Tribune libre de Reynolds Michel

Un appel de Kairos Palestine pour mettre fin à toutes les souffrances en Terre Sainte

  • Publié le 31 mai 2021 à 12:20

Kairos Palestion est un mouvement chrétien palestinien représentant toutes les Églises et organisations d'Église (oecuménique). Il s'est fait connaître par un appel lancé à la communauté internationale, aux responsables politiques de la région et aux Églises du monde entier sur leur rôle dans l'aspiration à la liberté du peuple palestinien, en décembre 2009. L'Appel intitulé Un moment de vérité fait écho à une démarche similaire engagée par les Églises sud-africaines au milieu des années 1980, au plus haut sommet de la répression, sous le régime d'apartheid. Dans un texte publié le 14 mai 2021, Kairos Palestine en appelle à la communauté chrétienne du monde entier pour qu'elle agisse selon la justice et qu'elle ose dire la vérité sur la politique et les pratiques d'oppression de l'Etat d'Israël, tout particulièrement à propos de ses violentes attaques contre des Palestiniens à Jérusalem et de ses attaques meurtrières contre la population de Gaza.

- Une diplomatie complaisante envers Israël -

Pour la diplomatie occidentale le dernier cycle de violence a commencé avec les tirs de roquettes du Hamas en direction d’Israël le lundi 10 mai 2021. D’où le soutien de nos chefs D’Etat – de Joe Biden à Angela Merkel en passant par Emmanuel Macron et Boris Johnson ‒ à Benyamin Netanyahou avec la formule bien-connue : " Israël a le droit de se défendre ". Et ce après près de trois jours de combat faisant 126 morts palestiniens et neuf décès en Israël (The Times of Israël, 14 mai 2021). La disproportion de la riposte israélienne aux tirs de roquettes du Hamas est occultée. Le président Emmanuel Macron a tout juste ajouté " sa préoccupation au sujet des populations de Gaza ".

Or, pour Kairos Palestine, " le dernier cycle de violences a éclaté lorsque les forces de sécurité israéliennes ont interdit aux Palestiniens l’accès à l’espace de la Porte de Damas, un endroit où les musulmans avaient l’habitude de se retrouver chaque soir pour la rupture du jeûne du ramadan ". Et ce, " après qu’Israël eut violé le statu quo quand ses forces de sécurité et des colons juifs ont agressé des fidèles musulmans qui priaient et jeûnaient sur l’espace de la mosquée Al-Aqsa, troisième lieu saint de l’islam, et quand des groupes de juifs extrémistes ont été autorisés à s’y rassembler pour célébrer la prise de Jérusalem-Est en 1967. Une véritable provocation ! ".

Dans la foulée de cette mise au point, Kairos  Palestine évoque un autre front de grave tension entre Arabes et Juifs à l’intérieur d’Israël : la menace d’expulsion de plusieurs familles palestiniennes de leur logement au profit de colons israéliens à Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est. Comme le reste de Jérusalem-Est, ce quartier est occupé par Israël depuis 1967, en violation du droit international selon l'ONU. Concernant les menaces d’expulsion des familles palestiniennes qui vivent là depuis des décennies, ce sont les groupes d’entrepreneurs fondamentalistes religieux qui sont à la manœuvre. Ils agissent, avec la complicité des tribunaux israéliens et du gouvernement de Netanyahou, au nom d’une logique d’apartheid qui veut voir Jérusalem-Est redevenir juive. Bref, un vrai plan de nettoyage ethnique visant à vider Jérusalem de ses habitants palestiniens et de tous les non-juifs, précise Kairos Palestine.

- Un État d’apartheid -

Pour Kairos Palestine, " il est essentiel de replacer les tout récents actes de violence dans le contexte bien plus vaste de l’occupation brutale, depuis des dizaines d’années maintenant, des territoires palestiniens avec des politiques, des lois et des pratiques de plus en plus répressives et de plus en plus racistes. Nous ne vous demandons pas de nous croire sur parole : des organisations de la société civile comme Human Rights Watch et la très respectable organisation israélienne de défense des droits humains B’tselem ont déclaré tout récemment qu’Israël est un État d’apartheid ".

Sans approuver, ni justifier, la réponse des factions militaires de Gaza, ni aucun acte de violence, tout en pleurant toutes les vies perdues, Kairos Palestine estime qu’il faut interpréter des actes dans leur contexte : " Gaza est assiégé par Israël depuis plus de 14 ans, et il est grand temps de lever ce siège et de permettre aux gens de Gaza de vivre comme vivent d’autres êtres humains. De plus rien ne peut justifier une réponse aussi scandaleusement disproportionnée que l’est celle d’Israël, qui a tué beaucoup de gens, y compris des enfants, et qui a fait des centaines de blessés. L’incursion sur le terrain à Gaza des forces israéliennes de défense hier va causer encore plus de morts et entraîner la destruction de nombreux bâtiments civils et de nombreuses infrastructures ".

D’où la demande de Kairos Palestine aux Églises et à la communauté internationale " d’appeler les choses par leur nom, de dire la vérité à ceux qui ont le pouvoir, et de se ranger du côté des opprimés. Une diplomatie futile et non exigeante ne fait que renforcer le pouvoir des oppresseurs. Face à une escalade aussi violente, aussi brutale, de simples mots de condamnation ne suffisent pas. Nous n’avons pas besoin d’appels au calme et de déclarations d’Églises pleines de précautions qui se contentent " d’appeler à la paix. Nous sommes face à un nouveau moment de Kairos qui appelle les gens de foi à des actes prophétiques ".

Pour conclure, KairosPalestine lance un appel urgent au Saint-Siège, au Conseil Œcuménique des Eglises à toutes les Églises et à la communauté internationale pour demander que chaque pays assume ses responsabilités et fasse pression sur Israël pour construire avec les Palestiniens une paix durable. Et d’affirmer une fois de plus sa position à l’égard de ses voisins israéliens : “Notre avenir et le leur ne font qu’un : ou bien un cercle de violence dans lequel nous périssons ensemble, ou bien une paix dont nous jouissons ensemble. "

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