Développement durable - Une ferme houlo-motrice à Saint-Pierre

L'énergie viendra des vagues

  • Publié le 24 mars 2010 à 03:00

La première centrale capable d'exploiter la force des vagues pour produire de l'électricité devrait jour le jour au large de Saint-Pierre en 2012. Le projet Seawatt pourrait assurer jusqu'à 10 % des besoins énergétiques de La Réunion. Le procédé conçu en Ecosse porte le nom de pelamis. Patrice Galbois, président de la société Seawatt et porteur du projet, a présenté ce mardi 23 mars 2010 cette innovation technologique " résolument tournée vers le développement durable " et " moins intermittente que l'éolien ou le solaire " (Voir aussi l'interview de Patrice Galbois en rubrique "Actualités").

Le projet Seawatt est porté par une société réunionnaise, Corex, et par un actionnaire privé, qui ont créé la société du même nom. La maîtrise d'?uvre est confiée à une société néocalédonienne, la SRP. Tout a commencé par une étude sur le potentiel des énergies marines lancée en 2003. " L'ambition aujourd'hui c'est de véritablement construire une centrale Pelamis qui fonctionne tout de suite. Nous avons une technologie de pointe qui a été étudiée pendant une quinzaine d'années. Elle est opérationnelle " indique le dirigeant de Seawatt.

Patrice Galbois explique le fonctionnement de cette innovation technologique : " Ce sont des boudins d'acier de 200 m de long qui flottent sur la mer. Le mouvement des vagues va faire bouger ces boudins et actionner des vérins hydrauliques qui vont pulser un fluide sous pression. Tout cela va entraîner des générateurs électriques pour produire de l'énergie quotidiennement ".

Ce projet de conversion d'énergie de la houle présente un autre " avantage ", selon le président de Seawatt, qui lui a valu d'être labellisé le 2 mars dernier par le pôle de compétitivité national Capenergies. " Les tubes d'aciers sont vides, nous utilisons cet espace comme capacité de stockage de l'énergie avec la technique de l'air comprimé. Dès que les tubes sont trop pleins, nous lançons une décompression et nous délivrons de l'énergie. Chaque jour, nous pouvons stocker pour chaque boudin jusqu'à 3 heures d'électricité. C'est une véritable innovation. Nous savons qu'il ne s'agit pas seulement de produire de l'énergie, l'enjeu est aussi de pouvoir la stocker " souligne Patrice Galbois.

Cette labellisation intervient quelques mois avant le lancement de la 2e phase du projet, à l'issue des premières études d'impact qui sont en passe d'être finalisées. D'ici le troisième trimestre de 2011, les travaux devraient être amorcés pour une mise en service des 5 premiers boudins d'acier en 2012. Une centrale composée de 30 pelamis devrait d'ici 2015 être installée à 2 km au large de Saint-Pierre (Pointe du Diable). Ce serait la première ferme houlo-motrice de l'île. " Chaque boudin peut produire de l'électricité pour 1 000 foyers sur un an. La mer est une réserve d'énergie considérable ".

Les 5 premiers pelamis coûteront 25 millions d'euros, en partie financés par l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) et par le Grand Emprunt. Un investissement que Patrice Galbois espère compenser par " une baisse du coût énergétique dans les années à venir ", une fois la technologie installée. Les pelamis seront connectés à un câble de 2 km qui permettra le transfert de l'énergie et le rachat par EDF de l'électricité. " Aujourd'hui, un kilowattheure est racheté 15 centimes, 40 pour le solaire et 11 pour l'éolien. Nous espérons rendre le projet Seawatt plus compétitif ".

Le projet intéresse d'ores et déjà les grands groupes. Patrick Bouchard, le directeur du comité stratégique Capénergies est également le président de l'entreprise Hélion, filiale d'AREVA spécialisée dans les technologies de stockage hydrogène. " Le projet a un réel impact en terme d'attractivité pour La Réunion " se réjouit Patrice Galbois.

Les PME réunionnaises pourront également tirer parti de ce nouveau chantier : " 75 % des pelamis seront assemblés et construits localement. La phase de construction va donc créer des emplois. Mais la suite du projet va également créer un vivier d'emplois. Il faudra recruter du personnel pour la maintenance " assure le président de Seawatt (Voir aussi l'interview de Patrice Galbois en rubrique "Actualités").

Annabelle Ovré pour
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