Les annonces de N. Sarkozy pour les DOM

Charges exonérées et consultation

  • Publié le 19 février 2009 à 10:00

L'Etat exonérera de cotisations sociales et patronales les revalorisations de salaires que déciderait le patronat Outre-mer (la Guadeloupe, la Martinique, Guyane et La Réunion). Dans le même temps, l'attribution du RSA (revenu de solidarité active) sera adaptée aux DOM. Ces annonces ont été faites par le Président de la République ce jeudi 19 février 2009 vers 23 heures 30 en direct à la télévision. Avant cela, Nicolas Sarkozy avait réuni à l'Élysée les parlementaires et les représentants des collectivités des DOM. Il s'agissait de tenter de désamorcer la crise sociale qui secoue ces départements. Le chef de l'État qui a aussi annoncé la tenue d'états généraux dans les DOM a estimé que "chaque territoire doit se réapproprier son destin".

"Il existe dans ces départements des formes d'exploitation qui ne devraient plus avoir cours aujourd'hui. Nous devons sortir de cette situation inacceptable. Il y a un fossé entre les grands principes et la réalité sociale" a estimé le chef de l'État dans son allocution télévisée. "Je vous propose de changer de méthode" a-t-il ajouté avant d'annoncer "l'exonération de toutes les charges patronales et salariales pour les augmentations de salaires décidées par les entreprises".

Selon les premières indications, la proposition de l'État consiste en un versement pendant deux ans, par le patronat, d'une prime mensuelle exceptionnelle. Cette mesure, qui éviterait à l'Etat de financer directement des augmentations salariales, passe par des exonérations de charges pour les employeurs, ce que le gouvernement refusait jusqu'à présent. "Les règles du RSA seront adaptées aux 110 000 foyers (bénéficiaires outre-mer, ndlr) afin de leur permettre d'approcher les 200 euros" d'augmentation, a également annoncé le chef de l'État.
Ces décisions rejoignent en partie les demandes des grévistes de Guadeloupe et du collectif contre la vie chère à La Réunion qui réclament 200 euros pour les bas salaires et les minima sociaux.

Nicolas Sarkozy a ajouté avoir demandé à la grande distribution d'établir une liste de produits de référence qui seraient vendus à des tarifs approchant ceux de la métropole. Il s'agit de supprimer les écarts de prix "inacceptables" entre les DOM et la France hexagonale. L'allocation logement sera par ailleurs revalorisée afin de permettre aux "27 000 familles" aux revenus les plus modestes "de faire une économie de 50 euros". Les aides au paiement de la cantine scolaires seront augmentées de 20%. Enfin, les baisses du baril de brut seront répercutées "beaucoup plus rapidement" sur les prix des carburants dans les DOM.

L'ensemble de ces annonces répond, toujours en partie, aux revendications des différents collectifs domiens de lutte contre la vie chère et la baisse du pouvoir d'achat.

Nicolas Sarkozy, qui a qualifié la situation dans les DOM de "crise identitaire", a également parlé d'"économie à deux vitesses" et de "paternalisme" générant une inégalité de la répartition des revenus. Il a proposé de lancer la plus grande consultation "jamais réalisée en Outre-mer" sur plusieurs sujets - dont la formation des prix -, sous forme d'états généraux avec tous les acteurs sociaux économiques et politiques. Il lancera personnellement cette consultation en Guadeloupe où il se rendra dès que le calme sera revenu a-t-il dit.

Sur le plan institutionnel, Nicolas Sarkozy s'est dit favorable à la réflexion sur un nouveau "modèle d'organisation". Le choix se fera DOM par DOM. "La décision vous reviendra dans une consultation qui sera organisée dans les départements qui le souhaiteront" a-t-il précisé. À noter que la création d'une assemblée unique dans chaque DOM a longtemps été une revendication forte de la gauche d'Outre-mer et notamment du parti communiste réunionnais. L'idée avait alors été farouchement combattue par la droite locale. "Chaque territoire doit se réapproprier son destin" a encore dit le chef de l'État.

Nicolas Sarkozy a précisé que l'effort supplémentaire de l'Etat serait au total de 580 millions d'euros pour les quatre départements d'outre-mer.

Vers minuit, on apprenait que les élus réunionnais de gauche s'interrogeaient sur la mise en place de ces mesures tout en saluant l'idée de la grande consultation.
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