Réunion du comité central du parti communiste

PCR - Huguette Bello : le clash

  • Publié le 30 mars 2011 à 02:31

Plus rien ne va entre le parti communiste réunionnais et Huguette Bello. Le clash a eu lieu ce mardi soir 29 mars 2011 lors de la réunion du comité central (CC) du PCR à la Possession. Si la députée-maire communiste de Saint-Paul a fini par accepterl'idée de soutenir la candidature de Nassimah Dindar à la présidence du conseil général, elle a catégoriquement refusé que Joseph Sinimalé, conseiller général de Saint-Paul 4 fraîchement rallié au Modem, soit accepté au sein de la majorité départementale PCR/Alliance, PS, démocrates sociaux. Ne parvenant pas à rallier une majorité du comité central à sa prise de position, Huguette Bello a claqué la porte bien avant la fin de la réunion.

La réunion comité central semblait pourtant s'annoncer sous les meilleurs auspices en termes de sérénité retrouvée. Lundi après-midi, les élus Modem et droite sociale - dont est issue la présidente sortante Nassimah Dindar -, se constituaient en groupe et se donnaient le nom de mouvement des démocrates sociaux de La Réunion (modérés). Dans sa déclaration constitutive, le groupe prenait clairement position contre la politique menée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Il ajoutait que la présidentielle et les législatives de 2012 représentait "un espoir pour les Réunionnais, comme pour tous les Français, d'une nouvelle politique tournant le dos à celle poursuivie par le gouvernement". Difficile de faire plus clair en matière de condamnation de l'UMP. Et donc difficile pour Huguette Bello de continuer à affirmer qu'elle ne pouvait soutenir la candidature "d'une présidente de droite", Nassimah Dindar en l'occurrence.

La députée-maire communiste de Saint-Paul indiquait d'ailleurs, en substance, dès mardi après-midi que ses réticences à l'encontre de la présidente sortante n'avaient plus lieu d'être et qu'elle soutiendrait donc sa candidature.

"En arrivant au comité central ce mardi soir, tout le monde pensait donc que les choses allaient bien se passer. Tout a d'ailleurs bien commencé" relate l'une des participantes au comité central. La discussion a d'abord porté sur les grandes lignes de la politique à mettre en place par la mandature qui commence. "L'unanimité s'est faite sans problème autour de trois grands axes : combattre la politique du gouvernement, atténuer ses effets néfastes par une politique sociale accrue et préparer les échéances de 2012" relate un participant du comité central.

Il a ensuite été question du partage des tâches au sein de l'exécutif du conseil général entre les trois composantes de la majorité. Le PCR/Alliance, le PS, et les démocrates sociaux possédant chacun 11 élus, la décision était prise d'attribuer 5 places de l'exécutif à chaque groupe. "Il reviendra à chaque composante de désigner seule ses représentants sans qu'une autre composante lui impose tel ou tel nom. La seule condition à respecter était de refuser que des postes soient attribués ou non en tenant compte de prochaines échéances électorales locales" relate encore l'une des membres du comité central. "Il a été souligné en effet, que des considérations cantonales et municipales ne pouvaient prendre le pas sur des préoccupations départementales. C'est là que le clash a eu lieu" note la même source.

Huguette Bello a absolument refusé que Joseph Sinimalé soit admis au sein de la majorité. L'ancien maire de Saint-Paul, également ancien président du conseil général et vainqueur dans le 4ème canton saint-paulois face à un candidat soutenu par l'élue communiste, a rallié les rangs du Modem dès son élection dimanche soir. "On a essayé de faire comprendre à Huguette Bello que l'on ne pouvait pas dire que chaque composante doit désigner librement ses représentants au sein de l'exécutif et en même temps mettre son veto sur le nom d'une personne. Ce n'est ni correct, ni respectueux envers ses partenaires" commente un responsable de section, membre du CC.

Rien n'y a fait. Huguette Bello n'en a pas démordu. Elle a finalement quitté la séance en plein milieu d'une intervention de Roland Robert, le maire et conseiller général de la Possession. "Elle était visiblement très en colère. Elle voit en Joseph Sinimalé un adversaire potentiellement dangereux pour les municipales de 2014 et elle ne comprend pas que le PCR ne lui donne pas raison" raconte un participant. "Le problème est qu'on ne peut pas dire aux démocrates sociaux "ne prenez pas M. Sinimalé, mais nous par contre nous avons le droit de désigner qui nous voulons sans que vous ayez votre mot à dire"" remarque le responsable de section. "Tout ne peut quand même pas se décider en fonction des besoins et des attentes d'Huguette Bello" s'exaspère une participante du CC

Pascaline Némazine, adjointe municipale de la députée-maire et nouvellement élue conseillère générale dans le 3ème canton de Saint-Paul, et Emmanuel Séraphin, directeur de cabinet au TCO (communauté d'agglomérations de l'Ouest) ont quitté la réunion en même temps qu'Huguette Bello. Jean-Claude Melin et Gérard Incana, tous deux adjoints de la députée-maire et nouvellement élus conseillers généraux avec le soutien du PCR/Alliance n'étaient pas présents puisqu'ils ne sont pas membres de l'instance politique du parti communiste.

Aucun autre membre du comité central n'a quitté la réunion et tous ont voté la motion finale actant la répartition des responsabilités entre les trois composantes "sans ingérence".

Le ton n'était jamais monté aussi haut entre Huguette Bello et les instances dirigeantes du PCR. Et cette fois le divorce semble définitivement consommé. Mais malgré son coup d'éclat la députée-maire ne semble pas vraiment avoir les coudées franches. À l'issue de son conseil fédéral mardi soir, le PS a annoncé qu'il soutenait la candidature de Nassimah Dindar. Très peu présents politiquement sur Saint-Paul, la querelle autour de Joseph Sinimalé ne présente aucun intérêt pour les socialistes. Si ce n'est celui d'observer d'un ?il amusé les déchirements au sein du PCR en prenant bien garde de ne pas y participer. La députée-maire ne devrait donc obtenir aucun soutien de leur côté.

De même, on voit mal les démocrates sociaux et notamment le Modem se priver de la présence d'un élu supplémentaire, Joseph Sinimalé en l'occurrence, sur simple demande de l'élue communiste saint-pauloise. Selon toute vraisemblance, elle n'a pas grand chose à attendre non plus de la part des conseillers généraux communistes des autres cantons. L'ensemble lui laisse peu de choix.

Peut-être celui de faire boycotter par les trois conseillers généraux saint-paulois l'assemblée plénière du conseil général ce jeudi, jour de vote pour la présidence. Pour être en mesure de délibérer valablement, il faudra atteidre le quorum avec la présence de 33 élus (nombre exact des conseillers de la majorité). "Si elle fait cela, les 16 élus de l'UMP devraient aussi boycotter le vote et la séance ne pourrait avoir lieu. Il faudrait alors qu'elle assume le fait d'avoir fait capoter l'élection avec l'aide des élus UMP qu'elle dit combattre" ironise un membre du PCR.

Le feuilleton devrait sans doute connaître de nouveaux développements d'ici jeudi...


Mahdia Benhamla pour
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