Appel à la "révolution" du 7 décembre

Cantona veut faire sauter les banques

  • Publié le 7 décembre 2010 à 05:00

Faire en sorte que le "système bancaire s'écroule", tel est le souhait de l'ancien footballeur professionnel, Eric Cantona. Pour ce faire, il a appelé le 6 octobre dernier à une "révolution sans armes, ni sang". "Parce que visiblement aujourd'hui manifester ne sert plus à rien pour se faire entendre de nos élites dirigeantes et que le pouvoir est tenu par les banques, allons tous d'un seul homme retirer notre argent des banques et fermer nos comptes épargne et pension le 7 décembre 2010", tel est le contenu de son appel. Eric Cantona fera t-il sauter les banques ce mardi ?

L'objectif de cette vague espérée de retraits massifs est de créer ce que les économistes appellent une "panique bancaire". "Lorsque des millions de personnes se rendent à un même moment à la banque pour demander le retrait de leur argent, les banques n'ont pas les liquidités nécessaires pour répondre à la demande. D'où un blocage du système pouvant engendrer une catastrophe économique", explique Philippe Jean-Pierre, professeur d'économie à l'Université de La Réunion. Ce risque a été "réel" à la fin de l'année 2008 avec l'effondrement de la banque Lehmann Brothers.

Cette fois, "le contexte est complètement différent", indique Philippe Jean-Pierre. "En 2008, la crise des subprimes avait engendré une contagion. Là, il s'agit d'un appel militant pour montrer son mécontentement aux banques. Il n'y a pas de crise de confiance", précise t-il. Avis partagé par plusieurs professionnels du secteur bancaire qui estiment l'appel à la "révolution" de l'ancienne gloire de Manchester United est avant tout "un immense buzz".

Un buzz qui a tout de même réussi à faire réagir des membres du gouvernement et des dirigeants du monde bancaire. Le 1er décembre dernier, Christine Lagarde, ministre de l'économie, rappelait que si Eric Cantona était un "grand footballeur", il n'était pas banquier. Le lendemain, 2 décembre dernier, Baudoin Prot, le directeur général de BNP Paribas, avait jugé cet appel "mal fondé" et "insécuritaire".

L'appel à la "révolution" d'Eric Cantona sera t-il suivi ? Sur la page facebook relayant cet appel, près de 38 000 personnes promettent de vider leur compte ce mardi. Environ 29 000 personnes disent qu'elles suivront "peut-être" le mouvement. "Si 30 000 personnes retirent réellement leur argent ce mardi, il faudrait que ces retraits soient effectués dans une zone localisé pour qu'il y ait un impact", insiste l'économiste.

A La Réunion, les professionnels du secteur bancaire sont perplexes. Aucun dispositif particulier n'a été mis en place dans la perspective d'un mouvement suivi. De plus, des "pare-feux" existent pour éviter ces retraits massifs. D'une part, le retrait journalier à un distributeur de billets est plafonné. D'autre part, lorsque l'on retire une somme importante à un guichet, plusieurs jours peuvent être nécessaires avant que l'argent soit disponible.

Par ailleurs, le collectif contre les abus bancaires n'a pas non plus souhaité relayer l'appel militant sur l'île. "Dans le fond l'idée est bonne. Mais aujourd'hui, le paiement de beaucoup de factures se fait par virement. Nous ne voulons pas que le fait de retirer de l'argent mette les Réunionnais en difficulté", justifie Henry Grondin, président du collectif.

Même si Eric Cantona ne sait pas si son appel sera suivi en France, il semble sûr d'une chose : "Le 7 décembre, je serai à la banque", a t-il promis dans une interview accordée au journal Libération. A suivre...

Mounic Najafaly pour
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