Madagascar

A. Rajoelina se proclame président

  • Publié le 31 janvier 2009 à 00:00

Une nouvelle étape a été franchie dans la crise à Madagascar ce samedi 31 janvier 2009. Le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, s'est autoproclamé président devant plus de 20 000 personnes rassemblées sur la place du 13 mai. Dans le même temps, il a prononcé la destitution de l'actuel président de la République, Marc Ravalomanana. En début d'après-midi, ce dernier n'avait pas encore réagi à ces annonces qui pourraient s'apparenter à une tentative de putsch. Une trentaine de députés anciennement proches de Marc Ravalomanana, des dirigeants de l'opposition, notamment ceux de l'AREMA, le parti de l'ancien président Didier Ratsiraka, ont participé au meeting Andry Rajoelina. En début de rassemblement, des hommes cagoulés circulant à bord d'un 4x4 ont volé la sono déclenchant un mouvement de foule. Des barrages ont ensuite été placés pour empêcher la circulation des voitures. La réunion s'est déroulée dans le calme, mais la situation reste tendue dans la ville. Interrogé par Imaz Press Réunion, Andry Rajoelina a déclaré "pour le moment je n'ai aucune rencontre prévue avec Marc Ravalomanana".

"Le président Marc Ravalomanana s'est rendu coupable de plusieurs actes anticonstitutionnels, il est coupable de haute trahison, coupable d'atteinte aux droits de l'homme, coupable de violences, il ne peut plus gouverner" a lancé du haut de la tribune une juriste proche d'Andry Rajoelina. Avant elle, plusieurs orateurs se sont succédés pour dire leur opposition au président actuel et demander au maire tananarivien de prendre le pouvoir.

Ce dernier s'est donc exécuté. "Désormais c'est moi qui dirige, c'est moi qui prends les rênes. C'est le président actuel qui nous oblige à prendre cette décision. Il est discrédité. Un homme qui fait tirer sur le peuple ne peut pas le gouverner" a-t-il proclamé sous les acclamations de la foule. "Les ambassadeurs et le conseil des Eglises doivent comprendre cela : le pouvoir appartient au peuple. Le peuple soit reprendre le pouvoir" a-t-il ajouté. Il a aussi appelé les agents de la fonction publique de ne pas se rendre sur leurs lieux de travail ce lundi. "Les ministères doivent rester fermés. Les fonctionnaires doivent se lever pour défendre le pays et le peuple". Plusieurs personnalités politiques de l'opposition, souvent proches de l'ancien président Didier Ratsiraka, et des représentants de la société civile sont montées à la tribune pour le soutenir.

Marc Ravalomanana n'avait pas réagi en début d'après-midi samedi à ces déclarations s'apparentant à une véritable tentative de coup d'État. Il poursuivait son tour des provinces entamée vendredi et il serait étonnant qu'il ne réagisse pas à l'escalade dans la crise.

L'armée est officiellement restée sans réaction, mais l'état-major doit se réunir dans la journée sans qu'il soit encore possible de dire qui elle soutiendra. Il semble que les hauts officiers soient partagés sur l'attitude à adopter entre le soutien au président Marc Ravalomanana, de fait démocratiquement élu en janvier 2007, et Andry Rajoelina, soutenu par un mouvement populaire. Les événements devraient se précipiter dans proches heures.
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