Patronat du BTP - Abandon des grands chantiers

"On s'est foutu de nous"

  • Publié le 9 septembre 2010 à 05:00

Toute la filière du BTP (bâtiment et travaux publics) sera dans la rue le vendredi 10 septembre 2010. Ce sont les multiples annulations de chantiers qui motivent la colère. L'arrêt des projets tram-train et Maison des civilisations sont les dernières remises en cause dénoncées par le BTP. Pourtant, au cours de sa campagne électorale pour les régionales, Didier Robert n'a jamais caché son intention de mettre fin à ces projets. Certes, reconnaissent certains acteurs de la filière, "mais il était impossible de manifester contre un programme électoral". Ils affirment aussi avoir essayé "en vain" de faire pression au plus haut niveau de l'État. "On s'est foutu de nous", déplore un représentant d'une organisation patronale.

"Nous avons écrit un courrier à chaque candidat mais nous ne pouvions pas manifester contre tel ou tel programme de campagne. Nous aurions été accusés d'être partisans. Nous sommes des organisations apolitiques", affirme un membre d'un syndicat patronal. "Mais nous avons tenté de faire pression au plus haut niveau par l'intermédiaire de nos fédérations nationales. On nous a baladé et finalement Didier Robert a pris sa décision", confie t-il. "On s'est foutu de nous", ajoute t-il, résigné.

Pour Jean-Marie Le Bourvellec, président de la FRBTP (fédération réunionnaise du bâtiment et des travaux publics), "il faut dissocier les projets politiques et les projets structurants pour l'île". "L'erreur, lors des dernières élections, a été de transformer des travaux prêts à démarrer en enjeu de référendum", commente t-il. "Il faut qu'une autorité soit mise en place pour que certains projets avancés ne soient pas balayés d'un revers de la main. Le BTP ne doit pas être la victime d'un changement de majorité à la tête d'une collectivité", souligne le responsable syndical.

Ce constat est partagé par l'ensemble des professionnels du BTP présents à la conférence de presse de ce mercredi 8 septembre 2010. Tous souhaitent "tirer la sonnette d'alarme". La construction de logements "est en dessous des espérances", les communes "n'ont jamais appliqué le plan de relance exceptionnel de 300 millions d'euros" mis en place en 2009 et les collectivités "détruisent les chantiers déjà ficelés". "On se moque de nous", lance un représentant syndical.

La principale cible des organisations syndicales et patronales est la Région qui "multiplie les effets d'annonces mais qui ne lance rien". "On supprime les grands chantiers. En 2 ans, 2,2 milliards d'euros de travaux déjà passés en marchés publics ont été complètement arrêtés du jour au lendemain", dénoncent des patrons excédés.

Et le plan de relance de 300 millions d'euros annoncé par Didier Robert ne les satisfait aucunement. "Un vrai plan de relance devrait s'élever à au moins 500 millions d'euros", souligne un chef d'entreprise. " Ce qu'on nous promet, ce sont des miettes. Les entreprises vont s'entretuer pour 300 millions d'euros de chantiers", analyse t-il.

Quant au projet de nouvelle route du littoral sur 6 voies, aucun professionnel interrogé n'imagine un lancement des travaux pour 2013. "Nous connaissons les délais nécessaires pour effectuer des études. Il n'y aura rien avant 2014 ou 2015", explique un représentant syndical. "Et encore, si une nouvelle majorité au conseil régional ne décide pas de supprimer une nouvelle fois ce projet", ironise un professionnel du BTP.

Mounice Najafaly pour
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