Investissement immobilier

Craintes sur l'avenir de la défiscalisation

  • Publié le 22 août 2011 à 06:00

Les jours de la défiscalisation immobilière sont-ils comptés ? C'est la crainte de nombreux professionnels du secteur du bâtiment qui craignent que cette aide à l'investissement immobilier ne subisse un coup de rabot en 2012. Nicolas Sarkozy et son ministre de l'économie, François Baroin, annonceront ce mercredi 24 août 2011 les principales mesures d'économies qui seront inscrites dans le projet de loi de Finances 2012.

"L'heure n'est plus à la dépense publique sans compter", avait affirmé Benoist Apparu, secrétaire d'Etat en charge du logement, lors de sa visite à La Réunion fin juillet. Le membre du gouvernement avait alors déjà préparé les professionnels du BTP à un coup de rabot sur la défiscalisation. Coup de rabot qui pourrait être annoncé le 24 août prochain. François Baroin devra alors présenter au président de la République des "pistes" pour faire des économies afin que la France puisse respecter son engagement de réduction des déficits pour atteindre 3% du PIB en 2013.

SI, pour l'heure, rien n'a filtré à propos des arbitrages qui seront faits, les professionnels du secteur à La Réunion ne cachent pas leur inquiétude. "Il y a forcément des craintes mais on ne sait pas encore à quelle sauce on sera mangé", confie un représentant du monde du bâtiment. Même son de cloche du côté de la Capeb. "C'est une menace que nous prenons au sérieux. Si on touche à la défiscalisation, les investissements vont diminuer et les artisans vont en pâtir", affirme Franck Legros, président de la Capeb.

Du côté de la FRBTP, on veut rester prudent jusqu'aux annonces. "Nous n'avons aucune donnée précise sur les arbitrages qui seront faits. Nous espérons qu'ils ne toucheront pas encore à la défiscalisation après le coup de rabot de l'an dernier", explique Bernard Tillon, secrétaire général à la FRBTP. L'aide avait en effet été réduite de 10% en 2010. Le représentant de la FRBTP estime qu'une nouvelle décision en ce sens serait "catastrophique" pour le secteur. Surtout que le BTP a déjà payé un lourd tribut.

En 2 ans, près de 10 000 emplois ont été supprimés, la construction de logements libres a été divisé par 7 et 800 millions d'euros d'investissements extérieurs ont été perdus. Et ce, notamment à cause de la fin du dispositif Girardin. Si les effets du premier coup de rabot sur la loi Scellier Dom en 2010 n'ont pas été "trop ressentis", les professionnels du secteur craignent qu'un nouveau coup ne provoque la suppression de 3 000 à 5 000 emplois. "Tout le monde est conscient qu'il faut faire des économies mais il faut bien choisir les aides qu'on va diminuer ou supprimer", s'insurge un chef d'entreprise/

Les bailleurs sociaux quant à eux s'inquiètent moins. "Si il doit y avoir un coup de rabot sur la défiscalisation de logements sociaux, c'est davantage sur l'assiette fiscale que le montant de l'avantage fiscal", estime Hervé Gaertner, directeur adjoint de la SIDR en charge de la recherche et du développement. Analyse que partage Philippe Jean-Pierre, économiste. "S'il doit y avoir un coup de rabot, ce sera davantage sur le logement privé".

L'économiste tient à nuancer le risque. "Rien n'indique que la défiscalisation va disparaître", précise-t-il. "Différents rapports indiquent l'intérêt de la défiscalisation pour le développement de La Réunion ces 20 dernières années", rappelle-t-il. Philippe Jean-Pierre voit plutôt une réduction du montant de l'aide à l'investissement. De quelle proportion ? Impossible de le savoir pour l'heure. "Mais si elle est trop importante, les investisseurs n'auront plus d'intérêt à investir spécifiquement à La Réunion et se tourneront vers d'autres territoires. Ce qui signera tout de même la fin de la défiscalisation", commente l'économiste.

Du côté des syndicats de salariés, l'inquiétude est tout aussi grande. C'est notamment du cas de la CGTR BTP où Jacky Balmine juge qu'un coup de rabot sur la défiscalisation serait "dramatique". "Je n'ai jamais été un supporter de ce dispositif. On ne sait pas vraiment où va cette aide. Mais en cette période difficile, tout est bon à prendre pour aider l'économie réunionnaise à se relever. Il faut que la défiscalisation soit maintenue en l'état", martèle Jacky Balmine. "On croyait être au fond du trou. On pourrait tomber encore plus bas", termine un chef d'entreprise du secteur.

Mounice Najafly pour
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