Patrimoine naturel - Journée mondiale de la biodiversité

La Réunion : île aux trésors naturels

  • Publié le 22 mai 2010 à 10:03

A l'occasion de la Journée mondiale de la biodiversité ce samedi 22 mai 2010, Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, a rappelé l'engagement de la France pour relever le défi majeur de la perte de la biodiversité. 10 plans d'action sectoriels sont prévus. Un plan d'action spécifique a été élaboré pour l'Outre-mer. La Réunion, haut lieu de l'endémisme, est un site de valeur planétaire sur le plan patrimonial et scientifique. Elle trouve sa place au sein de l'un des 34 "hot spots" de la biodiversité mondiale.
 D'importants massifs de végétation indigène subsistent (forêts, landes et pelouses d'altitude), occupant encore 30 % de la surface de l'île, indique la Direction régionale de l'environnement.

La Réunion renferme des caractères "exceptionnels" universels. Ils résultent d'un certain nombre de facteurs naturels. La construction de l'île est liée à un volcanisme qui a créé trois massifs dont l'un a disparu pour laisser la place aux deux autres, le Piton des Neiges et le Piton de la Fournaise. L'évolution des massifs à la fois par des effondrements importants et par l'érosion des torrents a créé des paysages remarquables comme celui des trois cirques, Salazie, Mafate et Cilaos. 


Cette combinaison unique de paysages et de nuances climatiques est également à l'origine d'une grande biodiversité. L'île est au carrefour des échanges d'espèces provenant d'Afrique orientale, de Madagascar et de l'Inde, et même des îles du Pacifique. Sur place, les adaptations nécessaires ont fait évoluer beaucoup d'espèces, elles étaient d'origine exotique ; elles sont devenues des espèces endémiques, c'est-à-dire qui n'existent qu'à La Réunion, explique le Parc national.

Sur les 850 espèces végétales indigènes de l'île, 230 strictement endémiques de La Réunion sont actuellement recensées, dont la moitié est menacée. Cette biodiversité se retrouve à tous les étages des milieux naturels, de la savane des Bas jusqu'à la végétation altimontaine. "En comparaison de ces 850 espèces indigènes, plus de 2 000 ont été introduites par l'homme. Parmi celles-ci près de 830 se sont naturalisées (elles vivent maintenant sans intervention de l'homme dans les milieux naturels) et 50 sont devenues des espèces envahissantes majeures, c'est-à-dire menaçant la flore et les habitats indigènes de l'île" prévient le Parc national.

En matière de faune, les oiseaux sont les "plus visibles" indique le Parc national : si 22 espèces ont disparu depuis l'arrivée de l'homme, 18 dont plus de la moitié endémiques, nichent encore à La Réunion. Ils sont parfois rares et menacés, ce qui est le cas de deux grands oiseaux marins : le Pétrel de Barau et le Pétrel noir. Le Pétrel de Barau figure sur la liste des espèces protégées. Quant au Pétrel noir, il est classé parmi les espèces en danger critique, il pourrait disparaître d'ici 10 ans. Il ne se reproduit que sur l'île autour du Massif du Piton des Neiges entre 2 300 et 2 2750 mètres d'altitude. Une nuisance d'origine humaine intervient à l'envol des jeunes Pétrels en avril. S'élançant pour la première fois de leurs terriers, les éclairages puissants des zones urbaines les attirent. Au lieu de poursuivre leur vol vers la mer, les oiseaux sont attirés vers le sol. Désorientés, ils sont incapables de reprendre leur vol et sont exposés aux prédateurs (chiens, chats et rats).

Les espèces d'oiseaux terrestres sont pour la grande majorité indigènes de l'île tel que le Tuit-tuit, menacé de disparition, l'oiseau blanc "Zoizeau Blanc", l'oiseau lunettes vert "Zoizeau vert", le Terpsiphone de Bourbon, ou localement "Zoiseau la Vierge", le Tec-tec, et le Papangue, unique rapace de l'île. Parmi les mammifères, "seules les chauves-souris ont colonisé l'île, et deux d'entre elles sont toujours assez courantes, rejointes depuis peu par la Roussette noire récemment revenue à La Réunion, très probablement amenées par un cyclone" selon les données du Parc national de la Réunion.

Les insectes sont très nombreux et beaucoup restent inconnus des scientifiques indique le Parc naturel. Certaines espèces sont remarquables, mais aussi en danger, comme les papillons Phorbanta et Salamis augustina (la Salamide d'Augustine). C'est aussi le cas de petits reptiles comme le Phelsuma borbonica (Lézard vert des Hauts).

Nombre de ces richesses sont en danger : la communauté scientifique mondiale estime que la moitié des espèces vivantes que nous connaissons pourrait disparaître d'ici un siècle. Les principales menaces qui pèsent sur les espèces sont : la destruction ou la fragmentation des habitats par l'urbanisation croissante, les activités agricoles, les espèces invasives, la surexploitation de certaines espèces, les pollutions, sans compter le changement climatique qui constitue une nouvelle donne dans la recherche de l'équilibre global.

Le plan d'action amorcé par le gouvernement permettra une meilleure prise en compte des changements climatiques et une garantie accrue de la préservation des continuités écologiques. Parmi les actions réalisées dans le cadre du plan d'action patrimoine naturel, on peut citer la création du Parc des Hauts de la Réunion.

Pour rappel, La Réunion est candidate au patrimoine mondial de l'Unesco dans la catégorie "Biens naturels". Le dossier "Pitons, cirques et remparts" sera examiné par le Comité du patrimoine mondial lors de la 34ème session annuelle de l'Unesco à Brasília, au Brésil,
du 25 juillet au 3 août 2010.

Annabelle Ovré pour
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