Prix des carburants - Les gérants s'inquiétent des pressions exercées par les pétroliers

"Les petites stations-service risquent de disparaitre"

  • Publié le 6 septembre 2012 à 05:12

Cela fait six jours que les prix des carburants à la pompe sont gelés, faute d'accord entre Etat, Région et pétroliers. Lors de la dernière réunion de négociations ce mardi 4 septembre, les gérants de stations-service étaient pour la première fois invités aux discussions. Ils ont été mis "devant le fait accompli", selon ce que dit Goulamraza Akbaraly, secrétaire du syndicat réunionnais des exploitants de stations-service. Chez ces derniers, l'inquiétude se fait sentir. Alors que l'Etat leur demande de fournir un effort, les pétroliers envisagent de rogner sur leurs marges ou de revoir à la hausse les loyers des stations. A terme, les gérants de stations craignent de devoir licencier et de fermer leurs établissements. "Dans un proche avenir, on risque de se retrouver avec une seule grosse compagnie pétrolière à La Réunion, les petites stations pourraient disparaître, et tout cela aux dépens des Réunionnais", dit Goulamraza Akbaraly.

Alors qu’en métropole, l’Etat et les pétroliers ont décidé tous deux de faire un effort de trois centimes pour atténuer la hausse des prix des carburants à la pompe, à La Réunion, les négociations coincent toujours. Hier, mercredi 5 septembre, il n’y a pas eu de nouvelle concertation, et du côté de la préfecture, on était dans l’incapacité de nous dire quand aura lieu la prochaine réunion de négociations.   

Il faut dire que la situation n’a pas évolué le mardi 4 septembre lors de la réunion entre l’Etat, les pétroliers, et les gérants de stations-service. Conséquence : depuis le 1er septembre, les prix du gazole et du sans plomb sont gelés, alors qu’ils auraient dû augmenter respectivement de cinq et de douze centimes.

Les gérants de stations-service ont pour leur part déploré l’absence des pouvoirs publics, à savoir la Région et les communes, à la table des négociations, alors que ce sont les principaux collecteurs de taxes. "On est le dernier maillon de la chaîne, c’est la première fois qu’on nous invite aux discussions et on nous met devant le fait accompli en nous disant qu’il faut faire un effort", explique Goulamraza Akbaraly, secrétaire du SRESS syndicat réunionnais des exploitants de stations-service. "Comme on l’a expliqué, il nous est impossible de mettre de l’argent sur la table, même pas un centime", rappelle-t-il.

80 gérants de stations-service étaient réunis mardi soir à Saint-Gilles pour faire le point sur la situation. Les pétroliers, qui vendent à perte depuis le gel des prix à la pompe, leur demandent de rogner sur leurs marges pour répercuter le manque à gagner ou pourraient réviser les contrats de location-gérance, puisque l’Etat leur demande de fournir le même effort que leurs homologues en métropole. Mais les pétroliers, jusqu’à maintenant, se disent prêts à faire un effort de 2 centimes, uniquement sur le sans plomb.

Si les gérants de stations-service ont écarté la menace de grève, ils n’excluent pas de mener des "actions ponctuelles", sans toutefois détailler la teneur de ces actions. Ils craignent surtout les conséquences si on rogne sur leurs marges. "Au niveau national, l’idée de mettre 3 centimes sur la table venait de Total. A La Réunion, Total est donc prêt à s’aligner sur cet effort. Mais les autres compagnies pétrolières, comme Engen et Lybia Oil, n’ont pas les mêmes marges de manœuvre. C’est pour ça qu’ils se tournent vers les gérants de stations-service", explique Goulamraza Akbaraly.

"Le problème, c’est que nous, derrière, on a des salariés. On nous enlève une partie de notre marge, on sera contraint de licencier, voire de fermer nos établissements", ajoute le gérant de stations-service. "Au final, les petites stations, qu’on trouve dans les hauteurs de l’île ou dans des quartiers éloignés, risquent de disparaître au profit d’une seule compagnie pétrolière, et aux dépens du paysage économique local et des Réunionnais", poursuit-il. Goulamraza Akbaraly explique en effet que "s’il ne reste qu’une seule compagnie pétrolière, on sera en situation de monopole, et l’Etat n’aura plus à réguler les prix".

Il souligne également que "si les petites stations disparaissent, plusieurs petits fournisseurs vont se retrouver sans emploi". "Ces gens-là viennent nous voir parce que les prix pratiqués en grande distribution ne leur sont pas accessibles. Si les petites stations disparaissent, que vont-ils devenir ?", s’interroge Goulamraza Akbaraly, avant de conclure : "Nous n’en sommes pas encore là, mais c’est vraiment une grande partie de l’environnement économique local qui risque de basculer".

www.ipreunion.com

 

 

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