INSEE

Les ménages inégaux devant l'inflation

  • Publié le 28 avril 2009 à 16:20

La population réunionnaise est inégalement touchée par la hausse de l'inflation et c'est dans le secteur de la grande distribution que les prix ont le plus augmenté depuis 2003. C'est ce qui ressort d'une enquête présentée par l'INSEE ce mardi 28 avril 2009. Pour cette étude, l'institut de la statistique a utilisé deux nouveaux indicateurs sensés "mieux rendre compte de la réalité de l'inflation". Une nouvelle étude devrait être présentée en 2010.

"Ces nouveaux indicateurs doivent mieux rendre compte de la réalité de l'inflation en utilisant l'énorme potentiel de l'indice des prix à la consommation", explique Pascal Chevalier, directeur régional de l'Insee Réunion. L'objectif de cette étude est effectivement d'expliquer les disparités d'inflation au sein des différentes catégories de la population réunionnaise alors que les produits consommés sont les mêmes.

Pour le directeur de l'Insee, "cela dépend de la façon de consommer". Certains privilégient le transport à l'alimentation et d'autres font l'inverse. Sachant que l'alimentation a connu en 2008 une hausse des prix de 8% alors que les transports et la communication ont connu une hausse des prix de 4,9%, les répercussions sur les dépenses peuvent être importantes. C'est pour comprendre ces subtilités que ces deux nouveaux indices ont été mis en place.

D'abord l'indice de la grande distribution mesure l'évolution des prix des produits de consommation courante dans la grande distribution. Les relevés sont effectués au sein des grandes surfaces et des magasins de hard discount. Les produits de consommation courante sont les produits d'alimentation (hors poissons, fruits et légumes frais) y compris les boissons, les produits d'hygiène domestique ainsi que les produits de beauté et d'hygiène corporelle. Cela concerne plus de 300 produits.

L'indice de la grande distribution montre que depuis 2003, l'évolution des prix des biens de consommation courante a été supérieure dans la grande distribution par rapport à toutes les formes de distribution. Les statistiques montrent qu'en 2008, les prix des produits de consommation ont augmenté de 8% dans la grande distribution contre 7,8% dans toutes les formes de distribution. Olivier Fagnot, chef du service statistique à l'Insee, estime que "cet écart en 2008 est dû en partie à une évolution des prix un peu plus forte dans l'alimentaire au niveau de la grande distribution, en particulier sur la viande". Cet écart est plus important sur la période 2004-2008 (15,6% dans la grande distribution contre 15,2% dans tous les points de vente confondus).

Ensuite l'indice catégoriel effectue des mesures par catégorie de ménage, en fonction de l'âge, du revenu ou des catégories professionnelles et sociale des personnes. Pour ce faire, l'Insee croise les données de l'indice des prix à la consommation avec les résultats de l'enquête "budget des familles" de 2006. Résultats de ces mesures, les ménages modestes, les personnes âgées, les familles monoparentales et les familles dites "complexes" sont ceux qui connaissent la plus forte hausse de l'inflation. Les agriculteurs, les ouvriers et, plus surprenant, les cadres ne sont pas épargnés non plus. Ces résultats confirment donc la situation actuelle tout en donnant des chiffres.

Selon les premières données, "les ménages modestes ont subi une inflation plus importante en 2008 que les ménages les aisés". La hausse des prix fluctue entre 2,5% pour le quart des ménages les plus aisés et 3% pour la moitié des ménages les plus modestes. Ensuite, les personnes âgées de55 à 64 ans sont plus durement touchées par la hausse des prix en 2008 (+3,3%) par rapport aux personnes âgées de moins de 35 ans (+2,4%).

L'étude met aussi en exergue le fait que les familles monoparentales ont également subi l'inflation la plus forte en 2008 avec 3,3%. Enfin, les artisans-commerçants-chefs d'entreprise sont les "mieux lotis" en 2008 avec une inflation à 2,3%. Selon l'Insee, ce serait dû au fait que la part d'alimentation dans le budget est plus faible chez cette catégorie que chez les autres (moins de 16%). Mais cela n'explique pas la différence de près de 2 points entre cette catégorie et celle des agriculteurs. A cette question, Pascal Chevalier a reconnu que "cette première analyse n'a pas été plus fouillée pour y répondre".
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