Au lendemain des législatives

Pierre Vergès (PCR) : "Nous avons commis des erreurs"

  • Publié le 18 juin 2012 à 15:00

Au lendemain des élections législatives, l'heure est désormais au bilan. Si le parti socialiste s'impose avec l'élection de cinq députés sur sept à La Réunion, aucun candidat du parti communiste réunionnais n'est parvenu à se qualifier pour le second tour. Pour le PCR, le moment de la refondation est venu. Pierre Vergès, candidat PCR dans la 1ère circonscription au premier tour des législatives reconnaît que le PCR a commis des erreurs et a maintenant le visage tourné vers la reconstruction du parti. Interview.

- Le parti communiste réunionnais ne sera représenté par aucun député à l'Assemblée nationale. C'est une défaite historique. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?

"Avec inquiétude et regret, mais aussi avec une espérance lucide".

- Avec inquiétude et regret, c'est-à-dire ?

"Avec inquiétude, parce que nous sommes dans une période de crise et de nécessité de la relance de l'activité économique et que le PCR avait de réelles propositions pour les Réunionnais. Et avec regret, parce que nous avons commis un certain nombre d'erreurs. Cependant, dans l'histoire riche et ancienne de notre parti, nous avons déjà commis des erreurs, et cela n'a fait que renforcer notre organisation et lui permettre d'avancer".

- Vous reconnaissez que le PCR a commis des erreurs. Quelles sont ces erreurs ?

"Nous avons manqué de transparence et de rigueur dans les débats internes, ce qui a interpelé l'opinion et a abouti à une contestation de courant. Pour l'opinion, les valeurs du parti, à savoir les valeurs de solidarité, de fraternité, de lutte, n'existent plus ou ont été sérieusement encornées. Notre démarche de rassemblement et d'alliance n'a pas non plus toujours été comprise par une partie de notre organisation, qui pour autant, n'a pas contribué à faire émerger des solutions".

- Un certain nombre d'électeurs et de militants communistes n'ont pas compris l'affrontement entre le PCR et Huguette Bello. Quelle est votre réaction face à cette incompréhension ?

"Je prend acte de cette incompréhension. Ce n'est pas la première fois que ça arrive. Par exemple, quand Paul Vergès a démissionné de son mandat de député en 1987 parce qu'il était en désaccord avec la loi sur la parité sociale, c'est une décision qui n'avait pas été comprise non plus. Je pense que dans le cadre de ces élections législatives, notre communication n'a pas été forcément adaptée à la situation. Il y a eu un manque de transparence, de discipline, de respect et de fraternité. Il faut maintenant en tirer les conséquences".

- Beaucoup disent aujourd'hui que le PCR est mort. Qu'avez-vous à répondre à ça ?

"Ce n'est pas la première fois qu'on dit que le PCR est mort. Et je peux vous assurer que ce n'est pas la dernière fois. Si à chaque fois qu'un parti perd des élections, il est mort, on serait déjà mort à plusieurs reprises".

- Si le parti n'est pas mort, comment envisagez-vous la suite ?

"Il y a désormais des débats qui doivent être menés au sein du parti. Il faut redresser l'organisation, et discuter des conditions de ce redressement à l'intérieur du parti et à l'extérieur du parti. Les bureaux de sections doivent d'ailleurs se réunir pour discuter de la situation du PCR et donner des préconisations en vue du redressement".

- Selon vous, certaines personnalités du PCR seraient-elles nuisibles à ce redressement ?

"Non. C'est un langage excessif qu'il faut condamner. En revanche, chacun devra faire sa critique et son auto-critique, de manière franche, publique, sincère et fraternelle. Ce sont ces valeurs que nous devons retrouver".

Propos recueillis par Samia Omarjee pour
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