Grève des agriculteurs

Les usines à l'arrêt

  • Publié le 26 juillet 2010 à 10:00

Près d'une semaine après le début du blocage par les agriculteurs, les usines de Bois-Rouge et du Gol ont cessé de fonctionner depuis ce dimanche 25 juillet 2010. En effet, les tâches de "maintenance" et de déchargement de stock de sucre et de sirop terminées, les machines ont été mises à l'arrêt. Les agriculteurs poursuivent leur mouvement de protestation contre la présence d'un observateur lors de l'étape de prélèvement d'un échantillon de cannes pour analyser sa richesse en sucre. Les négociations n'ont jusque-là rien donné.

Les jours se suivent et se ressemblent devant l'usine de Bois-Rouge. En effet, depuis le mardi 20 juillet dernier, les agriculteurs font le piquet de grève devant la structure, empêchant tout déchargement de cannes. "C'est une perte pour l'usine mais c'est aussi une perte pour nous", note un agriculteur avant d'ajouter, "mais nous ne pouvons pas travailler dans ces conditions là".

Parmi ces "conditions", la présence d'un observateur travaillant pour les usiniers et chargé de contrôler la qualité de la canne. "C'est normal qu'un acheteur contrôle la marchandise qu'il achète", précise Florent Thibault, délégué général du Syndicat des fabricants du sucre à La Réunion.

"C'est vrai", rétorque Patrice Pounoussamy, vice-président à la CGPER. "Mais ces observateurs mettent la pression sur l'opérateur chargé de l'analyse de la richesse de la canne pour que le prélèvement soit fait dans une zone avantageuse pour l'usinier", poursuit-il. Affirmation que conteste Florent Thibault tout en reconnaissant que "quelques observateurs ont pu dépasser leur rôle, mais cela reste marginal".

C'est pour éviter ce genre d'abus que les industriels ont proposé la mise en place d'une charte de "bonne conduite" limitant l'intervention de cet observateur. Une proposition refusée par les syndicats d'agriculteurs. Ils estiment que "la simple présence de ce contrôleur peut provoquer une forme de pression sur l'agent chargé du prélèvement".

"Il y a 4 étapes d'achat de la canne", indique Patrice Pounoussamy. La pesée du camion avec le chargement, le prélèvement d'un échantillon de canne, le déchargement de la canne et la "tare" (c'est-à-dire la pesée du camion à vide pour obtenir le poids net de la canne livrée). "L'observateur ne reste que sur le point de prélèvement. Nous voulons qu'il se déplace sur les 4 zones pour qu'il n'y ait pas de pression sur les différents agents", explique le vice-président de la CGPER. La revendication n'a toujours pas été acceptée par les industriels.

De nouvelles négociations devraient s'ouvrir ce lundi 26 juillet. C'est en tout cas le souhait de chaque partie. En effet, chaque jour de grève porte préjudice aux usiniers et aux planteurs. Jusqu'à aujourd'hui, ce sont plusieurs dizaines de milliers de tonnes de cannes qui n'ont pas été livrées dans les deux usines. Une fois un accord trouvé, la campagne sucrière devrait redémarrer "assez rapidement", assurent les usiniers.

Mounice Najafaly pour
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