170ème anniversaire de l'abolition de l'esclavage

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  • Publié le 20 décembre 2018 à 02:58
  • Actualisé le 20 décembre 2018 à 20:37

Le 20 décembre 2018 marque les 170 ans de l'abolition de l'esclavage. Le 20 décembre 1848, Sarda Garriga proclame l'abolition de l'esclavage à La Réunion qui est encore une colonie française. Chaque année des évènements, des ateliers, des spectacles, des concerts, des kabars sont organisés par les collectivités et les associations. La fête de la liberté est célébrée dans toute l'île et représente un symbole fort pour chacun. Bien ancrée dans la mémoire de La Réunion, c'est l'un des évènements culturels le plus connus. Nous avons interrogé des Réunionnais pour qu'ils s'expriment sur ce que représente le 20 décembre à leurs yeux.

Liberté

En interrogeant les passants sur le 20 décembre,  les premiers mots évoquent souvent la liberté. Tous ont en mémoire l'abolition de l'esclavage "le jour ou not band zancets la perd zot chain'". Il y a 170 ans, Sarda Garriga alors gouverneur de La Réunion, proclame la fin de l'esclavage sur l'île. Les gens ont en mémoire le passé colonial et c'est avant tout aux esclaves que les gens s'identifient. "Faut pas rater cette fête" s'exclame Rudy, pour lui la liberté ne se fête qu'une seule fois, ensuite il y a le devoir de se souvenir et de transmettre l'histoire. Selon le dionysien, le monde dans lequel on vit est égoïste : "maintenant on est beaucoup plus libre et on a réussi à tisser quelque chose de social, on a réussi à se mettre à l'aise à trouver notre place dans la société".

Un évènement culturel

Le 20 décembre est férié dans le département, beaucoup se déplaceront sur les différents évènements organisés. Il y a bien entendu le maloya qui résonnera, Etienne : "Je vais rejoindre des amis, ils organisent un petit concert de maloya, du moringue, on va essayer de représenter les anciens. Un genre de kabar, avec des esclaves et des chaînes, c'est un peu de théâtre". Cette fête de la liberté, rassemble les gens, Stéphane participe lui à un évènement organisé par une association de quartier dans les hauts de Saint-Paul. Il va faire les activités mises en place à cette occasion. D'autres personnes interrogées préfèrent elles, le célébrer plus modestement "Vaut mieux être chez soi pour faire la fête" déclare Julie. 

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Un symbole inter-générationel et universel

L'abolition de l'esclavage est avant tout un symbole. Un sentiment de perte de valeur que fait remarquer Etienne, selon lui il y a de moins de manifestations et pense que la tradition se perd un peu. Une remarque que partage Stéphane "Avec les restrictions budgétaires, il y a moins d'évènements" il nuance cependant "C'est pas pour autant que les Réunionnais ne fêtent pas". Chacun à La Réunion jeunes, moins jeunes, chaque génération considère cette date très importante, et 170 ans après chacun se l'est approprié à sa façon. D'ailleurs tous ne s'accordent pas sur le nom : Fèt Kaf, Fête de la Liberté, Fête du 20 décembre, Abolition de l'esclavage, ce symbole est universel. Ce mélange est à l'image du métissage, un symbole avant tout "La Réunion porte bien son nom. C'est surtout la fête des Réunionnais" conclue Stéphane.

20 décembre 1848 une date historique

Si le 20 décembre symbolise l'émancipation des esclaves à La Réunion, c'est le deuxième Décret d'abolition de l'esclavage qui acte la fin de l'esclavage en France et dans les colonies. Signé le 4 avril 1848, le texte porte deux articles importants :
Article Ier
L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d'elles. À partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront interdits.
Article 3
Les gouverneurs ou Commissaires généraux de la République sont chargés d'appliquer l'ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l'île de La Réunion, à la Guyane, au Sénégal et autres établissements français de la côte occidentale d'Afrique, à l'île Mayotte et Dépendances et en Algérie.

Il faudra attendre la nomination d'un nouveau gouverneur Sarda Garriga le 13 octobre 1848 pour mettre en application ce décret dans la colonie. Après un mois à rencontrer les grands propriétaires terriens, les maîtres, les esclaves et la population, il mène à bien sa mission et décrète l'abolition de l'esclavage à La Réunion le 20 décembre 1848. Si dans les textes l'esclavage est aboli, il faudra plusieurs années pour voir totalement disparaitre cette condition.

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Aujourd'hui plus qu'aucun autre jour, il s'agit de célébrer à la fois la fin de l'esclavage et la fête de la liberté. Tout en se rappellant l'histoire de la Réunion et donc l'histoire des Réunionnais.

jb/www.ipreunion.com

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