Campagne de protection des oiseaux marins

Enquête sur la migration des pétrels

  • Publié le 27 mars 2010 à 02:30

La campagne de protection des Pétrels de la Réunion vient de démarrer ce jeudi 25 mars 2010. Les premiers échouages de jeunes pétrels sont attendus au début du mois d'avril. L'année dernière, 900 Pétrels ont été recueillis sur une vingtaine de jours au mois d'avril par la SEOR, Société d'études ornithologiques de la Réunion, qui "contribue à la protection des oiseaux et de leur habitat", explique Stéphanie Dalleau, vice-présidente de la Seor. Cette année, 4 Pétrels seront relâchés aux alentours du 15 avril. Ils seront équipés d'une balise Argos de quelques grammes fonctionnant à l'énergie solaire. Elle permettra aux chercheurs du Laboratoire d'écologie marine de suivre leurs migrations et d'en savoir un peu plus sur cet oiseau mystérieux. Cette opération est une première mondiale. Une ligne directe vers la Société d'études ornithologiques de la Réunion, le 0262 20 46 65, est en service pour les personnes qui recueilleraient un oiseau.

Le Pétrel de Barau est une espèce endémique de la Réunion. Il figure sur la liste des espèces protégées. Quant au Pétrel noir, il est classé parmi les espèces en danger critique, il pourrait disparaître d'ici 10 ans. Il ne se reproduit que sur l'île autour du Massif du Piton des Neiges entre 2 300 et 2 2750 mètres d'altitude. "Le Pétrel a deux particularités, il n'existe nulle part ailleurs qu'à la Réunion et c'est l'oiseau qui niche le plus haut au monde. Il s'installe généralement sur des crêtes et des petits plateaux dans les falaises verticales inaccessibles. C'est un peu le dernier marron de l'île. Il a fui les littoraux pour se réfugier loin des hommes et des prédateurs," analyse Stéphanie Dalleau de la Seor.

Pour la Société d'études ornithologiques de la Réunion, la sauvegarde des Pétrels est vitale "pour assurer la survie de cet oiseau mystérieux. Il faut localiser les terriers de reproduction et mettre en oeuvre rapidement une stratégie de contrôle efficace des populations de chats et de rats présents sur les sites de reproduction situés en altitude. Ces animaux opportunistes sont responsables d'une prédation dont l'impact peut être catastrophique pour l'avenir de cette espèce menacée d'extinction".

Les adultes reproducteurs arrivent sur les sites de nidification dès la fin du mois d'août et repartent fin avril. La femelle ne pond qu'un oeuf par an, sans ponte de remplacement, dans les premiers jours de novembre. Chaque année, l'envol des jeunes s'étale de la mi-avril à début mai.

En dehors de la période de nidification, l'espèce quitte la Réunion et effectue plusieurs milliers de kilomètres dans l'Océan Indien. Certains Pétrels ont été observés au large des côtes de l'île d'Amsterdam, le long de l'Indonésie et au large de l'Inde et du Sri Lanka.

"Ces jeunes qui s'envoleront cette année ne reviendront sur l'île que dans 5 ou 6 ans environ, le temps qu'ils achèvent leur croissance et puissent se reproduire. Nous savons peu de choses sur les migrations des Pétrels, les balises Argos nous en apprendront sans doute plus," détaille la vice-présidente de la Seor. Les balises pourraient également avoir un but pédagogique auprès des jeunes réunionnais. "Nous envisageons d'assurer un suivi des migrations des Pétrels dans les écoles via internet et grâce à la géolocalisation" nuance Stéphanie Dalleau.

Une nuisance d'origine humaine intervient à l'envol des jeunes Pétrels en avril. S'élançant pour la première fois de leurs terriers, les éclairages puissants des zones urbaines les attirent. Au lieu de poursuivre leur vol vers la mer, les oiseaux sont attirés vers le sol. Désorientés, ils sont incapables de reprendre leur vol et sont exposés aux prédateurs (chiens, chats et rats). "Les Pétrels naissent dans les montagnes et vivent en mer, la portance et les vents spécifiques à ces zones leur conviennent parfaitement, mais en ville, la portance est trop faible, une fois échoué à terre, l'oiseau ne peut redécoller," explique Stéphanie Dalleau.

Une réflexion sur le parc lumineux est amorcée. "A l'heure des économies d'énergie, investir dans de nouveaux luminaires, moins gourmands en électricité et qui orientent mieux la lumière doit intéresser les collectivités. L'idéal serait d'éteindre les luminaires inutiles," assure la responsable de la Seor.

La Seor conseille aux personnes qui trouvent un oiseau de ne pas le manipuler inutilement, de le mettre dans un carton perforé, à l'abri de la chaleur et des animaux, sans le nourrir et de contacter la Seor au 0262 20 46 65. Si personne n'est disponible lors de l'appel, il est conseillé de laisser ses coordonnés sur le répondeur. L'oiseau sera récupéré et relâché dans les meilleures conditions possibles grâce au réseau de sauvetage (bénévoles + structures relais) opérationnel sur toute l'île.

Chaque année, la Seor recueille environ 2000 oiseaux dont la majorité sont des espèces marines, quelques papangues, merles, tourterelles et autres passereaux.

Annabelle Ovré pour
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