude  préjudiciable à la sécurité sanitaire, Certes, le taux de cas importés est considéré comme faible, mais ne l’oublions pas, ces données ne  sont pas représentatives au vu du faible taux de réalisation des tests RT-PCR par les voyageurs en  sortie de septaine,
 
3) Rapatriements sanitaires sur notre département : nous y sommes favorables pour des raisons éthiques, mais en fixant un seuil et en adoptant une vigilance accrue sur le nombre et les  indications des Evasan pour éviter la saturation de l’organisation sanitaire locale. Nous allons  également solliciter le Ministre des Solidarités et de la Santé pour mettre en œuvre les mesures  adaptées à Mayotte avec les renforts sanitaires humains qui arrivent déjà sur place mais également  l’installation d’un hôpital de campagne comme cela avait été le cas dans le Grand Est en mars 2020  voire le déploiement de bâtiment de la marine comme le Mistral en soutien à nos compatriotes de  Mayotte. Il faudrait que l’État puisse également venir en renfort sur notre département aussi bien  en moyens humains que matériels pour nous permettre d’assumer ce devoir de recours sanitaire  que nous avons dans la zone Océan Indien.

4) Organisation des soins à la Réunion : nous demandons, dans l’intérêt de nos patients, que les  déprogrammations soient les plus tardives possibles et les plus limitées possible en concertation  avec les professionnels de santé prenant en charge le patient.

5) Recours à la vaccination pour les populations actuellement concernées, et qui sont de surcroît  les plus vulnérables, susceptibles de faire des formes graves.

L’URML OI souhaite apporter tout son soutien à l’ensemble des médecins libéraux et hospitaliers  œuvrant au quotidien dans des conditions difficiles depuis un an pour répondre aux besoins de la  population durant cette crise sanitaire qui risque de s’aggraver.

L’URML OI souligne l’importance du rôle du médecin traitant dans la parcours des patients Covid+ ou non  et recommande à la population de prendre contact avec son médecin habituel pour tout conseil  (dépistage, isolement vaccination, … ).

Nous comptons sur la population réunionnaise pour suivre les recommandations médicales et sur les  autorités sanitaires afin d’éviter ce qui pourrait se transformer en catastrophe sanitaire.

Dr Christine Kowalczyk,

Présidente de l’URML OI

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1 Commentaires
Missouk
Missouk
3 ans

Ce sont les médecins qui s'inquiètent. L'ARS (on a encore vu le docteur CHIEZE hier sur un plateau télé) n'a pas l'air, elle, de s'affoler beaucoup!