34ème session de l'Unesco à Brasilia

Nos "Pitons, cirques et remparts" au patrimoine mondial

  • Publié le 2 août 2010 à 06:30

Après le Maloya, les paysages réunionnais ont été inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco ce dimanche 1er août 2010. Le dossier "Pitons, cirques, remparts" porté par le Parc national a été validé par le 34ème comité du patrimoine mondial de l'Unesco, réuni du 26 juillet au 3 août 2010 à Brasilia. Ces sites ont reçus le label, témoin du caractère "spectaculaire" des forêts et des paysages, mais aussi synonyme d'engagements forts pour assurer la protection de ces espaces et la préservation du "bien" sur la liste du patrimoine mondial. Le Parc national de La Réunion assurera la gestion technique de la zone labellisée et la coordination avec les acteurs locaux.

Le Bien inscrit représente 105 838 hectares, soit un peu plus de 40 % de la surface de l'île. Il correspond au coeur du Parc national, auquel s'ajoutent le Piton d'Anchaing dans le cirque de Salazie, le Piton de Sucre et la Chapelle dans le cirque de Cilaos, la Grande Chaloupe au nord et Mare Longue dans le sud. Les fonds des cirques de Salazie et de Cilaos et la Plaine des Palmistes constituent des zones tampon.

Cette inscription est une chance formidable pour La Réunion qui peut aujourd'hui se prévaloir d'une nouvelle reconnaissance internationale. Et pas des moindres. Notre île rejoint le cercle très fermé des "biens naturels" inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco qui compte à l'heure actuelle plus de 900 sites. Ces sites sont considérés comme uniques et ayant un intérêt majeur pour la planète et la civilisation humaine. Cette inscription devrait également avoir des répercussions positives sur le plan touristique. Des partenariats avec des tour opérator proposant des packs "sites inscrits au patrimoine mondial" pourraient notamment être développés.

Le label Unesco n'apporte pas de réglementation spécifique. Le Parc national doit garantir l'intégrité du Bien, en veillant au respect de la réglementation en vigueur. L'enjeu prioritaire est de résoudre le problème des espèces invasives. En effet, les "Pitons, cirques, remparts" pourraient être retirés du patrimoine mondial si la biodiversité de la faune et de la flore, les espèces indigènes (arrivées avant l'homme sur l'île) animales et végétales, venaient à être d'avantage en péril. Aujourd'hui sur les 230 espèces végétales endémiques (spécifiques à La Réunion), la moitié est menacée. Une "stratégie réunionnaise de lutte contre les espèces invasives" a été validée en mai 2010 par différents acteurs, scientifiques et institutionnels. Concrètement, il s'agira notamment d'éradiquer les espèces exotiques envahissantes, mais aussi de sensibiliser la population.

Autre contrainte qu'impose une telle inscription, l'Unesco régit de façon très stricte l'urbanisation dans les sites classés. Daniel Gonthier, président du Parc national, avait promis de ne pas "sanctuariser" la zone. Le Parc national aura la lourde tâche de respecter les obligations imposées par l'Unesco tout en prenant en compte la nécessité de construire de plus en plus sur une île qui devrait atteindre le million d'habitants à l'horizon 2025.

La 1ère charte du Parc national de La Réunion sera un outil clé pour la gestion de cet espace protégé. Le document devrait permettre au Parc de garantir pour 10 ans la gestion du bien classé, et sera le cadre de référence pour assurer la cohérence des plans de gestion des espaces protégés. Vraisemblablement validé d'ici fin 2010, la charte comprendra un projet de territoire pour le "coeur" du Parc et la zone d'adhésion, des mesures réglementaires et contractuelles pour la zone "coeur" et des orientations à coordonner pour l'aire d'adhésion.

Pour rappel, la France a officialisé la candidature de La Réunion à l'inscription au patrimoine naturel mondial, le 15 mars 2010. Le dossier de candidature de La Réunion dans la catégorie "biens naturels", "pitons, cirques et remparts " est porté par le Parc national de La Réunion.

L'idée d'une candidature des "Pitons, cirques et remparts" de La Réunion au patrimoine mondial de l'Unesco remonte à 2002. Son dépôt officiel au centre du patrimoine mondial de l'Unesco a eu lieu en janvier 2008 après qu'une étude de faisabilité ait conclu début 2006 des chances de succès d'une candidature réunionnaise comme bien naturel. Fin janvier 2009, la candidature de La Réunion avait été repoussée par le comité français de l'Unesco, qui souhaitait donner la priorité aux dossiers des causses des Cévennes et de l'?uvre architecturale et urbaine de l'architecte Le Corbusier.

Marie Trouvé pour
guest
0 Commentaires