Tribune libre de Bruno Bourgeon

Sophismes et Covid-19

  • Publié le 4 mai 2021 à 12:13

Un peu d'épistémologie ne saurait nuire. Le sophisme est un raisonnement volontairement faux, délibérément conçu pour tromper. Les sophistes étaient ridiculisés par Socrate, Platon, Aristote. (Photo d'illustration AFP)

Les conclusions de l’EMA (Agence européenne du médicament), de l’OMS, de l’ANSM concernant l’Ivermectine, ainsi que les articles qui suivent, sont présentés comme des démonstrations rigoureuses et logiques, mais ce ne sont que des sophismes constitués d’une prémisse vraie ou prétendue vraie, agencée dans un raisonnement séduisant mais erroné, qui ne respecte pas la logique. Les sophismes sont difficiles à réfuter si on ne maîtrise pas les faits et la logique.

Wikipédia décrit 40 sophismes différents. Nos décideurs usent de l’argument d’autorité, argumentum ad verecundiam : l’Ivermectine est inefficace parce que je l’ai décidé, et ce qui n’est pas forcément une vérité au départ, devient ensuite pour toute la presse une " vérité générale admise ", d’ailleurs pas besoin de chercher ou de démontrer, " puisque c’est l’OMS qui le dit ". Ainsi, tout le monde a dit que les masques étaient inutiles, c’était une vérité parce que l’OMS le disait.

Les sophismes les plus utilisés sont ceux de généralisation. Quand il y a plusieurs dizaines d’études favorables et que l’on veut démontrer le contraire, on n’en prend qu’une, on n’en sort qu’une partie pouvant faire croire à une inefficacité, et on affirme que cela ne marche pas en généralisant. Pas besoin d’autres études, puisque cela ne marche pas. Ainsi on a arrêté les étudessur l’Hydroxychloroquine (HCQ) sur une seule étude, que l’on savait erronée, pour balayer les autres. Mme Costagliola de l’Inserm nie l’efficacité de l’Ivermectine en ne citant qu’une étude, et elle généralise.

Il est un sophisme manipulateur utilisé par les agences pour ignorer les résultats : l’utilisation d’une " réserve d’usage ", comme vérité, alors que ce n’est qu’une réserve d’usage, non un fait ou une démonstration. Ainsi, dans l’ambiance de suspicions et de critiques permanentes, les études, les rapports, se terminent quel que soit le résultat, par : " nous constatons ceci, mais cela mérite peut-être plus d’études pour le confirmer ". Ainsi Andrew Hill, défenseur de l’Ivermectine, dit que cela marche à 80%, ce qui n’est pas rien, et termine par la classique formule d’usage. Le sophiste ne retiendra que cette formule : " étude insuffisante, il faut plus d’études pour décider ", lui permettant d’ignorer le résultat même de l’étude. Comme le dit Tess Lawrie dans une interview : " on peut discuter des biais de telle ou telle étude, on peut discuter du niveau d’efficacité entre 75 et 85%, mais ce qui n’est pas discutable c’est l’efficacité elle-même ".

L’ANSM utilise cette réserve d’usage pour affirmer que l’Ivermectine n’a aucune action en prophylaxie. Elle ne cite qu’une étude sur une douzaine, celle de Berehal (41 cas !). Conclusion : " La prophylaxie à deux doses par l’Ivermectine de 300 μg/kg avec un intervalle de 72 heures, a été associée à une réduction de 73% de l’infection par le SRAS-CoV-2 chez les travailleurs de la santé pour le mois suivant. La chimioprophylaxie est pertinente pour endiguer la pandémie.", L’ANSM :  " les auteurs ont conclu que la prise… était associée à une réduction de l’infection ….. Cependant ils ont souligné la nécessité d’obtenir confirmation par des études longitudinales ou interventionnelles ". Seule compte la réserve d’usage, et l’ANSM ajoute l’argumentum a silentio, qui détourne l’attention ou omet (" indifférence vicieuse " selon Mill) : exit l’étude de Carvallo sur 1200 soignants avec 100% d’efficacité, exit l’expérience sur 12 000 employés chez GTFoods avec éradication de l’épidémie dans une entreprise à risque en permanence touchée. Et la presse de reprendre : " c’est inefficace en prophylaxie, c’est l’ANSM qui le dit ". Argumentum ad verecundiam, cité plus haut. Manipulation.

Pourtant les textes prévoient l’utilisation du médicament en cas de " présomption d’efficacité ", sans évoquer une preuve ou un niveau d’efficacité, ce que l’ANSM détourne en ne prenant en compte que la réserve d’usage. De plus, les sophistes sont sans scrupules, cela fait partie de la rhétorique : ils ont donné une RTU (recommandation temporaire d’usage) au Baclofène pour l’addiction alcoolique sans aucune étude scientifique, et d’autres RTU et ATU (autorisation temporaire d’utilisation) récentes sous la foi de 2 études sans preuves d’efficacité et sans tenir compte de la réserve d’usage.

Il y a également le sophisme de Mme Costagliola, avec l’étude in vitro qui " démontre " que cela ne marche pas in vivo. Elle utilise une version de l’argumentum a silentio : il y a un biais dans l’étude in vitro, qui lui permet d’affirmer que cela ne marche pas. Pourtant tout scientifique sérieux sait que l’absence de preuve de l’effet n’est pas preuve de l’absence d’effet. A l’Inserm aussi on devrait savoir cela.

Un autre sophisme largement utilisé par la presse est le reductio ad Hitlerum dont l’HCQ a fait les frais : Trump et Bolsorano défendent l’HCQ ; Trump et Bolsorano sont peu recommandables ; donc l’HCQ n’est pas recommandable : syllogisme.

Il y a les sophismes qui consistent à dénigrer les opposants en s’attaquant aux personnes (argumentum ad personam) plutôt qu’aux faits (ad hominem). Ainsi les médecins qui traitent en première intention sont de mauvais médecins dangereux, pour cela poursuivis par leur Ordre. Ceux qui s’opposent à la doxa officielle sont complotistes ou charlatans profitant de la détresse des citoyens.

L’appel à la peur complète la rhétorique : c’est le faux dilemme, dans lequel une solution est proposée comme seule alternative à une situation effrayante. On balaie les autres alternatives. Il s'agit d'un argumentum ad consequentiam, dans laquelle la conséquence est une peur : " si tu ne vas pas te faire vacciner, tu risques de tuer Mamie ".

Pour terminer, l’argument ultime, argumentum ad ignorantiam : " s’il y avait un traitement qui marche, cela se saurait ", argument du Pr Karine Lacombe. On cache la vérité, puis on affirme qu’elle n’existe pas !

Socrate, Platon, Aristote, où êtes-vous ? Vous avez démasqué en votre temps les sophistes. Ils sont revenus, ils sont partout, formés dans une école où le grand oral est un monument à la gloire du sophisme. Qui dans notre élite pour défendre la vérité et le bon sens ?

Bruno Bourgeon

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2 Commentaires
mékoué
mékoué
2 ans

Présenté avec la présomption d'efficacité officielle, par rapport à la "chloroquine" des vieux qui ne rapportait pratiquement plus financièrement parlant, le "Remdesivir" devant lutté contre la COVID a couté 1 milliard '. Suite au flop constaté à propos de l'endiguement escompté de la maladie, l'avocat F. Di Vizio, spécialiste en procès sanitaire déclarait que le produit a plutôt fait preuve "de présomption d'inefficacité".Exemple et démonstration si besoin était de ce "Sophisme"... Jean de la Fontaine disait là aussi dans ce cadre : Tout flatteur vit aux dépens de ceux qui l'écoute"Hors jeu de mots, la situation est GRAVE, chaque citoyen a l'impératif devoir de se renseigner avant d'adopter quoi que ce soit... il semble que les effets secondaires médicamenteux se manifestent plus particulièrement entre 18 et 24 mois après absorption ''

Ti Léon
Ti Léon
2 ans

Démonstration brillante qui m'incitera à nuancer mes avis.