Économie - Grandes surfaces

Les prix s'enflamment

  • Publié le 24 mai 2008 à 00:00

C'est une réalité, les prix de l'alimentaire et des produits manufacturés ont sérieusement augmenté depuis le début de l'année 2008. Le chariot-type dans les grandes surfaces classiques comme dans les magasins discount coûte environ 30 ou 40 euros plus cher qu'en 2007. Si, les leaders locaux de la grande distribution refusent pour le moment de s'exprimer sur le phénomène et surtout sur l'éventualité de nouvelles augmentations, les consommateurs commencent à changer leurs habitudes.

La dernière étude de l'INSEE (parue en mai 2008) évoque une hausse des prix à la consommation de 0,8 % sur les trois derniers mois et de 1,9 % entre avril 2007 et avril 2008. Une augmentation certes moins significative sur le papier que dans les faits. Mais les données sont faussées par le cyclone Gamède dont les ravages au plan agricole ont engendré une forte et soudaine augmentation des prix au printemps 2007. Ainsi, en raison de cette catastrophe climatique, les produits frais qui avaient atteint des sommets en avril 2007, ont logiquement baissé de 22,8 % dans les douze mois qui ont suivi, affaiblissant le taux d'inflation pour l'année. L'INSEE constate néanmoins que, " hors produits frais, les prix de l'alimentation poursuivent leur progression ". Une tournure de phrase qui laisse présager le pire pour l'avenir... Sur le territoire national, le cabinet Nielsen Panel et l'Institut national de statistique ont annoncé en effet que les prix à la consommation en France avaient grimpé " de 2,8% sur les douze derniers mois, un record d'inflation depuis mai 1992 " et que " les prix devraient continuer à flamber pendant quelques mois encore " (source : le Figaro). Le distributeur Leclerc prévoit quant à lui une hausse de 4% en 2008.


Des grandes surfaces muettes

Ici, bien moins bavardes, les grandes surfaces rechignent à expliquer comment la crise actuelle va se répercuter dans les rayons. Dans un contexte mondial de hausse des matières premières déjà connu depuis plusieurs mois, la flambée apparaît générale et multifactorielle, provenant notamment du décollage de la consommation de pays émergents et très peuplés tels que l'Inde ou la Chine. Mais la flambée des matières premières peut-elle justifier à elle seule des hausses d'une telle ampleur ? Dans les faits, à La Réunion, la plupart des beurres, des yaourts, des pâtes, des ?ufs, des céréales, des biscottes, des pains de mie, des riz et des jambons ont vu leurs prix s'envoler entre la fin de l'année 2007 et le premier trimestre 2008. Le litre de lait est passé de 0,86 euros en avril 2007 à 1,09 euros en avril 08. L'huile de tournesol coûte actuellement 2,22 euros contre 1,85 euros il y a un an. Quant au jambon (épaule), il vaut 1,60 euros de plus qu'en avril 2007 ! (source : Insee). Les hausses, régulières et constantes, ont été enregistrées tant pour les produits de grandes marques, que pour les marques de distributeurs (MDD). Pour l'heure, le premier rapport de la commission chariot-type de l'Observatoire des prix et des revenus (créé en 2007), paru vendredi 16 mai 2008, donne peu d'éléments d'explication si ce n'est que la situation géographique de La Réunion (fret aérien, octroi de mer, frais d'exploitation) et son statut fiscal dérogatoire impliquent des surcoûts. A cause de ces paramètres, la viande serait ici "20% plus cher en moyenne" , "l'huile plus cher de 15%" et les prix des produits laitiers seraient "30% plus élevés" qu'en métropole. Soit. Concernant l'étude de la marge des distributeurs, la " vraie " question du débat, le rapport nous apprend simplement que "la distribution définit ses marges de manière non homogène" et qu'elle "ne marge généralement pas sur le riz." Fin de la discussion, on n'en saura pas davantage.

Côté consommateurs, les réactions sont variées

Véronique, agent commercial et mère de deux enfants, avoue délaisser depuis un an les hypermarchés "classiques" pour les grandes surfaces discount , le marché forain et les petits commerces de proximité : " Je préfère acheter moins de produits mais de meilleure qualité ailleurs. En outre, je ne paie pas forcément plus cher chez les petits commerçants. Dans un magasin bio par exemple, le prix du jus 100 % fruits reste moins élevé que dans l'hypermarché où j'allais avant. Je me rends en grande surface seulement pour l'eau et les produits d'entretien ". Nadine, technicienne de surface dans les hauts de l'ouest, a remarqué une nette augmentation des prix du lait, classique mais aussi infantile, du beurre, du riz et des pâtes. " Même les produits de nettoyage sont touchés ", déclare-t-elle . En effet, selon le dernier bulletin de l'Insee, la lessive aurait augmenté d'1,20 euros en un an.
À noter que les grandes surfaces discount ont elles aussi augmenté leurs prix


" Avant, il y avait une grande différence entre les tarifs des grandes surfaces "classiques"et les supermarchés discount, aujourd'hui, l'écart s'est fortement réduit ", note Nadine La jeune mère de famille ne change pas foncièrement ses habitudes pour autant. Tout juste privilégie-t-elle aujourd'hui les produits en promotion, placés en tête de rayon, et les marques de distributeur. Sandrine, comptable dans le sud, avait jusqu'alors coutume de faire ses courses à 50 % chez les grandes surfaces "classiques", et à 50 % chez les supermarchés discount. Pourtant, depuis le début de l'année, l'essentiel de ses achats s'effectue dans le magasin discount où elle sélectionne encore les produits les moins chers : " Même là-bas, les prix montent en flèche ", remarque-t-elle. " Avant j'achetais presque les yeux fermés, aujourd'hui, je fais attention. Le prix du jambon blanc au kilo est passé de 15 à 19 euros en quelques semaines à peine ! Mon chariot, à quantité équivalente, vaut entre 30 et 40 euros plus cher qu'en octobre dernier".
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