Patrons et salariés dans la rue le 10 septembre

"Le BTP est à terre"

  • Publié le 8 septembre 2010 à 12:00

Le 10 septembre prochain, organisations patronales et syndicats des salariés du BTP seront dans la rue pour "tirer la sonnette d'alarme" sur la situation actuelle du secteur. Une situation "jamais vue à La Réunion", tout comme la manifestation unitaire qui aura lieu vendredi. "Le BTP est à terre", lance Jean-Marie Le Bourvellec, président de la FRBTP. "L'Etat, les élus et les collectivités territoriales et les communes doivent immédiatement réagir pour permettre à la branche de se relever. Sinon nous courrons vers la catastrophe, et pas seulement pour le BTP", ajoute le chef d'entreprise. A l'issue du défilé, des motions réclamant une reprise de la commande publique seront déposées en préfecture, au conseil général et au conseil régional. "Nous leur donnons jusqu'au 30 septembre pour organiser une table ronde exceptionnelle et nous présenter une feuille de route des chantiers. Au delà, nous durcirons nos actions", prévient Pierre Savigny, responsable de la CFDT BTP.

Autour de la table, pas moins de 18 syndicats sont réunis, des architectes aux géomètres en passant par les maîtres d'ouvrages, les promoteurs, les chefs d'entreprises et bien sûr les salariés. Des salariés qui sont les principales victimes de la crise que subit actuellement le BTP. En effet, depuis 2008, près de 10 000 emplois ont été supprimés et les perspectives d'ici la fin de l'année ne sont guère réjouissantes. "Les entreprises sont en sureffectif par rapport à leur activité. Si ça continue, ils ne pourront plus garder leur personnel", souligne Franck Legros, responsable de la Capeb.

En effet, en 2 ans, "le taux d'activité dans la branche a chuté de 30%. Des milliers d'entreprises ont disparu. Le chiffre d'affaires prévu pour 2010 est d'1,3 milliards d'euros contre 1,46 milliards d'euros en 2009. Les grands chantiers (Pôle Océan, tram-train, Maison des civilisations, rocade du Tampon...) ont disparu. La construction de logements ne redémarre pas. Il n'y a aucune perspective", détaille Jean-Marie Le Bourvellec. "C'est l'alerte rouge", résume le président de la FRBTP. Ce constat est partagé par l'ensemble des professionnels qui estiment que depuis 2008, "le BTP va mal".

Principaux responsables pointés du doigt, l'Etat, les collectivités territoriales et les communes. "Ils ont le devoir de prévoir et de réaliser les investissements structurants, les aménagements, les constructions publiques et les logements nécessaires au développement économique de La Réunion", explique Jean-Marie Le Bourvellec. "Jusqu'à aujourd'hui, nous avons dû nous contenter d'effets d'annonces. Il faut que ça s'arrête", ajoute t-il.

C'est pour demander aux pouvoir publics "d'agir" que syndicats des salariés et organisations patronales ont décidé de s'unir ce vendredi 10 septembre. "C'est un mariage de circonstance car nous sommes conscients de la crise que subit le BTP", signale Jacky Balmine, responsable de la CGTR BTP. "Mais nous n'abandonnons pas nos revendications syndicales historiques", poursuit-il en faisant notamment référence aux revendications sur les salaires.

Les syndicats s'attendent à être 2 500 à 3 000 à défiler dans les rues de Saint-Denis vendredi. Le rendez-vous est donné à 8 heure 30 au Jardin de l'Etat. Le cortège descendra ensuite vers la préfecture en passant par la rue de Paris. Une fois devant la préfecture, les représentants syndicaux prendront tour à tour la parole. Une motion sera ensuite déposée en préfecture, au conseil général et au conseil régional.

Les signataires du document rappellent d'abord la "situation grave" dans laquelle se trouve le BTP. Ils demandent ensuite "l'organisation rapide, et au plus tard avant le 30 septembre 2010, d'une table ronde exceptionnelle et pertinente sur l'état de la commande publique et sur la programmation de travaux de BTP". "Nous voulons des données précises sur les chantiers qui seront lancés, les dates, et le nombre de salariés qui seront mobilisés", indique Jean-Marie Le Bourvellec. "Une chose est sûre, nous n'attendrons pas jusqu'à décembre pour avoir une réponse. Si rien n'est fait avant la mi-octobre, nous passerons à la vitesse supérieur", prévient Pierre Savigny qui n'exclut pas des blocages.

Mounice Najafaly pour
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