Intervention de la députée Karine Lebon

Débat sur les moyens de remédier aux effets de l'épidémie de Covid-19 sur la jeunesse

  • Publié le 4 mars 2021 à 17:21
  • Actualisé le 4 mars 2021 à 17:26

Le constat est unanime : la jeunesse est particulièrement mise à mal par la crise sanitaire et, en l'absence de mesures urgentes et robustes, elle risque d'en subir les conséquences pendant longtemps. Si la situation est particulièrement périlleuse pour les jeunes adultes de moins de 30 ans qui ne vivent plus chez leurs parents, la crise vient révéler une terrible réalité française : la moitié des pauvres sont des jeunes. (Photo d'illustration rb/www.ipreunion.com)

Les étudiants sont loin d’être épargnés et le fait qu’ils soient chaque jour si nombreux à attendre un colis alimentaire a surpris et choqué. Mais s’y ajoute ce que l’on ne voit pas, ou moins : les difficultés psychologiques, la peur de l’avenir, la solitude aggravée par l’éloignement – je pense particulièrement à ceux qui viennent des outre-mer – et même l’abandon des études quand la lutte contre la précarité mobilise toute l’énergie et toute l’intelligence. Ce tableau, étayé par d’innombrables témoignages, est la preuve du caractère obsolète du système des bourses – dont je rappelle que 40 % des bénéficiaires doivent travailler – et de l’insuffisance des dispositifs actuels.

Personne ne comprend donc que le Gouvernement rejette systématiquement les pistes qui lui sont présentées : vous avez dit non au RSA jeunes, non au revenu de base à 18 ans, non à l’aide individuelle à l’émancipation et non au revenu étudiant. On sait pourtant que le salariat des étudiants est la première cause d’échec à l’université. Plus que jamais, nous devons trouver les moyens pour que les étudiants puissent se consacrer à leurs études sans être obligés de travailler pour les financer. Un récent sondage montre que la société dans son ensemble souhaite un tel progrès.

Ma question porte d’abord sur l’urgence sociale : quand un dispositif clair et ciblé sera-t-il créé pour répondre à la détresse des étudiants ? Et de manière plus durable, allez-vous dire oui à la création d’une allocation d’autonomie accessible à tous et d’un véritable statut social pour les jeunes en formation ? La jeunesse, l’avenir de notre nation, attend vos réponses, madame la ministre, madame la secrétaire d’État.

Réponse de Madame Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Il y a plusieurs questions dans votre question. La précarité alimentaire, tout d’abord : il va de soi que le Gouvernement subventionne les associations venant en aide aux étudiants. Partout où les gens veulent aider, nous les accompagnons pour le faire. Si les épiceries sociales et solidaires, par exemple, sont des lieux aussi importants, c’est parce qu’elles sont animées par les étudiants pour les étudiants, et parce qu’on n’y trouve pas uniquement des produits d’épicerie mais aussi du lien humain et du conseil, ainsi que des étudiants qui encouragent leurs camarades à faire savoir qu’ils ne vont pas bien, qui leur conseillent de se diriger vers les assistantes sociales ou vers les psychologues, et qui les aident à construire leur budget. Ce soutien par les pairs est essentiel.

Plus de 2,5 millions de repas à 1 euro sont désormais servis. Traditionnellement, lorsque toutes les universités sont ouvertes, les restaurants universitaires servent environ 150 000 repas par jour. Actuellement, 100 000 repas sont servis chaque jour alors que les jeunes retournent dans les établissements d’enseignement supérieur à raison d’un jour par semaine en moyenne ; les étudiants qui en bénéficient sont donc beaucoup plus nombreux que ceux qui fréquentent habituellement les restaurants universitaires.

Quant à l’aide globale d’autonomie pour les étudiants, j’ai déjà eu l’occasion de répondre à ce sujet : il faut bien sûr y travailler, mais pour cela il faut d’abord recenser l’ensemble des aides existantes et les rendre claires et lisibles. Il faut également que les critères d’accès soient les mêmes. Les aides actuelles dépendent tantôt des revenus des parents, tantôt non ; elles peuvent être locales ou complétées par des aides des collectivités ou des régions et ne dépendent pas seulement de l’État. Tant que nous ne disposerons pas d’un état des lieux, et tant que nous ne serons pas tous d’accord pour verser au pot commun afin de créer l’aide globale d’autonomie, nous resterons bloqués. C’est la raison pour laquelle je continue de travailler sur ce sujet avec les associations étudiantes.

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2 Commentaires
Missouk
Missouk
3 ans

Oui Madame la députée, il y a la situation gravissime des étudiants, certains évoquent le suicide, qu'il faut règler rapidement. Mais avec ce gouvernement, pas ^sur que le mot "rapidement" soit parfaitement compris!Et il y a la situation spécifiquement réunionnaise. Attendre les vacances scolaires pour coller un couvre-feu à 18 heures, c'est à la limite de la provocation! Je n'ai pas entendu les élus monter au créneau, en particulier ceux du Sud de l'île où les taux d'incidence sont très bas. Curieux...

Sirandane
Sirandane
3 ans

Et nos gramounes, l'isolement total est une bonne chose ? Pourquoi cette discrimination madame la députée ?