La réunion sur la grille tarifaire ne donne rien - Déception des professionnels

J-B. Caroupaye : "Les transporteurs vont prendre leur destin en main"

  • Publié le 19 mars 2013 à 06:39

Une réunion de l'observatoire du transport s'est tenue ce lundi 18 mars 2013 à la chambre de commerce et d'industrie de La Réunion (CCIR), sous l'autorité de la préfecture et en présence de Bernard Liebart, président du comité national routier (CNR). Si les transporteurs espéraient engager des discussions sur une grille tarifaire à imposer aux donneurs d'ordre afin d'améliorer la situation des entreprises réunionnaises, ils sont ressortis déçus et mécontents de cette rencontre. En effet, le président du CNR n'a pu leur proposer qu'un simulateur pour calculer le prix de revient moyen d'une prestation de transport. Selon Jean-Bernard Caroupaye, président de la commission transport à la CCIR et président de la FNTR (fédération nationale des transporteurs routiers), "l'objectif aujourd'hui, c'était de parler de la grille tarifaire et trouver un consensus de sortie de crise". "Ce consensus n'a pas été trouvé. On nous dit toujours de privilégier le dialogue, mais je pense qu'à un moment donné, il faut passer aux actes. Je pense que les transporteurs vont se réunir rapidement, prendre leur destin en main, et dans les jours qui viennent, des actions ciblées vont être menées", prévient-il.

A l'issue de la réunion qui s'est tenue ce lundi 18 mars 2013 à la CCIR, c'est un sentiment de colère qui régnait du côté des transporteurs. Alors que ces derniers attendaient des solutions concrètes pour imposer une grille tarifaire aux donneurs d'ordre, le président du CNR (comité national routier) ne leur a apporté que déception, puisqu'il n'a pu proposer qu'un simulateur de calcul des coûts.

"Mon message est très clair : il faut une connaissance très claire des coûts de revient pour pouvoir mettre un prix correct au client. Au niveau du CNR, notre rôle est pédagogique, nous ne pouvons fournir qu'un outil", a répété Bernard Liebart. "Reste à savoir comment on utilise cet outil. Nous sommes en France, et en France, il n'y a pas de contrainte tarifaire dans le domaine du transport. La libre négociation se fait entre le transporteur et le donneur d'ordre, sachant que le transporteur se doit, pour le devenir de son entreprise, de négocier des prix qui lui permettent de dégager une marge", rappelle-t-il.

Le président du CNR a aussi prôné le dialogue. "Pour se comprendre, il faut se parler. Il serait bon aussi de réunir régulièrement un observatoire des transports, au sein duquel plusieurs questions pourront être étudiées", estime-t-il. Il a par ailleurs insisté sur le fait qu'en économie de marché, "le déséquilibre entre l'offre et la demande entraîne des baisses de prix". "Pour rééquilibrer les niveaux de prix et permettre aux transporteurs de réussir à atteindre un équilibre au niveau de leur entreprise, il faudrait peut-être diminuer le nombre de camions", a ajouté Michel Liebart. Répondant aux transporteurs qui lui faisaient remarquer que des milliers d'entreprises étaient en difficulté à La Réunion, il a par ailleurs déclaré : "Quand la gangrène touche un bras, parfois il vaut mieux le couper". Une déclaration qui a provoqué l'indignation des transporteurs. "On fait venir quelqu'un de la métropole pour qu'il nous dise en gros de fermer nos entreprises. On se sent agressé", estime Armand Mouniata, président du collectif pour la défense des travaux publics et du bâtiment.

Les outils et préconisations du président du CNR sont "insuffisants" ou inadaptés à la situation de La Réunion par les transporteurs. A l'issue de la réunion, Jean-Bernard Caroupaye a livré ses impressions : "Je pense que les transporteurs sont mécontents. Sur l'objectif principal, on n'a pas évolué. L'objectif aujourd'hui, c'était de parler de la grille tarifaire et trouver un consensus de sortie de crise parce que nous sommes en crise avec certains donneurs d'ordre. Ce consensus n'a pas trouvé son application à travers le simulateur de la grille tarifaire".

Le président de la FNTR poursuit : "Les uns et les autres nous disent toujours qu'il faut privilégier le dialogue à travers différentes réunions. Mais depuis 2005, on tente d'élaborer un dispositif de pratique sur le coût de revient, et on en a assez du dialogue". Pour lui, "il faudrait à un moment donné passer à l'acte à travers un accompagnement ferme, concret et définitif des représentants de l'Etat qui ont signé la charte de bonnes pratiques applicable dans le domaine du transport".

"Je pense que les transporteurs vont prendre leur destin en main maintenant", indique Jean-Bernard Caroupaye. "Dans les jours qui viennent, des actions vont être menées pour faire entendre raison", prévient-il. Interrogé sur la possibilité de nouveaux barrages, il répond : "Je ne parle pas de barrages, mais peut-être d'actions ciblées sur des chantiers en cours de réalisation, et qui soulèvent un certain nombre d'irrégularités", dit-il. Il envisage ainsi "des actions ciblées sur les pratiques qui sont en dessous du prix de revient qui a été donné par le simulateur certifié par le CNR". "Les transporteurs vont veiller au grain, ils vont faire entendre raison aux responsables concernés", conclut-il.

De son côté, Armand Mouniata estime que la réunion de ce lundi a été "stérile". "Ça n'a servi à rien.  "Les élus doivent prendre leurs responsabilités. Aujourd'hui, il faut mettre en place des réunions novatrices pour trouver des solutions, pas pour nous donner des outils qui ne servent à rien", estime-t-il. "Moi, j'attendais la grille tarifaire. Une grille tarifaire qu'on imposerait à nos donneurs d'ordre. Aujourd'hui, le président du CNR est venu de métropole pour nous dire ce qu'on savait déjà, c'est-à-dire que les donneurs d'ordre ne nous donnent pas la possibilité d'appliquer cette grille tarifaire et que nous n'avons pas la possibilité de la faire appliquer par rapport à la loi", souligne-t-il. Pour Armand Mouniata, les transporteurs doivent désormais se réunir, "mettre les choses au clair sur la table de la préfecture" et "interpeller les députés et sénateurs pour faire comprendre que La Réunion est malade et qu'il est temps de recommencer à travailler ensemble correctement pour la guérir".

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