Tribunal correctionnel de Saint-Denis

Drame du Moufia : le jeune conducteur condamné à 3 ans de prison ferme

  • Publié le 1 septembre 2015 à 17:02

Le conducteur, accusé d'avoir tué cinq étudiants lors du dramatique accident de la route qui s'était produit au Moufia le 10 décembre 2014, a été condamné à 5 ans de prison, dont 2 ans de sursis. Le jeune homme a présenté ses excuses aux proches des victimes. "Je demande pardon. Je ne voulais faire de mal à personne", a-t-il déclaré au sein du Palais de justice de Saint-Denis, dans une ambiance très pesante rapporte RTL Réunion. Le juge a alourdi les réquisitions du procureur qui avait requis 4 ans de prison dont 3 ans ferme pour homicides et blessures involontaires, conduite sous l'emprise d'un état alcoolique, vitesse excessive et défaut de maîtrise de son véhicule.

Le groupe des 6 victimes, âgées de 18 à 20 ans, avait été fauché le 10 décembre 2014 vers 22 heures alors qu'il se trouvait sur le trottoir d'une avenue en forte pente. Le conducteur auteur de l'accident, un étudiant de 20 ans, a perdu le contrôle de son véhicule en amorçant une courbe.

Le prévenu, John Sinaman, a indiqué à la barre ne jamais avoir vu le panneau de limitation de vitesse. "Je voulais rentrer chez moi", a-t-il simplement indiqué. Aux nombreuses questions posées lors de l'audience, le jeune Saint-Louisien a répondu par des réponses brèves, presque murmurées : "C'est dans votre habitude de rouler comme ça ? [...] Non. [...] Pourquoi rouliez-vous si vite ? [...] Je ne sais pas."

A cause de la vitesse excessive - plus de 100 km/h - le véhicule était monté sur le trottoir, avait percuté un premier arbre, qui l'a dévié vers un second avant de faucher le groupe d'étudiants qui allaient à une station service s'acheter des cigarettes. Les cinq personnes décédées - Julien Lebeau, Wilman Creville, Djawid Aly Mitha, Raphaël Morel et Fabien Calpétard - étaient toutes étudiantes.

Face à l'émotion suscitée dans la salle d'audience, Me Jérôme Maillot, avocat de la famille de Raphaël Morel, a interpellé l'accusé. "Tournez vous vers les victimes pour leur demander pardon", a déclaré le juriste. John Sinaman s'est alors levé et s'est tourné vers les familles des victimes - dont l'étudiante qui a survécu à l'accident - pour s'excuser. "Regarde moi. Je ne te pardonnerais jamais", répond alors le père de Wilman Creville.

Pour ce dernier, la condamnation prononcée par le juge est trop clémente. "Si au moins il y avait une peine valable pour ce jeune là. Je lui aurais peut-être pardonné. Mais la peine n'est pas suffisante pour que je lui pardonne, je suis désolé. Je garderai ça longtemps dans mon coeur. Tant qu'il n'y a pas une loi avec une bonne peine maximale. Il y aura toujours des crimes et des fous sur la route", a-t-il commenté, au micro de RTL Réunion.

Du côté de la famille de Djawid Aly Mitha, la peine est correcte au vu du profil de l'accusé. "Mes clients ne sont pas venus prendre une vie en contrepartie de celle qui a été enlevée. Ils sont conscients que l'auteur de cet accident est un bon garçon, que c'est un acte inconscient dont la gravité est extrême. Ils savent que l'accusé est vivant et qu'il doit se reconstruire. [...] Ils n'étaient pas venus pour la sanction. La peine nous semble juste au regard de la gravité des faits. Elle prend en considération que nous avons affaire à un bon garçon", a commenté Me Mihidoiri Ali.

D'après Me George André Hoareau, avocat du prévenu, cette peine de trois ans feme s'explique par l'attitude de son client depuis le drame. "Le tribunal inclut dans son calcul les remises de peine qui ne vont pas manquer de tomber puisque mon client a un excellent comportement en prison. Son premier souhait est de ne pas interjeter un appel : il a déjà fait 9 mois de prison et il lui reste encore 6 mois pour envisager un aménagement", a relaté le défenseur.

Le 12 décembre dernier, le jeune conducteur a été mis en examen pour homicides et blessures involontaires, conduite sous l'emprise d'un état alcoolique, vitesse excessive et défaut de maîtrise de son véhicule. Il a été placé en détention au centre pénitentiaire de Domenjod, suivant les réquisitions du parquet qui avait mis en avant le "grave trouble à l'ordre public" et "des menaces particulièrement graves de la part des parents de l'une des victimes".

Le drame a causé une très vive émotion dans l'île, suscitant la réaction de nombreuses personnalités, dont celle du préfet de La Réunion Dominique Sorain. Une marche blanche organisée sur les lieux de l'accident avait rassemblé environ 400 personnes. Il s'agit en effet du pire accident de la route depuis le 28 mars 1967 lorsqu'un bus circulant à Saint-Leu (ouest de l'île) avait plongé dans un ravin d'une trentaine de mètres. Dans cet accident 29 personnes, dont 8 collégiens,  avaient été tuées et 31 blessées.

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