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Embouteillages en vue au port, rupture de stocks et augmentation des prix

  • Publié le 9 avril 2021 à 11:55
  • Actualisé le 9 avril 2021 à 11:57

La semaine dernière le Grand Port de La Réunion s'est exprimé dans les médias et a minimisé l'impact attendu à la Réunion, dans les semaines à venir, du blocage de Suez. Un optimisme inquiétant, au vu de la réalité du terrain. (Photo TLF Réunion)

Une question de jours avant de voir le Grand Port de nouveau saturé

En décembre 2020, les professionnels du transport et de la logistique alertaient l’opinion publique sur les menaces que faisaient peser sur La Réunion les milliers de conteneurs vides en souffrance dans l’île. A ce jour, la situation est toujours tendue. Suite au blocage de Suez, le Grand Port de La Réunion déclarait dans la presse la semaine dernière que " La grande majorité du trafic du Grand Port Maritime provient de l’Océan Indien et de l’Asie. Il n’y a aucune raison de paniquer ". Si le nombre de bateaux déchargeant à La Réunion est effectivement majoritairement en provenance de la zone OI et d’Asie, le  volume de conteneurs déchargés lui est en majorité en provenance d’Europe.

Dans ce même média le GPM ajoutait " une grande partie des réapprovisionnements de La Réunion arrive par fret aérien ". Encore une fois, ces affirmations sont fausses puisque le fret aérien est réservé à des produits particuliers supportant le surcoût engendré par ce type de transport. La réalité du terrain c’est que ce sont plus de 4000 conteneurs qui sont attendus en  semaine 15-16. Les professionnels du transport et de la logistique tirent donc de nouveau la sonnette d’alarme et attendent du GPM qu’il propose un plan d’actions pour anticiper les problèmes à venir avec l’arrivée de l’ensemble de ces conteneurs.
 
La mauvaise réputation du Port de La Réunion engendre l’annulation d’escales !

On le voit bien, il y a un réel décalage entre les actions du GPM et ce que demandent les professionnels usagers du port. Ces derniers attendent du GPM qu’il agisse en chef d’orchestre et coordonne plus efficacement les services portuaires. Dans ce contexte de crise, certains navires évitent désormais la Réunion. Pour exemple, le navire SEAMAX GREENWICH initialement attendu le 09 avril 2021, " considérant les contraintes opérationnelles locales et régionales ", a pris la décision de ne pas faire escale à La Réunion. Les contraintes ? Fenêtres d’escales trop courtes pour pouvoir recharger les vides, portiques en panne, congestion portuaire etc… Dans de pareil cas, les marchandises sont déposées dans un autre port de la zone avant d’être re-routées vers notre île moyennant un surcoût. Les conséquences sont alors subies de plein fouet par les importateurs et les consommateurs : retard dans les chaînes de fabrication, produits avariés, rupture de stock et augmentation du prix de ventes des marchandises.
 
Des projets d’agrandissement élaborés unilatéralement et sans aucune concertation

Et c’est dans ce contexte, dans cet imbroglio maritime, et en l’absence de solutions concrètes, pire dans le déni même de l’urgence de la situation, que le GPM s’exprime sur ses projets de développement de la zone arrière portuaire. Des projets dont les professionnels du transport et de la logistique adhérents au syndicat TLF Réunion n’avaient jamais entendu parler avant ces annonces par voies de presse. Ainsi, on apprend que : " La collectivité va mettre à sa disposition un foncier de 15 hectares, qui préfigurera la futur ZAP. Ces terrains permettront de stocker des conteneurs ". Aucun des professionnels du grand Port, pourtant impactés par ces décisions, n’a été informé de cette initiative. S’agit-il d’un effet d’annonce ? Rien n’est confirmé à ce jour. C’est pour ces raisons que le syndicat TLF Réunion demande que les professionnels du Port soient acteurs des décisions du GPM. Il est étonnant de voir que les instances de décision du Grand Port Maritime n’accueillent aucun de ces professionnels !!
 
Cyrille Melchior dans son intervention télévisé a souligné sa volonté d’avoir un port performant. Avant de pouvoir dire que le port fonctionne nous devons mesurer sa performance, comme cela est fait dans d’autres ports européens, au Havre notamment. Aucun indicateur, aucun projet n’est en place en vue de l’amélioration des opérations portuaires. Lassés d’attendre, TLF Réunion et le syndicat GEM-PR ont initié des travaux pour la mise en place d’un comité de pilotage de la performance portuaire qu’ils présenteront très prochainement et auquel il convie le Grand Port Maritime.

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1 Commentaires
Lamêm
Lamêm
2 ans

Il était temps..qu'enfin un article soir publié à ce sujet !