Fin du projet tram-train

Didier Robert cherche les responsables d'un "échec sans précédent"

  • Publié le 3 juin 2010 à 12:45

Quelques jours après l'annonce de l'abandon du projet tram-train, le 31 mai dernier, Didier Robert a tenu une conférence de presse pour justifier sa décision ce jeudi 3 juin 2010. "Le projet n'était pas faisable financièrement", a t-il martelé. Selon lui, les problèmes de finances étaient connus de l'ancienne majorité régionale qui a mené le projet "sur la base de mensonges, de manipulations et d'une totale opacité". Le président de Région a annoncé qu'il allait saisir "immédiatement" l'inspection générale des finances "sur les conditions du marché et sur les activités menées par la SR21 durant cette période". "Je me réserve le droit de porter cette affaire devant la justice pour une mise en cause de la responsabilité des élus concernés", a t-il indiqué sans citer nommément l'ancien président du conseil régional Paul Vergès, et l'ancien vice-président chargé de la conduite du projet tram-train, Pierre Vergès.

Comme promis, Didier Robert a eu l'occasion de "s'exprimer abondamment" à propos du tram-train ce jeudi 3 juin lors d'une conférence de presse. Cette rencontre avec les journalistes intervient 4 jours après l'annonce de la fin du projet. Une annonce faite en l'absence du président de Région qui participait au sommet France-Afrique à Nice, à l'invitation de Nicolas Sarkozy.

"Je ne pouvais pas refuser une invitation du Président de la République pour un sujet aussi important que la place de La Réunion dans le bassin sud-ouest de l'Océan Indien", a t-il justifié. "Puis ma présence sur l'île n'était pas fondamentale pour signifier à Tram'Tiss la caducité du contrat de partenariat public-privé", a t-il continué. "J'ai néanmoins souhaité faire cette conférence pour expliquer les raisons principales de cette décision et pointer clairement les responsabilités de ceux qui nous ont conduit à cet échec sans précédent", a t-il précisé.

Pour Didier Robert, le constat est simple. "Notre collectivité est dans l'incapacité de financer et de mener à bien la réalisation de ce projet", a t-il souligné en rappelant le coût du projet (1,6 milliards d'euros) et le financement de l'Etat nécessaire pour le fonctionnement du tram-train pour les 40 années à venir (80 millions d'euros par an). C'est la lettre de François Fillon du 27 mai dernier et annonçant que la Réunion ne bénéficierait pas de la dotation ferroviaire qui a définitivement enterré le projet.

Mais pour le président de Région, "cet échec aurait pu être anticipé et donc surmonté". Il évoque notamment une étude de la SR21 de 2002, les analyses financières du cabinet Ressources Consultants Finances et de la Trésorie générale de La Réunion présentées en assemblée plénière. Il met aussi en avant le courrier en date du 30 novembre 2009 dans lequel François Fillon "concluait clairement à l'impossibilité pour l'Etat d'aller au-delà de son engagement financier de départ", selon Didier Robert. "L'ancienne majorité ne pouvait plus ignorer qu'elle n'avait pas les moyens de ce projet et que le dossier comportait encore de très nombreuses incertitudes juridiques et techniques", signale t-il.

"Malgré toutes les alertes, comment l'ancien président a t-il pu engager contractuellement la collectivité?", s'interroge t-il, en faisant référence au contrat signé entre la Région et Tram'Tiss le 2 décembre 2009. "Cette légèreté, cette gestion approximative et irresponsable d'un dossier aussi important, ne pouvait déboucher que sur un accident économique et budgétaire sans précédent", continue t-il. L'ancien maire du Tampon va même jusqu'à parler "d'une man?uvre dilatoire de la part de l'ancienne équipe régionale dans la perspective des élections".

Désormais, Didier Robert estime que "toute la lumière doit être faite sur cette affaire". "Les Réunionnais ont le droit de savoir pourquoi et comment on en est arrivé là. J'ai décidé de saisir immédiatement l'inspection générale des finances sur les conditions du marché et sur les activités menées par la SR21 durant cette période. Je me réserve le droit de porter cette affaire devant la justice pour une mise en cause de la responsabilité des élus concernés", a déclaré le responsable politique.

Le projet tram-train enterré, vient la question des projets qui le remplaceront pour venir en aide au secteur du BTP. "300 millions d'euros ont été débloqués 2 mois après mon élection pour relancer la commande publique", a t-il affirmé. Il a également rappelé que "les réflexions sur le projet de nouvelle route du littoral étaient en cours". Un projet dont la déclaration d'utilité publique devrait intervenir "au 1er trimestre 2011" pour un début des travaux en 2013. Une rencontre est également prévue entre la Région et la Ville de Saint-Denis pour discuter du projet de Boulevard Nord. "Une route du littoral à 6 voies est impossible si nous ne réglons pas le problème de l'entrée dans Saint-Denis", a insisté Didier Robert.

Quant au Trans Eco Express, la collectivité devrait présenter le projet d'ici la fin du mois dans le cadre des négociations du protocole de Matignon. "C'est la SR21 qui s'occupera de l'ingénierie du projet", a annoncé Fabienne Couapel Sauret, vice-présidente chargée de de ce dossier. Selon les premiers éléments, des voies reservées devraient être créées dans certains secteurs, notamment dans "deux pôles d'activités", à savoir la zone Saint-Denis, Sainte-Marie et la zone Tampon, Saint-Pierre, Saint-Louis.

Concernant le protocole de Matignon "pas un euro ne sera perdu", a lancé Didier Robert, en citant la ministre de l'Outre-mer, Marie Luce-Penchard, lors de sa visite sur l'île du 20 au 22 mai dernier. "Les fonds européens ne seront pas perdus", a assuré le président de Région. "J'ai évoqué la question avec le Premier ministre. Il m'a confirmé que la réaffectation des fonds européens était possible à condition que cela concerne un projet de transport en commun en site propre. Ce qui est le cas du Trans Eco Express", a t-il expliqué. Didier Robert a également confirmé qu'il participerait à la table ronde demandée par les syndicats du BTP et prévue le 25 juin prochain.

A la question des éventuelles indemnités qui pourraient être réclamées par Tram'Tiss, Didier Robert répond : "le tram-train étant un projet régional, c'est bien évidemment la Région qui devra régler ces indemnités. Selon la clause suspensive inscrite dans le contrat liant la collectivité au groupement, nous leur devons 16,3 millions d'euros qui s'ajouteront au 49,6 millions d'euros dépensés par l'ancienne majorité en pure perte. Je n'ai jamais entendu parler des 200 millions d'euros évoqués par certains".

Mounice Najafaly pour
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