Économie - Groupe Caillé

L'avenir très sombre de Conforama

  • Publié le 2 septembre 2010 à 04:00

Le risque d'une fermeture définitive pèse très lourdement sur Conforama. En grave difficulté financière, l'enseigne ne peut plus respecter le cahier des charges imposé par son franchiseur, le groupe métropolitain Conforama. Les deux dépôts situés à Saint-Pierre et au Port ont fermé il y a quelques semaines. Une décision quant à la poursuite ou non des activités de l'enseigne sera prise dans les prochains jours. "L'avenir de l'entreprise est extrêmement sombre" estime d'ores et déjà Eddie Adékalom, secrétaire général de la fédération commerce de l'UNSA. 62 salariés sont employés dans les deux magasins implantés à Sainte-Clotilde et à Saint-Pierre. L'entreprise appartient au groupe Caille lui-même en difficulté.

Dans le milieu très restreint des magasins d'ameublement, l'information relève du secret de Polichinelle : Conforama va très mal. "Nous avons eu des réunions en interne, on ne nous a pas caché que les affaires n'allaient pas bien du tout" indique un salarié sous couvert d'anonymat. "La franchise devrait être payée à Conforama Métropole depuis avril dernier et cela n'a pas été fait. La direction nous a dit que l'argent a été utilisé pour payer les fournisseurs" ajoute le salarié. "Effectivement, en cas de difficultés financière, la loi oblige les entreprises à respecter des priorités. Les employés doivent être payés en premier, viennent ensuite les fournisseurs et les autres dépenses, comme les sommes dues aux franchiseurs par exemple, arrivent en dernier" explique Eddie Adékalom.

La crise de Conforama remonte à 2004. Les magasins qui appartiennent alors au groupe Dindar sont placés en redressement judiciaire. Ils n'ont jamais réussi à se sortir de leurs difficultés. C'est pourtant en l'état que le groupe Caillé en fait l'acquisition en janvier 2008. "La famille Dindar n'a pas laissé le choix à François Caillé : s'il voulait acquérir les concessions automobiles qu'elle gérait, il fallait qu'il achète aussi toutes les autres sociétés du groupe, Conforma y compris" note Eddie Adékalom.

Depuis, les affaires de l'enseigne n'ont cessé de se dégrader. "Nous en sommes arrivés à un point où les magasins ne peuvent plus faire face à leurs charges" lâche un salarié. Moins radical mais tout aussi inquiet, Fabrice Manique, délégué du personnel CFTC, reconnaît: "Conforama va de plus en plus mal. Nous attendons la décision du tribunal de commerce concernant le groupe Caillé" dit-il. C'est en effet ce mercredi 29 septembre que François Caillé doit se rendre au tribunal pour un nouveau point d'étape concernant la procédure de sauvegarde de son groupe.

Mais l'avenir de l'enseigne pourrait se jouer bien avant cette date. L'administratrice judiciaire a rendez-vous avec le comité d'entreprise (CE) ce vendredi. "Si elle dit que l'entreprise n'est plus viable, s'en est fini de Conforama" note une employée, toujours sous couvert d'anonymat. Elle ne croit plus guère à une relance des activités. "La fermeture des dépôts veut dire que nous n'avons plus de commande et qui dit pas de commande dit aussi pas de vente" déduit-t-elle. "Et de toute façon quel fournisseur pourrait nous faire confiance actuellement, il ne faut pas rêver" soupire encore la salariée.

"Dans cette affaire 62 salariés, et donc 62 familles, vont se retrouver au chômage en raison de la mauvaise gestion de l'entreprise. C'est dramatique" déplore Eddie Adékalom.

A 18 heures ce mercredi, la direction de Conforama n'avait toujours pas donné suite à notre demande d'interview.

Mahdia Benhamla pour
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